Pouvez-vous m’aider?

Montreal

Depuis plusieurs années déjà, je vis un phénomène social assez cocasse. Les gens me parlent… Et quand je dis les gens, je parle bien entendu de ceux que je connais mais aussi étrangement de ceux que je ne connais pas. Des inconnus… Je dis souvent à la blague à mes amis qui assistent à ces événements anecdotiques que j’ai une face de guide touristique.

Encore ce matin, dans les couloirs du métro, un homme m’a arrêté pour me demander son chemin. « Excusez-moi madame, pourriez-vous m’aider en m’indiquant comment me rendre à l’endroit X. »

C’est commun et usuel pour moi maintenant. Et à chaque fois, ça me fait sourire. Car nous étions une dizaine de personnes à passer à ce moment-là près de cet homme et il a fallu que je sois l’heureuse élue.

Bien sincèrement, ça ne me dérange pas le moins du monde et je trouve cela même amusant. Car des fois je suis dans un quartier que je ne connais absolument pas et je dois avouer à cette personne que je suis aussi embêtée qu’elle sur le trajet pour se rendre mais avec un iPhone en poche, on réussit toujours à se débrouiller.

Je me souviens d’une jeune femme, à peine majeure, à la sortie du métro Mont-Royal il y a quelques années, qui semblait tout droit sortie du fin fond de la Côte-Nord et qui devait en être à ses premières heures dans la grande ville. Les yeux écarquillés comme un chevreuil sur la route, elle me regardait l’air de dire : si tu ne m’aides pas, je vais m’effondrer en larme.

La pauvre devait rejoindre ses amis à leur appartement mais elle ne connaissait pas du tout les rues, le quartier, la ville, les sens unique… Bref, elle arrivait de loin. Et je me souviens lui avoir demandé : as-tu le numéro de téléphone de tes amies? Et tout à coup, ses yeux ont brillé. Elle était tellement stressée par sa désorientation qu’elle n’avait pas pensé à cela. Je lui ai prêté mon cellulaire et elle a pu leur parler. Et j’ai marché, rue Mont-Royal avec elle, juste qu’à la rue Mentana, où ses amies sont venues la rejoindre.

Elle doit encore s’en souvenir aujourd’hui elle aussi. Et je me souviendrai toujours de ce moment un peu rigolo car au fond il n’y avait rien de dangereux. C’était simplement une personne vulnérable qui m’a vu dans la foule pressée et qui a probablement senti qu’elle pouvait me faire confiance.

On a tous un quelconque aura, on dégage tous quelque chose autour de nous. Les gens nous regardent et en quelques secondes, ils se font une idée. À voir le nombre de citoyens, touristes et nouveaux arrivants qui m’abordent, je me dis que je dois leur donner une impression d’honnêteté et ça me fait un petit velours.

Comme je fais souvent la blague au bureau : on s’accroche aux petites choses!

Sur ce, je vous souhaite, malgré le froid sibérien, un excellent week-end!

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