Apprendre à danser avec la vie

Matthew Henry

Hier, la vie a fait en sorte que je tombe par hasard sur une personne que je n’avais pas vu depuis longtemps. Pas une amie ni une simple connaissance, c’est en fait une ancienne relation professionnelle. Mais peu importe le lien qui nous unissait, c’est plutôt l’impression que j’ai laissé sur cette personne qui m’a surprise. Elle m’a fait part de celle-ci et ça m’est resté dans la tête une bonne partie de la soirée. Elle m’a dit : tu m’as beaucoup impressionnée.

Je le dis ici en toute humilité et vous comprendrez pourquoi. C’est qu’en fait, à l’époque où j’ai collaboré avec elle, j’étais loin d’être au meilleur de ma forme, sur le plan physique et mental. Je n’étais pas au plus bas mais je n’avais pas la confiance ni l’énergie que j’ai aujourd’hui. Et ça m’a fait réaliser à quel point on peut se cacher derrière une lourde carapace pour ne pas laisser percevoir notre état réel. Professionnellement, j’étais capable de déplacer des montagnes, d’impressionner des gens. Mais, au fond de moi, je n’avais pas du tout cette solidité.

Et ça m’a touché car je crois qu’il est important de toujours se rappeler d’où on vient et le chemin que l’on a parcouru. C’est facile, parfois, de simplement regarder en avant, en oubliant le passé, en niant presque les difficultés que l’on a traversées. Mais, ces épreuves nous on construit, elles ont permis à notre âme de s’ouvrir, à notre esprit d’évoluer et à notre cœur, de s’enrichir. Sans ce parcours, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui et je ne pourrais pas, avec du recul, savoir ce que c’est que de passer par là.

Je ne dis pas qu’il faut absolument souffrir pour grandir, loin de là, mais de toute façon, j’ai tendance à penser que la vie met sur notre route les obstacles que nous sommes en mesure de franchir afin d’apprendre et de s’élever. Et quand on tente de fuir, quand on essaie de contourner la route, tôt ou tard, ça nous reviendra, sous une forme différente mais pour le même objectif.

Revoir cette personne m’a fait chaud au cœur car elle m’a regardé avec des yeux sincères et touchants et a pu me dire en toute honnêteté ce qu’elle ressentait. Je ne la reverrai peut-être jamais mais je sais qu’il y a une raison pour laquelle, après toutes ces années, nos chemins se sont recroisés.

Je le dis souvent, rien n’arrive pour rien dans la vie. Des fois, c’est pour nous permettre de se rappeler quelque chose, parfois, c’est pour nous confronter à ce qu’on était avant ou nous remettre sur le droit chemin. Mais rien n’est anodin. On choisit simplement de s’ouvrir à ces apprentissages ou non. Et plus on s’y attarde, plus on peut recevoir et absorber ce qui nous est destiné.

Vous trouverez peut-être ce discours ésotérique ce matin et si c’est le cas, je n’ai aucune gêne face à cela. Il fut un temps dans ma vie où j’étais une ultra-rationnelle, où j’avais presque besoin de preuves scientifiques pour croire. Puis, un jour, j’ai délaissé un peu mon cerveau pour « penser » avec mon cœur, pour ressentir, pour cesser de me fier à mes sens et plutôt laisser monter ce que je ressentais. Et j’ai compris, à ce moment-là que, quand on s’ouvre réellement à ce qui nous entoure, le monde nous paraît bien différent.

Les rencontres que l’on fait tout comme nos choix forgent notre personne. Et, par moment, un petit rappel du passé nous présente notre avancement, nous révèle notre progrès et surtout, ce que nous avons réussi à délaisser pour être plus serein. Se libérer de nos boulets mentaux, se détacher de ce qui n’a pas d’importance pour se concentrer sur notre bien-être, c’est le travail de toute une vie. Rien n’est acquis et il se peut qu’on recule par moment pour mieux avancer. Cette danse, c’est le ballet de la vie et il faut accepter que, bien souvent, ce n’est pas nous qui mène et que le rythme peut changer sans préavis. Et c’est parfait ainsi…

 

Photo : Unsplash | Matthew Henry