Femme et fière de l’être…

Utomo Hendra Saputra

Ce matin, j’ai lu avec beaucoup de perplexité la réplique de la ministre Lise Thériault suite à la tempête qu’a créé sa dernière intervention sur sa position plus égalitaire que féministe… J’ai parcouru les divers articles et chroniques et j’ai réfléchi sur ma propre position et ma perception de la situation actuelle. Et j’ai surtout eu un flashback d’il y a quelques années…

Au début de ma carrière, il y a une quinzaine d’années, j’ai fait partie des gens qui ont dû remplir un formulaire dans le cadre du programme du gouvernement pour l’équité salariale. Certains l’ont rempli, nonchalamment, sans trop s’attarder aux questions probablement. Mais, ce jour-là, j’ai été marqué par une réalité et depuis, c’est inscrit au fer rouge dans mon esprit…

Sur le dit formulaire, où les champs classiques de nom, prénom et occupation se succédaient, il y avait un choix dans une boîte intitulée : Faites-vous partie de l’une des catégories suivantes : –

  • Handicapé
  • Minorité visible
  • Femme

Il n’y avait pas le choix « homme » dans la liste… J’ai compris ce jour –là qu’être une femme, c’est une caractéristique qui se démarque. Être un homme, c’est la norme, c’est la base à partir de laquelle on distingue tout le reste… Et j’ai clairement compris à cette minute précise qu’il y avait encore beaucoup de chemin à faire… Je suis convaincue qu’aujourd’hui, si le même formulaire circulait, on ferait plus attention à la formulation mais au bout du compte, le résultat serait assez similaire.

Je travaille dans un milieu majoritairement masculin et en toute honnêteté je m’y plais grandement. Mais je constate, de mandat en mandat, année après année, qu’il y a peu de femme qui taille leur place dans cette sphère numérique. Manque d’intérêt? Je ne crois pas…

C’est un milieu souvent macho où j’ai fréquemment entendu des propos sexistes et dégradants, comme dans beaucoup de domaine similaire. Est-ce que je monte aux barricades à chaque fois? Non… Pourquoi? Parce que je ne ferais pas long feu… Je ne me laisse pas marcher sur les pieds et j’ai du caractère, ce qui m’a permis de me construire une certaine carapace. Mais quand je repense à ce fameux formulaire qui avait pour objectif de rétablir un équilibre dans les salaires entre hommes et femmes, je me dis que si j’avais coché les 3 cases, je me serais surement sentie petite dans mes souliers… Une exception, une complication…

Être une femme en 2016, ce n’est pas la même chose pour tout le monde et encore moins dans tous les coins du monde. Nous avons la chance ici d’être respectées (généralement) et d’avoir le droit de nous exprimer. Mais ça ne veut pas dire baisser les bras et prendre pour acquis ce que d’autres ont fait avant nous, au risque de leur emploi et parfois de leur vie. Mme la ministre, j’aimerais vous rappeler que si vos fesses sont bien assises sur un siège de ministre, c’est parce que certaines femmes avant vous ont été courageuses et se sont battues haut et fort pour que l’on nous permette de prendre notre place. Ce serait dommage de l’oublier juste parce que le mot féministe vous fait frissonner…

 

Photo : Unsplash | Utomo Hendra Saputra

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