On entend souvent les gens parler de leur zone de confort, qu’ils sont fiers de repousser leurs limites physiques, qu’ils ont osé plonger dans le vide et quitter leur emploi stable pour démarrer leur propre entreprise. Mais sortir de sa zone de confort, ça peut se faire à plein de niveaux, et certains, beaucoup moins spectaculaires qu’un saut en parachute.
Récemment, une amie m’avouait qu’elle me trouvait courageuse d’aller souper seule dans un resto car ça l’intimidait. Et j’ai réalisé qu’avant, j’aurais probablement passé le même commentaire si on m’avait parlé de ça. Tout simplement, parce que j’avais peur de ce que les gens allaient penser de moi, peur d’être jugée, d’être ridiculisée.
Sortir de notre routine, ça peut être aussi banal que de changer de route pour rentrer à la maison, lire un nouveau livre dans un style littéraire que l’on connaît peu, essayer une nouvelle recette avec des aliments moins familiers, prendre un cours seul dans un domaine qu’on ne maîtrise pas du tout et même essayer de nouvelles expériences sexuelles. Ça n’a pas à bouleverser nos vies, à changer la direction qu’on prendra pour les prochaines années mais ça donne un petit électrochoc, ça brasse la cage de nos habitudes.
En fait, tout ce qui sort de l’ordinaire et du connu peut nous amener à découvrir de nouvelles facettes de nous-mêmes, de nouveaux aspects de notre personnalité et bien souvent, une capacité d’adaptation qu’on ne se connaissait pas. Et c’est dans ces découvertes qu’on apprend à s’aimer, à définir de nouvelles frontières à notre zone de confort et qu’on réalise qu’on est capable de beaucoup plus que ce que l’on croit. Oser tenter de nouvelles choses, ça déboulonne aussi des mythes qu’on entretient, des préjugés qu’on ne soupçonne parfois même pas, ça change notre vision des choses.
Je connais des gens qui se sont mis à jouer avec passion aux quilles, d’autres qui font du tricot avec un plaisir fou, certaines personnes ont adopté la pétanque ou le curling et d’autres sont entrées dans une chorale. Et le point en commun de tous ces gens ? Ils s’amusent comme des fous !
Au début, ils étaient gênés d’avouer leur nouvelle passion mais avec le temps, le bien-être procuré par cette nouvelle activité a pris le dessus et leur a apporté une confiance inestimable. Ça aide à affronter les railleries et on réalise vite que leur bonne humeur est contagieuse. Combien de fois a-t-on croisé une personne en se disant : mais qu’est-ce qu’elle a changé, elle semble tellement épanouie ? Et souvent, on s’arrête sur le physique sans réaliser que le changement s’est fait à l’intérieur.
Quand on avance dans la vie, on peut s’enraciner dans quelque chose de stable et de standardisé, garder un rythme lent et réconfortant, mais tôt ou tard, on finit par avoir besoin de nouveauté, de découvertes. À un certain stade, on peut même avoir le sentiment d’étouffer dans sa propre vie et c’est là le piège des idées de grandeur. J’ai plutôt tendance à croire que si on s’autorise un petit plongeon régulièrement, on n’aura pas envie de balancer tout par-dessus bord pour se sentir vivant.
Dans les grandes transformations que j’ai vu poindre dans mon entourage, il peut y avoir malheureusement beaucoup de souffrance et de déchirement. Des couples et des familles qui se chicanent et s’abîment parce qu’une personne explose et rêve d’une vie nouvelle, ça ne donne pas souvent de beaux résultats. Alors au lieu d’attendre que le temps nous rattrape et qu’un tictac vrombissant nous ronge l’intérieur, je crois qu’il faut être à l’écoute de ses besoins et de ses envies et apprendre à se donner le droit d’essayer, de tenter de nouvelles choses pour lâcher notre fou et conserver un certain esprit de liberté.
Quand on accomplit un exploit, aussi minime soit-il, on se sent en vie, on a l’impression de respirer mieux, on a la tête fraîche et dispose pour faire face à la vie. Les problèmes ne disparaitront pas, les ennuis ne vont pas s’évaporer mais on aura une énergie nouvelle pour gérer le tout. Personne ne peut le faire à notre place et il n’est pas rare de voir des gens tenter de transposer leur mal-être sur leur entourage. Pourtant, on est tous maîtres de notre destin et seul nous savons ce qui nous convient réellement. Parfois, avec le temps, on a juste oublié de s’écouter, de ressentir ce qui vibre en nous. Ne laissons pas le temps miner notre créativité, notre énergie et notre moral. Soyons les maîtres à bord pour se sentir, comme le chantait Jerry, « toujours vivant ».
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d’amour…
Photo : Unsplash | Kyle Head