Ce matin, je lisais la belle Geneviève Pettersen qui s’exprimait sur le site de Châtelaine concernant la perversité du discours de Gwyneth Paltrow et de tout ce que le nouveau livre de la reine du bio a de faux. Titré Tout est simple, cette nouvelle bible de la vie saine et branchée renvoie une image totalement surfaite de la vie supposément facile.
Comme le soulève l’auteure de l’article, il y a quelque chose de purement vicieux derrière ce titre et cette philosophie. On tente de nous convaincre que c’est nous qui n’avons pas adopté le bon mode de vie et qu’en entrant dans le rang de l’actrice, nous gagnerons du temps et atteindrons le bonheur à tout prix.
Je ne sais pas pour vous mais moi, quand je vois une actrice à l’image travaillée qui doit avoir une équipe de 12 personnes derrière pour trouver le bon angle, ça ne me convainc pas sur la simplicité de la vie. Quand tu as les moyens de recommencer 850 fois ta recette pour trouver le meilleur dosage, quand tu as assez d’argent pour acheter une terre complète pour faire pousser tes légumes et te payer les plus grands spécialistes qui surveilleront ta culture bio, quand tu projettes une image de perfection absolue… Bref, quand tu t’appelles Gwyneth, à mes yeux tu n’as pas vraiment de crédibilité pour changer la vie des gens normaux.
Certains diront que je suis jalouse de sa réussite mais ce n’est pas du tout le cas. Je n’envie pas sa vie de rêve car je n’y serais tout simplement pas heureuse. Par contre, ce qui me dérange et que Geneviève Pettersen soulevait aussi, c’est le jugement pernicieux derrière l’image parfaite.
Déjà qu’on se met une pression folle pour réussir dans la vie, qu’on essaie de faire les bons choix, de bien se nourrir, de faire du sport et de ne pas trop tomber dans l’excès quand la vie dérape un peu, d’avoir cette belle blonde qui nous dit que tout est simple, c’est chiant.
Je suis la première à prôner les bonnes habitudes de vie et à dire qu’on est maître de son destin, qu’on peut tous décider de changer et qu’il faut se prendre en main dans la vie mais avec une vision à la hauteur de nos moyens et en fonction de notre réalité. Notre réalité de gens ordinaires qui ont leurs difficultés et un compte de banque qui n’est pas dans les 6 chiffres, mettons…
J’ai beaucoup de misère avec ce discours moraliste venant de gens riches, vous l’aurez compris. Car si Gwyneth avait gagné 30 000 $ par année et travaillait comme adjointe administrative avec un patron vulgaire, elle ne publierait pas des livres de ce genre. Elle n’aurait ni le temps et ni l’énergie de le faire. Et possiblement que certains soirs, elle ferait du Kraft Dinner à ses enfants parce qu’elle n’aurait pas eu le temps de passer à l’épicerie après une journée éreintante au boulot.
Et vous savez quoi? Ça serait ben correct tout ça. Parce ça, c’est la vraie vie, la vraie réalité de beaucoup de gens. Tant mieux, Gwyneth, si tu peux te nourrir de bio seulement et t’offrir le luxe de publier des livres beaux et léchés. Mais ce n’est pas la vraie vie tout ça et non la vraie vie, elle n’est pas simple. Elle est belle, elle est dure parfois, elle est heureuse par moment et surtout, elle est la nôtre et on l’aime comme elle est.
Photo : Unsplash | Roman Kraft