Vouloir toujours plus

Meiying Ng

Vouloir toujours plus

J’ai parfois l’impression que nous avons trop de choix, trop de possibilités, que nous sommes trop mitraillés de publicité, trop stimulés, trop sollicités… On n’est comme jamais en sevrage, on est gavé d’informations et d’opportunités, jusqu’à plus soif.

Dans notre ère actuelle, on a toujours la possibilité de trouver mieux alors on n’est jamais contenté de ce que l’on a. Se concentrer sur un choix, l’approfondir, le cajoler, apprécier ses défauts comme ses qualités ne semble plus un réflexe. Ça vaut pour un vêtement, une voiture ou un amoureux. La multitude d’occasions de voir si on ne pourrait pas avoir mieux, moins ceci ou moins cela rend notre cerveau complètement fou.

Combien de gens ai-je entendu dire qu’ils sont fatigués de telle situation ou condition tout en se comparant au voisin, au collègue ou à leur réseau Facebook. Ça m’attriste un peu car j’ai l’impression par moment que l’on perd l’essence même d’une relation. On ne peut pas bâtir une relation ou déterminer si celle-ci nous convient et nous nourrit en quelques échanges seulement. Ça prend du temps pour connaître quelqu’un, ça prend quelques épreuves pour voir la façon de réagir, de gérer le tout et sans cela, on se base sur des éléments futiles telle l’apparence.

Si on prend des applications comme Tinder ou ses semblables, on réalise assez vite que ça se rapproche plus du jeu que de la rencontre. Et à ce stade, malgré quelques âmes sœurs qui s’y sont trouvées, je n’ai pas l’impression que l’outil rend service. Une photo et trois mots n’ont jamais donné un portrait net d’une personne et à mes yeux, ce qu’on ressent en croisant quelqu’un pour la première fois en dit plus long qu’un profil virtuel.

Je me questionne sur cette capacité à déceler parmi la masse le réel visage des gens. Je suis convaincue que beaucoup sont sincères dans leur démarche mais sont avalés parmi le flot d’opportunistes constamment à la recherche d’une nouvelle proie. Ça peut sembler exagéré de le dire ainsi mais, par expérience, on se sent parfois comme un morceau de viande ou un butin à ajouter au tableau de chasse…

Je n’ai ni solution ni piste intéressante à proposer, une simple réflexion sur notre état en tant que société. Beaucoup sont en mal d’amour et se contentent de butiner sur ces sites à défaut de trouver mieux. Et quand on affirme être bien en tant que célibataire, on nous accuse d’avoir des problèmes et d’être invivable. Pourtant, la maxime « Mieux vaut être seul que mal accompagné » ne m’a jamais paru aussi pertinente.

Bref, je ne sais pas pour vous mais j’ai l’impression qu’on cherche trop parfois, qu’on veut trop trouver mieux, qu’il nous manque constamment quelque chose. J’ai longtemps eu ce sentiment qu’il me fallait déménager ou changer d’emploi quand, après un certain temps, je me sentais trop confortable dans une situation. Puis, un jour, j’ai compris que c’est quand on est en zone connue qu’on peut approfondir le travail sur soi. Quand c’est un tourbillon autour de nous, on a de la difficulté bien souvent à s’enraciner. Alors il faut profiter des moments d’accalmie pour travailler ses petites bibittes pour qu’elles prennent moins de place quand la tempête survient, ou que le prince charmant se pointe 😉

Finalement, peut-être est-ce une simple impression, mais je crois qu’on doit réapprendre à se satisfaire de ce que l’on a. Non pas d’arrêter de rêver grand mais de prendre le temps de voir toutes les facettes d’une chose ou d’une personne avant de l’éjecter. Tant mieux si on y parvient car je crois que collectivement, ce sera plus sain pour tout le monde.

La surconsommation est un phénomène non pas nouveau mais plus visible et, particulièrement au niveau des biens. Si chaque personne fait un effort, j’ai le sentiment qu’on peut changer la tendance et profiter ensemble de cette transformation. Et quand on applique un changement dans une sphère de notre vie, il devient plus facile de le transposer ailleurs… Alors, ça vous dit ?

 

Photo : Unsplash | Meiying Ng