Demain, c’est ma première course officielle. Demain, c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail. Demain, je pourrai constater le fruit de mes efforts. Demain, je saurai pourquoi j’ai couru tout l’hiver malgré le froid, pourquoi j’ai persévéré malgré les moments de découragements, malgré les tensions permanentes dans mes jambes, malgré les tentations de profiter de la vie au lieu de chausser mes souliers.
Se fixer des objectifs personnels est un phénomène complètement différent que de se fixer des objectifs professionnels. C’est un pacte avec soi-même, c’est une entente entre son cerveau et son cœur, c’est intime et profondément formateur. Quand j’ai (re)commencé à courir, comme pour bien des choses dans ma vie, je l’ai fait un peu sur un coup de tête. La séquence ressemble en gros à ceci :
- Lire un article dans un magazine sur le parcours de mon entraineure (je sais que le dictionnaire dit entraineuse mais moi j’aime mieux cette formule)
- Décider que c’est un signe
- La retrouver sur Internet et lui envoyer un courriel
- Prendre rendez-vous
- Commencer à courir
- Suivre à la lettre le programme qu’elle me fixe, sans réfléchir
Et cette dernière étape constitue la base de mon assiduité. Parce que, voyez-vous, dans la vie, je suis analyste de métier et j’ai occupé des postes de gestion. J’ai du leadership, de la drive comme diraient certains… Je n’ai pas l’habitude de me laisser guider, d’être prise en charge. Je suis à la tête, bien souvent… Mais dans ce contexte, j’ai accepté et même décidé de laisser une personne professionnelle et expérimentée me montrer le chemin, me tracer la route et m’accompagner. Et c’est sans doute la plus belle leçon de cette aventure, cette prise de conscience d’être capable de ne pas toujours être en situation de décision.
Il n’y a pas de bonus à la fin de l’année si j’atteins mes objectifs, mais il y a un sentiment d’accomplissement que rien ne peut égaler. Il y a une excitation à l’approche d’un jalon comme celui de demain et l’avantage, c’est qu’il n’y aura ensuite pas vraiment de limites ni de frontières. Je peux décider de changer ma pratique pour aller courir en sentir, ajouter du vélo ou de la nage à mon entraînement, demander d’avoir des exercices de musculation, faire des bootcamps… Tout est possible dans la sphère sportive et les seules barrières sont celles que je me fixerai moi-même.
Essayer de nouvelles choses, ça oblige à déconnecter son cerveau et foncer. Car souvent notre pire ennemi se trouve entre nos deux oreilles. Notre égo nourrit notre peur et fait croire à notre tête qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas faire quelque chose. C’est trop risqué, trop dangereux, trop téméraire, trop ceci ou trop cela… Mais en réalité, outre se lancer du haut d’une falaise sans parachute, il y a peu de choses qui représentent réellement un danger. C’est bien souvent un danger pour notre égo plus que pour notre santé…
Notre égo a peur d’avoir l’air fou, à peur de ternir son image, de ne pas réussir du premier coup, d’être déçu… Et pourtant, passer par-dessus ses craintes, c’est un sentiment euphorisant et une adrénaline nourrissante. Et nul besoin d’aller dans les sports extrêmes… Parfois, le simple fait d’oser faire un exercice qui nous effraie peut nous apporter de la fierté.
Alors demain, j’irai courir mon 10 km avec le sourire et surtout, le sentiment du devoir accompli. Je mettrai à profit mes acquis, mes jambes me prouveront que tous ces efforts en valaient la peine. La température annoncée est parfaite et mon état d’esprit le sera aussi. Parce que je sais, aujourd’hui, que j’ai fait le bon choix. Je me suis choisie il y a quelques mois et j’ai fait confiance à la vie, qui a mis sur ma route la bonne personne, pour me guider sur le bon chemin…
Allez, je vous laisse… Une petite dernière course à l’entraînement pour terminer ma préparation.
Profitez bien de votre fin de semaine, savourez la vie et écoutez votre cœur, il est le meilleur guide pour vous.
Photo : Unsplash | Markus Spiske