Hier, j’ai partagé sur mon fil Facebook personnel, un article du journal Le Devoir, rédigé par le collaborateur Dominic Tardif, sur la solitude au féminin. Cet article relate le travail de recherche de Julie Bosman, une auteure qui a entrepris de rencontrer plusieurs femmes qui vivent seules afin de comprendre comment celles-ci ressentent cette solitude et l’effet que leur statut a sur leur entourage.
J’ai beaucoup aimé le ton choisi car on ne tombe pas dans le psycho-pop ni dans le jugement : c’est plus sous forme d’enquête et de recueil de témoignages. Mais ce qui est troublant, c’est de constater à quel point le célibat féminin fait réagir, semblant semer un doute dans la tête des gens sur les raisons profondes de ce choix, s’il en est un. Le titre de l’article en fait foi, d’ailleurs : Pourquoi la solitude au féminin est-elle suspecte? On peut dire que ça frappe comme entrée en a matière.
Dans sa recherche, l’auteure du livre Nous sommes bien seules, dont le titre révèle déjà la complexité de la question, est allée à la rencontre de femmes âgées entre 32 et 85 ans pour comprendre comment elles vivaient cet état et ce qui les préoccupaient. Et surtout pour aborder la question qui tue, comme dirait M. Lepage, et qui brûle les lèvres de plusieurs : ces femmes peuvent-elles réellement se passer d’un homme?
Étant moi-même célibataire (et heureuse ainsi), j’avais une position biaisée à la lecture puisque je ne me considère pas incomplète ou en manque de quoi que ce soit. Bien sûr, la chaleur humaine que procure la présence de l’autre ne peut pas être remplacée facilement mais au-delà du besoin affectif, je ne crois pas qu’une femme a absolument besoin d’un homme dans sa vie. Je crois qu’il s’agit plutôt d’une question d’envie profonde de partager et que cela peut être fait avec des ami(e)s et un entourage solide. Être sans conjoint ne signifie pas être totalement seule.
La fameuse phrase qui dit « mieux vaut être seul que mal accompagné » prend tout son sens à la lecture des propos de l’auteure car on comprend qu’à travers ses entrevues très personnelles, elle a eu accès à des femmes qui sont réellement bien dans leur situation. Évidemment, ce n’est pas tout noir ou tout blanc et il y a, dans la société, des femmes tristes de leur solitude qui rêvent de combler ce vide dans leur vie. Mais je crois sincèrement qu’en 2017, il est tout à fait possible d’être sereine dans ce célibat, comparativement aux années où le mari était nécessaire pour ouvrir un compte bancaire.
Récemment se tenait la Journée des femmes et chaque année, je me questionne sur le statut des femmes et les avancements ou retards dans ce domaine. Nous avons le privilège de vivre dans un coin du monde où la femme est malgré tout respectée et traitée relativement égale à l’homme (je dis bien relativement). Mais je sens encore un certain malaise quand une femme affirme être seule et heureuse, comme si dans l’esprit de certains, cela s’avérait carrément impossible.
Je n’ai pas comme ambition de demeurer seule mais je n’ai pas envie de me brimer pour accueillir quelqu’un dans ma vie. Comme l’affirme la journaliste au cœur de ce récit, on valorise socialement la vie de couple, la sexualité. On nous dit partout qu’il faut préserver la flamme, ne pas cesser d’espérer l’amour. Mais à trop vouloir rentrer dans le rang, être dans la norme du couple, est-ce qu’on ne se met pas de côté soi-même?
On jase là… Pourrait-on vivre et laisser vivre ceux et celles qui choisissent un autre mode de vie, un autre rythme, sans juger et sans critiquer? Me semble que ce serait un vraiment beau cadeau à s’offrir collectivement… D’ici là, je vous invite à lire ce recueil de nouvelles qui risque fort de vous toucher droit au cœur.
P.S. Référence à Ma Solitude de Georges Moustaki pour le titre…
Photo : Unsplash | Jeremy Bishop