Mon empreinte sur le monde…

Ana Gabriel

Avoir de la fougue, c’est bien et ça permet parfois de soulever des montagnes, de relever des défis audacieux, de prendre des risques importants… On m’a quelques fois dit : j’aimerais avoir ta fougue, ta drive… Ça me fait plaisir et ça me flatte mais au fond de moi, je sais que cette énergie vient aussi avec son lot de soucis.

Les attentes sont élevées et la barre est haute quand on nous voit brasser de l’air autant. Les gens ont l’impression qu’on roule toujours à 200 km/h, qu’on peut toujours faire des miracles et livrer l’impossible. Mais pourtant, il est irréaliste de croire qu’on peut être toujours au top de notre forme, de performer autant et d’atteindre de nouveaux sommets si souvent.

Ça épuise aussi, parfois, avoir de la fougue. Certains en abusent, d’autres tentent de l’écraser… Quand c’est naturel, on se bat pour garder sa place, pour faire valoir notre idée qui peut parfois déstabiliser ou faire peur à ceux qui ont une approche plus conventionnelle ou qui ont besoin de peser le pour et le contre plus longuement avant de bouger.

Rien n’est parfait et c’est bien ainsi. Il faut simplement être réaliste et surtout rester soi-même… Prendre du recul parfois pour se recentrer, réaligner le tout pour se sentir bien et valider qu’on est toujours à l’aise dans la situation, que ça nous ressemble comme on dit. Se laisser prendre dans le tourbillon de la vie arrive souvent et c’est important selon moi de prendre des petits moments pour se regarder aller de l’extérieur.

Je pense quoi de ma situation actuelle? Comment je me sens dans l’environnement, avec les gens et avec cette vibe autour de moi? Est-ce que ça résonne en moi de façon positive ou si je vais à l’encontre de qui je suis?

Trop souvent, on laisse la tornade prendre de l’ampleur sans se questionner et on peut en payer le prix. Par le passé, j’ai souvent fait cette erreur et j’ai dû vivre avec les conséquences, sur ma santé mentale et physique et sur ma qualité de vie. C’est si facile de laisser les choses dégénérer car c’est insidieux et subtile, ça n’arrive pas comme un coup de fouet, c’est lent et persistant.

Puis un jour on lève les yeux et on voit l’ampleur des dégâts, on réalise à côté de quoi on est passé durant cette période tumultueuse et on constate souvent que finalement, le jeu n’en valait pas la chandelle. Car se réaliser dans une activité ou un emploi c’est une chose mais passer sa vie à carburer aux défis, au bout du compte, ça apporte quoi? À 75 ans, sur ma chaise berçante, il va me rester quoi de tout cela? Entourer de mes compatriotes du 3e âge dans ma résidence pour personnes âgées, qu’aurais-je comme vie à raconter? Des projets ambitieux ou des rencontres enrichissantes?

Qu’est-ce que je veux laisser comme trace sur le monde, comme marque de mon passage? Je ne suis pas en train d’inventer un vaccin qui changera le monde… Je ne fais que des projets numériques. Est-ce seulement cela qui me définit? Heureusement non… Mais je dois parfois me le rappeler pour regarder autre chose que mon écran.

Et vous, que voulez-vous laisser comme empreinte?

 

Photo : Unsplash | Ana Gabriel

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