Le bonheur pour soi

Brigitte Tohm

Hier, j’ai vu déferler avec beaucoup de plaisir des images romantiques de cadeaux de Saint-Valentin, de bouquets de fleurs reçus avec émotions, de petits plats concoctés avec amour pour la tendre moitié et surtout, de beaux mots d’amour touchants et sincères. Même si je suis célibataire, je ne fais pas partie de ces gens aigris qui pestent contre cette fête de l’amour, malgré que je décrie son aspect un peu trop commercial.

Les compagnies font des affaires d’or lors de cette fête, surtout pour les retardataires qui dépenseront une fortune pour compenser leur manque d’organisation. Malheureusement, on ne peut rien y faire et, entre vous et moi, j’ai tendance à dire tant pis pour eux… Mais quand je vois la pression mise sur les gens, particulièrement sur les réseaux sociaux, avec les mille et un articles, billets, vidéos, chroniques et autres canaux de diffusion qui vous proposent les MEILLEURS achats pour la Saint-Valentin, je trouve ça dommage. J’aimerais que les auteurs de ces textes et capsules se forcent un peu plus pour offrir des options qui ne demandent pas de sortir sa carte de crédit. L’amour ne requiert pas de reçu…

Ce qui m’a toutefois rendu un peu triste hier c’est de voir des gens qui sont gravement affectés par la solitude lors de cette fête. Je lisais un billet de blogue d’une personne ayant rendu visite à sa mère dans un CHSLD et qui a vu des dizaines de gens seuls, accablés et déprimés par leur isolement. Chaque fois que je vois ce genre d’histoire, je me dis qu’on a beaucoup de misère à s’occuper de nous, collectivement.

J’ai aussi pu constater les témoignages de personnes récemment séparées pour qui cette occasion en est une de souffrance et de frustration, de peine ou de rancune. J’aurais beau m’époumoner à vous dire que le temps arrange les choses, on sait très bien que, quand on traverse ce genre d’épreuve, c’est la dernière chose qu’on a le goût de se faire dire.

Mais, à tous ceux qui sont seuls et qui en souffrent, je vous dirais ceci : prenez le temps de vous aimer. Je sais, ça peut avoir l’air cliché, mais c’est tellement vrai. Il y a de cela des années, je ne pouvais pas concevoir ce qu’était le réel amour car je n’avais pas envers moi-même ce regard doux, cette compréhension, cette compassion que je voyais chez les autres.

Il m’a fallu plusieurs années de thérapie pour semer les graines qui ont faites qu’aujourd’hui, je suis capable de m’accepter comme je suis, d’être moins dure envers moi-même, de pouvoir rire de moi-même et de prendre plus à la légère mes petits travers. Ce chemin a été ardu et parfois décourageant car on ne se rend pas toujours compte qu’on est en train de se construire, on ne voit qu’une immense montagne à gravir et pas le parcours déjà réalisé.

Je crois que l’important est de reconnaître qu’on n’est pas bien, assumer qu’on a du travail à faire sur soi pour pouvoir envisager d’être heureux avec l’autre. La pire erreur est de penser que l’autre viendra combler les vides, compenser pour nos manques. Ça ne peut que générer une relation d’interdépendance ou un rapport utilitaire. Rien de bien séduisant dans tout ça.

Apprendre à trouver le bonheur pour soi, seule, c’est s’enraciner et créer en soi une zone d’amour et de respect qui pourra ensuite être partagée. J’ai souvent dit que lorsqu’on arrive à passer quelques Saint-Valentin seule et heureuse, c’est là qu’on peut croire à une véritable relation d’amour saine, enrichissante et à l’image de qui on est réellement.

Avant de donner de l’amour aux autres, il faut savoir s’en donner à soi-même, avec humilité, considération et patience. Un jour, notre cœur comprend ce que c’est d’aimer et tout à coup, un changement s’opère dans le regard que l’on porte sur soi et sur le monde. Et ce jour-là, le bonheur, il arrive de l’intérieur et rejaillit vers l’extérieur. Et je peux vous garantir que, même seule, vous vous sentirez comblée.

 

Photo : Unsplash | Brigitte Tohm

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