Dernièrement, beaucoup de dénonciations de comportements inadéquats envers les femmes ont été faites. Des mouvements de fond, d’autres plus spontanés, des mots-clics, des longs textes et témoignages touchants, toutes les formes ont été vues et se valent. Mais derrière tout ça, on sent une culture du silence très troublante qui me dérange particulièrement. Ça prend souvent un événement majeur pour faire boule de neige et brasser la poussière assez pour que les plus timides osent s’exprimer.
Je trouve cela très triste de voir à quel point les femmes ne sont pas prises au sérieux quand elles dénoncent, mais aussi de voir perdurer cette attitude de « mononcle » trop souvent endurée, autant dans les milieux de travail que les familles. De la blague bien grasse à la main aux fesses, le moindre petit geste déplacé devrait être décrié et clairement invalidé. Affronter, s’affirmer, se respecter, prévenir, parler… Toutes des actions qui peuvent être difficiles à faire quand on subit une pression, quand la relation implique l’autorité de l’agresseur.
Être une femme ici, au Québec, c’est beaucoup plus facile qu’ailleurs, on va se le dire, mais reste qu’il y a tout de même des comportements inadéquats qu’on ne doit pas balayer sous le tapis. Taire ce qui n’est pas acceptable, c’est aussi participer un peu au problème. Je ne veux pas victimiser des personnes déjà fragilisées et j’ai moi-même gardé sous silence des commentaires désagréables et sexistes qui m’ont été dits dans le passé. Mais aujourd’hui, j’ai compris que ce n’était pas la meilleure façon de faire et que j’ai peut-être permis à la personne en faute de continuer son manège.
Suis-je d’accord avec tous les mouvements et la façon de s’exprimer sur les réseaux sociaux des victimes ? Pas toujours et malheureusement, balancer sa haine et sa colère ne remplacera jamais une thérapie et un travail de fond. Le problème et la blessure demeurent malgré qu’ils soient rendus publics. J’imagine que ça peut débuter le processus de guérison mais ma crainte est que la victime continue de souffrir en silence une fois la parade passée.
Je n’ai aucune solution concrète à fournir ni de grands concepts révolutionnaires sur le sujet. Mais, en tant que femme et citoyenne, je sens un besoin de parler, de dire et de nommer les choses afin qu’au moins, celles qui n’osent pas parler se sentent soutenues. Personne n’est obligé de déclarer haut et fort ce qui lui est arrivé. Mais de parler à un proche, une amie, un membre de la famille en qui on a confiance, ça peut déjà procurer un soulagement. La priorité n’est pas toujours de répliquer mais plutôt de se respecter et de réfléchir sur ses propres limites personnelles.
Quand on laisse une personne aller trop loin envers nous, on doit se questionner sur les raisons qui ont faites qu’on a permis cela. La faute est sur l’agresseur certes mais je crois que si on veut éviter de devenir une victime récurrente, il faut s’armer des bons outils, de réflexes solides et de radars à problèmes bien aiguisés. On l’apprend parfois à la dure, trop tard, de manière très souffrante mais au moins, avec ces incidents, ça laisse des marques qui deviennent des barèmes pour comprendre ce qui ne nous convient pas. Ce n’est absolument pas nécessaire de vivre cela mais parfois, ça prend ça.
Alors la seule chose que je peux vous dire c’est d’apprendre à vous connaître, à vous aimer, à vous respecter, à vous écouter et de bien vous entourer. On n’est jamais à l’abri de situations fâcheuses mais de pouvoir les traverser avec des gens qui nous aiment et nous soutiennent aide à mieux rebondir et éviter que cela se reproduise, pour nous et pour d’autres victimes éventuelles.
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