Célébrer, en 2016…

Yoori Koo

Ces jours-ci, nous sommes littéralement bombardés de messages sur la fête des mères : les 10 meilleurs cadeaux pour la fête des mères, les meilleurs brunchs, les endroits à visiter absolument avec votre mères, les 8 choses que vous devez dire à votre mère… Et chaque événement de l’année ou la frénésie numérique placarde nos fils Facebook, il y a toujours une petite voix à l’intérieur de moi qui se dit : ça suffit. On nous prend pour qui?

Avant l’avènement de la technologie qui devait révolutionner notre vie, on était capable de réfléchir tout seul, non? Pourquoi est-ce qu’on sent le besoin de nous infliger mille et un guides pour nous faire sentir coupable? Pourquoi diable tant de sites et de blogues se croient-ils en mesure de nous dire ce qu’on devrait faire lors d’une occasion spéciale? Déjà que les vitrines des magasins, réels eux, nous affichent en plein visage la couleur de la dite fête… Il me semble qu’on pourrait se garder une petite gêne, non?

Les mamans de mon entourage ont toute mon admiration et je ne remets pas en question la nature même de la fête (quoi que, tout comme pour la Saint-Valentin, je me croise toujours les doigts pour que ceux qui m’entourent ne fasse pas l’effort seulement une fois dans l’année pour démontrer leur amour mais bref). Tant qu’à moi, le plus important c’est d’être présent et de dire ce qu’on a à dire, toute l’année, sans retenue, sans attendre, sans se le faire rappeler par Facebook.

Ça me fait penser à la chronique de Stéphane Laporte, samedi, dans La Presse+, qui parlait du phénomène des messages virtuels lors de l’anniversaire de quelqu’un. Aujourd’hui, on reçoit plus de vœux de bonne fête qu’avant mais pour la grande majorité, ils ne seront que des mots sur un écran. En finale, il disait : si vous voulez vraiment surprendre un ami à son anniversaire, appelez-le!

Et derrière ces mots tout simples se cache une réalité profonde : on ne se parle plus. De vive voix je veux dire… On se texte, on s’écrit des courriels, on s’envoie des messages sur Facebook, sur LinkedIn, sur Twitter, on like, on commente, on réagit, on s’offusque… Mais tout cela est virtuel, intangible et surtout, sans nuance.

Combien d’histoires a-t-on entendu sur des messages envoyés à la volée qui avait créé une grosse chicane, car hors contexte, sans émotion, sans sentir la personne qui s’exprime. Moi-même je l’ai vécu à quelques reprises et je me suis juré de toujours attendre d’être en face d’une personne pour avoir des échanges autres que « peux-tu arrêter au dépanneur en passant stp ». Ne pas avoir le non-verbal, le regard, le senti, le timbre de voix, c’est se couper d’une partie de la communication, de l’art verbal et ça peut devenir un piège sournois.

Quand je vois ces gens au restaurant assis face à face qui ont leur téléphone en main… Ça m’attriste, sincèrement. Depuis le jour où j’ai vu ce couple passer toute l’heure du lunch sans se parler, appareil en main, comme s’ils étaient seuls… Ils étaient seuls à deux, un mur virtuel entre eux… Depuis ce jour, je range mon téléphone dès que mon camarade de lunch, mon ami, mon collègue ou quiconque se présente devant moi. Je m’excuse si je dois absolument vérifier mes messages ou l’heure de mon prochain rendez-vous.

Je tente de me contrôler, de rester dans le présent, dans le vrai, dans la réalité qui se déroule autour de moi au lieu de celle qui se joue en ligne, à grands coups de like. Car la vraie vie, c’est celle qui se voit avec les yeux, qui se sent, qui se savoure et qui s’entend. C’est elle qui nous touche en plein de cœur par sa beauté, son innocence et sa sincérité.

 

Photo : Unsplash | Yoori Koo

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