Savoir encore s’amuser

Jared Sluyter

Vous rappelez-vous de votre sentiment, enfant, quand vous arriviez en juin et saviez que les vacances approchaient à grands pas? Cette éternité sans routine ni devoirs, tout ce temps pour jouer dehors et s’amuser. Moi, je m’en souviens comme si c’était hier car mon esprit rêveur pouvait se laisser aller. Que ce soit pour aller au chalet, jouer dans le bois, flatter les animaux de ferme des voisins ou, plus tard, me prélasser dans mon lit et dévorer des romans, tout me faisait plaisir.

Quand je repense à cette sensation de liberté, je réalise que, quand on devient adulte, on perd un peu cette faculté. Comme si le quotidien, le travail, les engagements nous empêchaient de se détacher, de prendre du recul, de décrocher. Bien sûr, à moins que vous soyez dans le domaine de l’éducation, il y a de fortes chances que vous n’ayez pas les mêmes congés que les élèves mais je trouve que, de façon générale, on sous-estime le pouvoir des vacances. Non seulement leur pouvoir mais aussi leur nécessité, pour notre santé mentale et physique.

Savoir se reposer, savoir s’amuser comme on le faisait plus jeune, on l’oublie, on le tasse, on le dépriorise. On doit payer notre hypothèque, faire mille et une choses qui nous semblent tellement plus importantes. Et pourtant, si on s’épuise, si on n’arrive plus à avoir du plaisir, à rire, à se divertir, on ne peut tout simplement plus continuer notre vie comme avant. Ça devient pénible et ennuyeux.

Savoir s’amuser, savoir prendre du temps pour soi, c’est très important. On ne doit pas être trop sérieux dans la vie car celle-ci se charge bien souvent de nous confronter à la tristesse et aux coups durs. Quand ça va bien, on doit en profiter pour savourer chaque instant, pour se féliciter, pour s’aimer et se donner ce qu’on mérite. Je ne parle pas ici d’acheter des trucs, je parle de se donner de l’amour, des soins et surtout de s’accorder du temps pour faire ce qui nous rend heureux. Que ce soit peindre, courir, cuisiner, jardiner, lire ou tricoter, peu importe l’activité, on devrait mettre cela au centre de notre temps libre.

Cette notion de temps libre est aussi à évaluer. Je connais des gens qui me disent qu’ils n’en n’ont jamais, qui ne comprennent pas que je puisse prendre autant de temps dans mon horaire pour écrire sur ce blogue, pour aller courir, pour cuisiner… Mais j’ai choisi de mettre ces activités dans mon horaire de vie, j’ai consciemment fait le choix que je devais déplacer ou annuler des choses pour m’accorder ces moments à moi. J’ai engagé une femme de ménage pour pouvoir consacrer mes fins de semaine à me faire plaisir, j’ai décidé que je voulais travailler plus souvent de la maison pour pouvoir perdre moins de temps dans le trafic et ainsi avoir le temps de courir et faire mon yoga.

Je sais, certains me diront que c’est un luxe d’avoir une femme de ménage mais je suis convaincue que dans l’horaire de chacun, il y a des moments inutiles qui peuvent être mieux utilisés. Investir son temps sur ce qui compte vraiment, c’est un apprentissage qui doit se faire pour éviter de s’encrouter. Ça peut sembler cru mais venant de la part de quelqu’un qui a passé des années à écouter des séries à la télévision qui n’apportaient rien de bon, je sais de quoi je parle.

Quand on ne passe plus assez de temps à faire des activités qu’on aime, on finit par ne plus savoir ce qui nous plait et qui on est vraiment. Il m’a fallu réessayer plein de choses pour redécouvrir ce qui me convenait car on change, on évolue, on vieillit. Alors de se garder du temps et de l’énergie pour soi, ça permet de rester connecter avec notre enfant intérieur qui doit s’exprimer et s’amuser pour garder notre esprit libre et léger. C’est dans cette disposition d’esprit qu’on est à notre plein potentiel!

 

Photo : Unsplash | Jared Sluyter

Related Posts

Suhyeon Choi L’union fait la force 8 août 2016
joel herzog Mettre un pied devant l’autre… 31 mai 2016