Changer de paysage

Kalen Emsley

Quand un événement survient dans notre vie, qu’il soit heureux ou malheureux, on a tendance à vouloir comprendre pourquoi celui-ci arrive, à ce moment, dans ce contexte. On décortique, on analyse, on tente de trouver des réponses là où il n’y a, bien souvent, que plus de questions. Au lieu d’accueillir ce changement, on le contourne, on le nie, on le repousse. Et pourtant, il est là et restera là jusqu’à ce qu’enfin on l’accepte.

Il n’y a pas toujours de sens concret à ce qui arrive, pas d’explication logique ou de lien de cause à effet évident. Parfois, c’est subtil, parfois, c’est minime. Mais j’ai tendance à croire que tout arrive pour une raison, aussi mystérieuse soit elle. Et il se peut que ça nous prenne des années avant de comprendre, toute une vie avant de saisir le sens de quelque chose.

Il faut pourtant accepter une part de mystère dans notre vie, une portion d’inconnu ou d’incompréhensible et cesser de se casser la tête et dépenser notre énergie à tenter de comprendre et d’expliquer. Ça peut paraître un peu mystique mais il y a plus grand que nous et à trop vouloir expliquer, on en perd la mesure.

La meilleure leçon que la vie nous donne est celle de la mort. S’il y a bien une chose qu’on n’a toujours pas réussi à expliquer, c’est ce qu’il y a après. J’ai toujours trouvé que c’était un pied de nez à notre tendance à vouloir tout maîtriser. Certains s’y aventurent, allant même jusqu’à tenter le diable pour s’en approcher et revenir avec des histoires mais pour ma part, j’accepte cette part d’inconnu.

Rien de glauque dans ce partage ce matin, en fait, je crois même qu’il faut cesser de voir cela tout noir. C’est une des rares certitudes de savoir que nous mourrons tous un jour alors pourquoi en avoir si peur, pourquoi en être si dégoûté? Il faut plutôt célébrer la vie, en profiter et l’embrasser du mieux que l’on peut pour montrer qu’on tient à elle.

Alors quand un changement imprévu survient dans notre vie, cessons de se battre contre et trouvons plutôt l’angle positif dans cela. Que ce soit une perte d’emploi, une chicane, une séparation, peu importe. Il y a toujours quelque chose de bon dans ce qui nous arrive, même si c’est parfois difficile à saisir et que, sur le coup, on ne voit que le côté sombre.

Lâcher prise, ça signifie lâcher la bride. Cesser de vouloir retenir ce qui nous semble important, cesser de vouloir tout contrôler, arrêter de se fermer à l’inconnu. Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas quelque chose que ce n’est pas bon, que ce n’est pas mieux. C’est simplement différent. On a cette fâcheuse habitude de croire qu’on sait, mais on oublie parfois que le monde évolue constamment et que, ce qui nous comblait hier pourrait nous énerver demain.

Accepter le changement, accepter l’évolution, accepter l’inexploré et la nouveauté, accepter notre vulnérabilité. Chaque matin est une opportunité pour s’ouvrir à d’autres choses, à d’autres gens, à d’autres expériences. Et si l’inattendu arrive, c’est qu’il doit en être ainsi, tout simplement.

Ceci n’est ni une morale, ni un jugement. Pour l’avoir vécu, je sais que par moment on ne peut faire autrement que d’être dans le contrôle car c’est ce qui nous aide à survivre. Mais on peut quand même essayer de s’ouvrir un minimum, une mini brèche dans notre rigidité d’esprit. Et à force d’essayer, on se rend compte que ça ne nous fait pas mal, que ça ne nous nuit pas. Petit pas par petit pas, on laisse entrer l’air nouveau, et après un temps, on se rend compte qu’on a changé notre environnement. Puis, on lève la tête et on admire le paysage…

 

Photo : Unsplash | Kalen Emsley

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