Lâcher prise

Josh Adamski

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai beau avoir les meilleures intentions du monde, je demeure quand même une éternelle entêtée et je tente bien souvent de contrôler ma vie au poil près. Malheureusement pour moi, en général, cela se traduit en une insatisfaction car tout le monde le sait, on contrôle bien peu de choses dans la vie et celle-ci nous réserve bien des surprises pour nous le faire comprendre.

Quand on réalise qu’on ne peut changer ni les événements ni les autres et qu’au fond, la seule chose qu’on peut changer, c’est notre façon de les percevoir et de les vivre, on arrive à un stade de lâcher prise. Malgré tout, ce n’est pas parce qu’on y arrive dans une sphère de notre vie que c’est acquis pour le reste. C’est un perpétuel exercice qui exige rigueur et patience. La fatigue, le stress ou toute autre émotion ou condition peut nous influencer et faire en sorte qu’on oublie ce principe de laisser aller.

Prenez par exemple ce rhume estival qui a décidé de se pointer le nez chez-moi cette fin de semaine. Laissez-moi vous dire que j’en ai sacré un coup quand, réalisant que ce n’était finalement pas des allergies qui me faisaient éternuer mais bien un vilain virus, j’ai dû annuler mes plans de course alors que je suis sur une lancée stimulante. Mais même si je tente d’aller courir quand même, je sais pertinemment que je n’y arriverai pas et que je vais simplement m’épuiser plus que je ne le suis déjà. Mon objectif de remise en forme n’est pas pour autant compris, il est uniquement un peu décalé par cette condition de santé temporaire.

J’aurais beau me taper sur la tête et en vouloir à mon système immunitaire de ne pas avoir su combattre ce virus sans me mettre à terre, ça ne changera rien à mon état et je ne ferai qu’entretenir une émotion négative qui risque de retarder ma guérison et ainsi la possibilité de reprendre mon plan d’entraînement. Il n’en demeure pas moins qu’hier, j’ai entretenu l’idée d’aller courir quand même, jusqu’à ce que j’abandonne, blottie dans mon lit à renifler et tousser.

Mais pourquoi gaspille-t-on autant d’énergie à tenter de contrôler sa vie? C’est une question qui me trotte fréquemment dans la tête. Qu’est-il arrivé pour qu’on en devienne à ce point obsédé par certains problèmes nous rendant inefficace et résistant aux changements? J’ai souvent pensé qu’à force de mettre l’emphase sur un désir de manière entêtée, on passe à côté de mille et une opportunités.

Prendre conscience de nos émotions face à ce qui arrive et pouvoir l’exprimer constitue une importante étape dans cette démarche. Comprendre qu’on perd une énergie folle à vouloir atteindre la perfection et à s’acharner sur quelque chose qui, au bout du compte, n’en vaut pas la peine, relève d’une phase cruciale pour un réel lâcher prise. Nos comportements et pensées sont le fruit  de notre éducation, de nos modèles et d’une certaine programmation de notre esprit. Alors si on a pu se forger une telle pensée, on peut très bien la modifier et ainsi se libérer de cette fâcheuse emprise sur notre bonheur.

Finalement, je ne serai peut-être pas en mesure d’aller courir ce soir, encore, mais je préfère y voir ici une opportunité pour me reposer, prendre soin de moi et relaxer dans le moment présent. De toute façon, je ne peux pas changer la situation actuelle, ni le passé d’ailleurs donc je vais en profiter pour méditer à la place et peut-être que mon esprit apaisé saura guérir plus rapidement mon corps enrhumé!

 

Photo : Unsplash | Josh Adamski

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