L’heure est au divertissement

Eric Nopanen

Ces derniers temps, avec le printemps qui tardait à s’installer et la neige qui ne cessait de s’accumuler, j’ai eu comme une rage de cocooning, un besoin intense de me blottir dans un jeté et d’être absorbée par de la fiction pour oublier cet hiver éternel. Et j’avoue que j’ai été complètement séduite par quelques merveilleux produits d’ici qui m’ont divertie à souhait. Compte-rendu de cette bulle réconfortante purement québécoise.

Tout d’abord, côté lecture, je savoure actuellement comme de la grande gastronomie l’ouvrage touchant et confrontant d’une auteure que j’adore : Rafaële Germain. Réunissant ses réflexions, impressions, observations et questionnements sur la mémoire en cette ère où tout est gravé à jamais, ou presque, dans l’univers numérique, la belle Rafaële se dévoile dans un style tout à fait nouveau, très sincère et intime dans cet essai intitulé Un présent infini : notes sur la mémoire et l’oubli. L’objet en soi est déjà d’une beauté et d’une finesse qui tranche avec ses précédents bouquins de style chick lit, mais c’est au niveau du ton très personnel que l’on se laisse charmer. Chaque phrase, chaque page se révèle un petit bijou et nous transporte dans nos propres pensées sur notre rapport au temps, à la mémoire et à cette tendance qu’on a à publier nos vies sur les réseaux sociaux sans gêne et sans pudeur.

Livré un peu comme une discussion qu’elle aurait eue avec son père, Georges-Hébert Germain, cet essai se veut à la fois un hommage à son paternel qui, ironiquement, a perdu la mémoire à cause de la maladie, lui qui collectionnait les souvenirs et se plaisait à les partager, et une observation sur l’effet pervers de ce rapport quasi permanent avec la vie virtuelle de nos congénères. Franchement, il y a longtemps que je n’ai pas été aussi touchée par un ouvrage. À lire absolument!

Du côté des séries, j’ai littéralement dévoré 2 petites séries québécoises disponibles sur tou.tv : L’âge adulte et Trop.

L’âge adulte, série dramatique alliant à nouveau le comédien et auteur Guillaume Lambert et le réalisateur François Jaros, se présente comme une comédie de situation sous forme de courts épisodes, comportant sa part d’absurde et de drame humain autour de personnages vulnérables confrontés à un imprévu qui les interpelle en profondeur. Autant les moments cocasses s’enchaînent, autant on peut être troublé par la candeur des personnages et leur sincérité. Un vrai petit plaisir qui se consomme en un rien de temps. Parfait pour un petit dimanche pluvieux!

Puis, mon dernier coup de cœur à ce jour qui m’a rendu accro, c’est la série Trop. La première chose à dire c’est que c’est juste trop court, sans mauvais jeu de mots. Sur une toile de fond d’ironie et de comique se révèle une merveilleuse histoire sur la maladie mentale mais dans un contexte de jeunesse et de douce folie.

On s’immisce dans la vie d’une troupe d’amis, de jeunes trentenaires incertains, un brin égoïstes, dont le cœur est habité par 2 sœurs, aussi différentes que divertissantes. L’aînée, campée par Evelyne Brochu, jeune professionnelle qui jongle avec sa séparation et son travail, s’occupe de son mieux de sa sœur qui reçoit un diagnostic de trouble bipolaire, incarnée par l’étonnante Virginie Fortin. Situations loufoques, délires et fous rires sont au rendez-vous et malgré les débordements de la cadette, on ne peut qu’être captivée par cette vie rocambolesque mais si distrayante. Du gros fun et un moment pour décrocher, tout en se trouvant, finalement, pas si pire que ça…

 

 

Photo : Unsplash | Eric Nopanen