Quand l’insulte devient la norme

William Iven

Combien de fois, dans votre vie, avez-vous réellement été fier de vous, vous êtes-vous félicité d’une réussite, d’un bon coup, d’un défi relevé? Ce n’est pas toujours facile d’avoir ce réflexe, de prendre le temps d’apprécier nos faits et gestes, notre progression, notre implication. On dirait que dans notre société, on ne doit pas être trop content de soi, sinon ça passe pour de l’arrogance.

Je lisais dernièrement certains commentaires sur une publication Facebook où une connaissance partageait, humblement, un accomplissement dans sa vie. Et j’ai constaté tellement d’envie dans les messages que ça m’a blessé pour cette personne. Faire des efforts pendant plusieurs mois pour enfin atteindre son objectif et partager sa victoire, sa fierté, ce n’est pas un complot pour faire sentir les autres des minables.  Cette nouvelle interprétation facile qui est répandue sur, et par la faute des réseaux sociaux, me terrifie.

On dirait que l’instantanéité fait parfois ressortir le plus sombre d’une personne. Le petit commentaire qui avant ne se passait que dans sa tête se retrouve dans le fil de commentaires en 3 secondes du fait de l’accessibilité et fait en sorte que tout le fiel d’un groupe peut être déversé dans le temps de le dire. Ça se relance, ça s’insulte, et bien souvent, ça oublie même la publication d’origine et le pauvre auteur se retrouve avec une bataille de clan sans le vouloir. Tout ça pour une perte de poids partagée, une période sans fumer, un objectif atteint qui, à la base, était joyeux.

Si on voulait gâcher le plaisir de quelqu’un, c’est la meilleure manière d’y arriver. Certains diront qu’il n’avait qu’à garder ça pour lui, de ne pas « ouvrir la porte » mais j’aurais tendance à dire que ce n’est pas parce qu’un profil est « public » que ça nous donne le droit d’en faire n’importe quoi. Au même titre qu’on a instauré des normes de salubrité dans notre société, on ne devrait pas jeter nos ordures verbales sur la voie publique.

Il y a un proverbe qui dit : sculpte chaque mot avant de le laisser sortir. En d’autres termes, penses-y deux fois avant de dire des conneries. Ou tourne ta langue sept fois avant de taper sur ton clavier… Bref, peu importe la formule, le concept demeure le même : un peu de retenue, svp.

J’ai un drôle de rapport avec Facebook, j’y passe beaucoup trop de temps, j’y flâne beaucoup mais j’ai aussi un certain malaise avec ce qui s’y passe. Heureusement, je ne suis pas assez connue avec mon blogue pour avoir à gérer les nombreuses réactions que je vois sur d’autres plateformes plus populaires. Et mon anonymat ou ma discrétion me plait car je me dis que ceux qui me lisent le font par plaisir et non pas pour chercher une faille et me la mettre en plein visage.

Je n’avais rien de bien précis à vous révéler ce matin, pas de grande réflexion du vendredi mais plutôt un partage d’un inconfort concernant une certaine agressivité dans le verbe qu’on ne tolèrerait pas si elle était faite sur la « vraie » place publique, en personne, avec la voix, le ton, les gestes… Si tout le monde s’insultait en personne comme c’est le cas dans le monde numérique, ce serait le grand chaos.

Soyons conscients de la portée de nos commentaires et conséquents avec nos réactions. On n’oserait pas le dire de vive voix? Mieux vaut se retenir que de déclencher un débat. Par contre, encourager nos amis, soutenir les efforts, partager les bons coups, ce sont, à mes yeux des comportements constructifs. C’est à cela que devrait servir Facebook, et on pas à répandre de la méchanceté gratuite. Bon week-end!

 

Photo : Unsplash | William Iven

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