On a tous des moments de doutes ou de réflexion sur notre passé où tout à coup dans notre esprit se pointe la phrase : et si…
Et si j’avais dit telle phrase au lieu de celle-ci, et si j’avais pris telle décision, et si j’avais accepté telle invitation, et si j’avais choisi cette carrière là… On peut élaborer mille scénarios, penser à toutes les possibilités, revisiter et scénariser autrement dans sa tête une situation. Mais la réalité c’est que ça ne changera jamais ce qui s’est passé et qu’on n’a, au fond, aucune idée de ce qu’aurait pu être notre vie si un chemin différent avait été pris. En d’autres mots : on ne vit pas dans un livre dont vous êtes le héros où l’on peut vérifier le dénouement lié à un choix.
J’ai tendance à croire qu’on prend majoritairement les bonnes décisions dans le contexte dans lequel on est à ce moment précis. Parfois, on a l’impression d’être à côté de la plaque mais on finit bien souvent par comprendre que ce détour de vie avait sa raison d’être. Et comme on dit, c’est toujours facile de juger après coup, une fois qu’on connait les conséquences d’un geste ou d’une parole. Mais au moment de s’exécuter, on se fie à notre instinct et au gros bon sens, et on se lance. Advienne que pourra.
Quand on accepte un nouvel emploi, quand on décide de déménager, quand on change de véhicule, notre cerveau roule à plein régime pour imaginer les impacts de notre choix. Pour certains, c’est source d’anxiété, pour d’autres, d’adrénaline. On est comme on est. Mais l’effet destructeur du « et si… » peut gâcher la meilleure décision du monde. Combien de fois des gens de mon entourage ont gâché l’effet positif d’un changement en se torturant à coup de si. Souvent dans sa formule virulente du « oui mais si… »
Très tôt dans la vie, instinctivement, j’ai décidé que je ne vivrais ni dans le passé ni dans les regrets. La vie est ce qu’elle est et je préfère vivre dans le moment présent que de ressasser ce qui est déjà terminé. Je me souviens d’un patron qui m’avait dit un jour : mieux vaut s’excuser que de demander la permission. Et j’ai toujours bien appliqué ce conseil sans anicroche ni représailles. Car au fond, peu importe ce que l’on fait, il y aura toujours des gens pour nous contredire, pour nous juger, pour tenter de nous faire sentir coupable ou pour nous mettre des bâtons dans les roues.
Alors aujourd’hui, j’avance, à ma façon, à mon rythme, avec mes couleurs et mes travers, sans trop regarder en arrière. Il faut dire que quand on s’est analysé sous toutes les coutures en thérapie, on a fait le tour du jardin. Mais j’ai surtout appris à écouter mes tripes, à sentir les choses, à tenter de trouver comment je me sens par rapport à telle possibilité. Car on aura beau inventer tous les gadgets de la terre pour essayer de nous rendre plus efficace, solide dans nos choix et prévoyant, je crois qu’il n’y aura jamais rien de mieux que notre feeling. Lui, il est connecté directement à l’essentiel, au vrai, à nous. Sans détour, sans artifice, notre petite voix intérieure, elle est toujours là, prête à nous guider et nous éviter des soucis.
Et si on décidait de l’écouter pour une fois?
Photo : Unsplash | Dorian Kartalovski