Il fut une époque où le moindre changement dans ma vie, mon entourage, mon horaire ou mon quotidien pouvait me générer des heures d’angoisse. J’avais besoin de m’accrocher à des repères autant que de respirer de l’air pour survivre. Car oui, je vivais en mode survie. Je n’avais pas les outils intérieurs pour m’accorder le recul nécessaire et relativiser les bouleversements que la vie pouvait semer sur ma route. Je paniquais pour un rien en quelque sorte…
De l’extérieur, rien n’y paraissait, tout avait l’air de couler mais à l’intérieur de moi, c’était comme un volcan en éruption. Tout se passait dans le fond de mes entrailles et avec le temps, j’en suis devenue malade. Je me suis mise du jour au lendemain à faire des allergies alimentaires. Pouf, un soir, après un bon spaghetti, j’ai fait une « giga » crise d’urticaire géant à cause des tomates. À un autre moment, ce fut une crêpe aux fraises qui déclencha une crise.
Je ne comprenais pas ce qui se passait, et bien honnêtement, j’étais tellement en dehors de mes pompes qu’il m’était même impossible d’imaginer que je pouvais moi-même être la source de ces réactions. Mon ostéopathe, grande sage, m’envoya en acupuncture pour me calmer, sachant que cette approche avait le potentiel d’atténuer mon stress. Mais ce qu’elle ne savait pas c’est que cette boule d’anxiété s’était tellement bien installée en moi que ça prendrait plus que quelques aiguilles pour l’en déloger.
Et cette acupunctrice a eu la finesse d’esprit, après quelques rendez-vous, de m’expliquer qu’elle pouvait soulager les symptômes mais que tant que je n’allais pas à la source, ça perdurerait. Et cette source, c’était mon mal-être que je tentais tant bien que mal de cacher derrière une carapace qui commençait à craquer. Elle m’a dit : ta coquille semble te protéger mais tu commences à étouffer dedans. Je te suggère d’être accompagnée dans ce processus car toute seule, tu risques de t’y perdre. Et c’est là qu’elle m’a donné la carte d’affaires la plus importante de ma vie… Celle de ma psy.
Je me suis toujours considérée extrêmement privilégiée d’avoir été entourée de toutes ces femmes professionnelles qui m’ont guidée sur mon chemin, qui m’ont soutenue, qui m’ont aidée et, je n’ai pas honte de le dire aujourd’hui, qui m’ont sauvée la vie. Pas que j’avais des idées suicidaires mais le stress m’aurait rongé de l’intérieur et j’aurais surement énormément souffert physiquement et psychologiquement de tout cela.
Et il y a eu un outil très précieux dans mon cheminement, un livre que ma psy m’a référé au tout début de notre travail ensemble : le chevalier à l’armure rouillée. En voici le résumé :
« II y a fort longtemps, un vaillant chevalier combattait les méchants, tuait des dragons et sauvait les demoiselles en détresse. II se croyait bon, gentil et plein d’amour. II était très fier de sa magnifique armure qui brillait de mille feux, et ne la quittait jamais, même pour dormir. Seulement, un beau jour, en voulant l’enlever, il se retrouva coincé… Ainsi commença pour lui une quête initiatique, à la recherche de sa véritable identité, au gré de rencontres insolites et d’épreuves riches d’enseignement. En parvenant au « Sommet de la Vérité », il deviendra alors ce qu’il n’avait jamais cessé d’être, un homme au cœur pur, libre de toute illusion et de peur. Cette nouvelle quête du Graal, d’un humour délicieux, fait partie de ces « grands petits livres » comme Le Petit Prince et Jonathan Livingston le goéland. La limpidité, la profondeur du Chevalier à l’armure rouillée, qui parle au cœur et à l’âme, en font un conte d’une portée universelle. »
En écrivant ces lignes, j’ai encore des frissons car je me rappelle avoir pleuré toutes les larmes de mon corps en lisant ce bouquin, réalisant à quel point il résumait ma situation, cette armure qui semblait me protéger mais qui m’étouffait comme l’avait dit mon acupunctrice.
Le but de ce billet ce matin n’est pas de donner des leçons ou de faire pitié, loin de là. J’avais envie de vous partager cela car je sais que plusieurs personnes atteignent le fond du baril, ne sachant plus quoi faire, ou vivent elles aussi dans une armure rouillée, coincées et malheureuses.
Mais je voulais vous dire qu’il y a toujours de l’espoir et que la vie met sur notre route les gens qui sauront nous guider, nous aider, nous soutenir et nous faire avancer. L’important n’est pas le temps que ça prendra ou le nombre de personnes qu’il nous faudra pour remonter la pente. L’important c’est de se souvenir que, tout en haut de cette montagne difficile à gravir, il y a nous, notre personnalité à son plein potentiel, notre estime de soi, notre beauté intérieure, notre vrai moi. Et ça vaut tous les efforts nécessaires pour y arriver, je peux vous le garantir.
Photo : Unsplash | A Fox