Les sept commandements d’une coureuse Pee-Wee

Bruno Nascimento

Depuis quelques mois déjà, je cours, cinq fois par semaine, selon un programme bien établi par mon entraîneuse, une coureuse aguerrie qui, comme moi, n’était pas destinée à cela si on se fie à ses débuts dans l’âge adulte. Et comme j’ai pu le constater en lisant des témoignages sur des groupes Facebook dédiés à la course, on est loin d’être les seules dans cette situation. Mais la course, quand tu as la piqûre et j’aurais tendance à dire, quand tu commences comme du monde, ça peut devenir une drogue, légale et bénéfique sans réels effets nocifs autres que d’avoir à gérer ton temps en fonction de tes sorties.

Au fur et à mesure de ma progression, j’ai appris, j’ai fait des erreurs, j’ai reculé pour mieux avancer… Et j’avais envie de vous partager mes apprentissages non pas pour vous les éviter à tout prix mais pour que vous sentiez que c’est normal. C’est un peu un passage obligé car c’est en expérimentant qu’on apprend à découvrir quel type de coureur on est au fond de nous. Car la première règle est très importante…

Il n’y a pas qu’un seul type de coureur

Il serait faux de penser qu’il n’y a qu’un chemin pour aller à Rome tout comme il serait complètement farfelu de croire qu’il n’y a qu’une sorte de coureur. J’ai tendance à croire qu’il y a autant de styles que de personnes. Et c’est tant mieux ainsi! À partir du moment où vous êtes conscients que vous ne serez jamais un athlète olympique (à 37 ans, j’aurais été vraiment dans le trouble de croire cela!), vous pouvez trouver votre créneau à vous. Pas celui du voisin, pas celui de l’amie qui veut courir avec vous, pas celui de votre cousin qui court depuis 92 ans… le vôtre. Vous aimerez peut-être plus l’asphalte que la trail, plus les sorties courtes mais intenses versus les longues… Ça vous appartient et dites-vous que vous êtes la seule personne à décider de ce qui fera votre bonheur.

Commence doucement, tu risques de durer plus longtemps

Quand on commence, on est ben motivé… Et ça peut disparaître assez vite! C’est comme dans n’importe quoi, si tu démarres en fou, ça se peut que ça soit juste un feu de paille et que tu finisses assis sur ton divan en te massant les mollets et en te demandant pourquoi tu as eu cette idée folle… La progression est la clé du succès et si, comme moi, ton corps a connu plus la position assise devant un ordi que debout avec des souliers de course, crois-moi, tu auras besoin que ça soit graduel. Et même quand tu auras acquis une certaine cadence, tu devras toujours respecter un certain tempo. Si tu pars en lion, tu finiras en cabochon, la langue à terre, les crampes partout et la déception dans le front.

Donnes-toi le temps

Non, ce n’est pas parce que tu es hyper motivé que ça ira plus vite. Tu seras juste moins enclin à te décourager mais devenir un vrai coureur ça prend du temps. J’étais ben fière de moi quand j’ai couru à -25 cet hiver, quand j’ai couru dans la slush, la neige, sur la glace… Et mon entraîneuse m’a fait comprendre que ça prend 10 ans avant de devenir un vrai coureur alors, oui c’est cool mais rien n’est acquis. Et quand je suis découragée car j’ai fait un temps moins bon, je me rappelle qu’il y a à peine quelques mois, c’était un supplice de parcourir 1 km sans être complètement crevée.

Respecte ton rythme

Tu feras immanquablement l’erreur de te comparer, d’aller fouiner sur les scores de courses de l’an passé pour voir les temps qui ont été faits, pour jauger ta performance. C’est un couteau à double tranchant : ça peut te motiver mais aussi te démoraliser. Prends ça à la légère et surtout, respecte ton propre rythme. Mieux vaut courir un peu plus lentement que de ne pas courir du tout. Ce n’est pas important le rang que tu occuperas, c’est la fierté que tu auras au cœur qui te nourrira.

Prends le temps de respirer

Quand je cours, j’ai souvent des points sous les côtes. Je l’avoue candidement car c’est un problème fréquent et c’est assez facile de s’en débarrasser. Suffit de ralentir un peu et d’expirer profondément pour bien vider ses poumons. Souvent, c’est dû au diaphragme qui est trop sollicité par les efforts respiratoires lors de la course. Le yoga qui permet de bien maîtriser sa respiration peut s’avérer très utile quand on a tendance à ressentir fréquemment ce type de points. Namasté!

Écoute ton corps, pas ta tête

Il m’est souvent arrivé au départ de me sentir fatiguée et d’avoir l’impression de ne pas avoir assez d’énergie pour aller courir. Et en discutant avec ma coach, j’ai compris que notre tête peut être parfois notre pire ennemie. L’égo prend beaucoup trop de place dans nos vies et de peur de ne pas performer, il peut nous faire croire qu’il est préférable de demeurer à la maison, dans notre petite zone de confort au chaud. Mais le truc est simple : allez courir et donnez-vous quelques minutes pour juger si vous êtes réellement trop crevé pour courir. La plupart du temps, le corps s’acclimatera et vous serez correct pour poursuivre. Si vous pensez à l’expression consacrée, « the mental toughness », il faut savoir que ce n’est pas si simple et que ça peut aussi jouer contre vous.

N’écoute pas les conseils des autres

Je sais que c’est un peu paradoxal de dire cela après mon propre laïus mais j’ai tellement entendu de conseils et lu d’articles contradictoires sur la course qu’il faut vraiment en prendre et en laisser. On se connaît nous-mêmes et on est toujours la personne la mieux placée pour savoir ce qui est bon pour nous et ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas parce qu’un truc marche pour un que ça fonctionnera pour l’autre…

Bref, j’aurais pu continuer comme ça longtemps mais j’avais juste envie de vous dire d’essayer, de vous amuser, de profiter de la course pour ressentir votre corps, sentir l’air qui entre dans vos poumons et ouvrir votre cage thoracique. Dans un mois, ce sera le printemps et on pourra vraiment en profiter. C’est un des plus beaux sports qui existe, simple, sans gros équipement, qui se pratique partout. Soyez fiers de vous, soyez agiles, soyez heureux. On n’a qu’une vie à vivre, aussi bien de la vivre en santé!

 

Photo : Unsplash | Bruno Nascimento