Quand les mots résonnent…

William Iven

Hier soir, en surfant sur Facebook (pour ne pas dire en perdant mon temps à regarder des trucs futiles), je suis tombée sur un article d’un quotidien québécois, dont je vais taire le nom, qui relatait la disparition d’une adolescente. L’article en question était accompagné de la photo de profil Facebook de la jeune fille. L’article, concis et peu profond, m’a paru banal compte tenu de la gravité de la situation. Mais ce qui m’a interpellé, ce sont les commentaires laissés par des internautes, au bas de la page.

J’ai été extrêmement troublée par le niveau de jugement gratuit et l’insolence dont faisait preuve certaines personnes. Beaucoup jugeaient sévèrement la photo quelque peu révélatrice de la victime et allaient même jusqu’à attaquer les parents, les traitants d’insouciants et soutenant que cette adolescente avait couru après. Ça m’a jeté par terre… Premièrement, vous ne savez rien de sa vie, vous ne la connaissez pas, pas plus que moi. Mais quand on ne connaît rien, ni d’une situation, ni d’une personne, on se garde d’émettre des verdicts gratuits et non fondés de la sorte. Mais où sont donc rendu le gros bon sens, le respect et l’altruisme?

Deuxièmement, croyez-vous sincèrement que c’est la meilleure chose à faire pour démontrer votre support aux parents qui vivent l’angoisse et le stress causé par la disparition de leur progéniture? C’est vraiment ce que vous avez trouvé de mieux à leur offrir? Peu importe la tribune, à mes yeux, la seule chose à faire dans ces cas-là, est d’apporter empathie et collaboration aux proches. Partager les avis de disparition, garde l’œil ouvert, alerter les autorités si vous jugez avoir trouvé un indice. Mais de grâce, gardez vos basses pensées pour vous. Exprimez-les à votre conjoint si ça vous chante mais ne les déversez pas en complément d’un article, caché derrière un pseudonyme!

Je travaille dans le Web depuis plus de 17 ans et je dois avouer que c’est la portion qui me perturbe le plus dans mon domaine. J’adore l’idée que les gens ont maintenant des moyens plus accessibles de s’exprimer mais je déplore fortement l’abus dans l’usage de ces tribunes publiques qui n’offrent aux innocents qu’un moyen de plus pour déverser leur hargne et leur besoin d’attention. Certains tentent de les faire taire mais on se rend vite compte que ça ne fait qu’alimenter leur plaisir de vomir sur tout et sur rien.

Lorsque ces mêmes gens vivront une situation difficile et liront des messages déplacés et parfois même haineux au sujet de leur malheur, ils réaliseront peut-être à quel point ceci est inutile et parfois dévastateur. Malheureusement, il faut parfois se rendre bien loin pour prendre conscience de l’absurdité des choses. Et je ne souhaite de malheur à personne…

Mais j’aimerais que tous et chacun prennent le temps de penser à l’effet qu’un jugement rapide peut avoir sur des gens qui vivent une horreur comme la disparition d’un enfant. Se mettre dans la peau des autres permet parfois de prendre du recul et de voir les choses autrement.

Je souhaite à toutes les familles qui endurent le l’inquiétude suprême de voir rapidement leur famille à nouveau réunie.

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