Combien de fois ai-je ressenti, de la part de collègues, de patrons ou de connaissances cette attitude misogyne qui consiste à mettre une femme de côté ou à lui assigner un rôle moindre, ingrat ou sexiste ? Des centaines… En fait, je n’avais pas tant porté attention à cela puisque c’est tellement inscrit dans la société qu’on finit, parfois, même en tant que femme, par le banaliser. Je ne dirais pas l’accepter car il y a des limites à l’innocence quand même. Mais garder le silence alors qu’on bouille intérieurement, je suis convaincue que toutes les femmes qui liront ce billet sauront pertinemment de quoi je parle.
De la blague de mauvais goût en passant par une assignation de projet en fonction du sexe de la personne, j’en ai vu, et vous aussi, de toutes les couleurs. J’ai aussi souvent entendu des commentaires du genre : on ne lui donnera pas tel truc, elle va surement partir en congé de maternité sous peu… Ou même de voir des gestionnaires me demander, en entrevue, en toute illégalité, si je prévoyais avoir des enfants dans les prochaines années.
Ceci est sans compter les demandes concernant la tenue vestimentaire, incluant les talons hauts, pour régler un dossier (lire ici, faire baver un client car on sait que l’entreprise a failli à son devoir et la pilule sera moins dure à faire passer s’il y a une « pitoune » dans la place). Ou de me faire carrément dire par un recruteur que si je veux le mandat facilement, en mettant un décolleté plongeant, c’est dans la poche (désolée pour le jeu de mots).
Bref, en tant que femme, on en voit de toute sorte, sans grande subtilité et bien souvent, sans même que la personne en question ne réalise que c’est malsain et dégradant. Mais, au-delà des mots, il y a aussi l’attitude. Sentir que la femme dans la salle dérange car on ne peut pas faire de blagues salaces, avoir l’impression qu’on nous prend pour une conne, ressentir une jalousie car on croit que notre succès est dû à notre paire de seins, c’est extrêmement frustrant.
Quand une femme hausse le ton, on la traite encore d’hystérique alors que du côté masculin, ça passe pour une force de caractère. Il sait se faire respecter, dit-on ! Alors que la femme se fait dire de se calmer… Et celle qui me dérange particulièrement est de me faire dire, parce que j’ai de la drive, que j’ai un fort côté masculin. Comme si l’audace et la capacité d’argumenter étaient systématiquement réservées au niveau de testostérone.
Ne pas faire de vague, rester dans l’ombre pour supporter nos collègues mâles et les regarder ramasser les lauriers de notre travail acharné, c’est vraiment ça que vous jugez être équitable ? Il me semble qu’il est clair que les femmes apportent à la société autant de bénéfices que leurs pendants masculins. Mais, ça m’attriste de devoir le dire encore, malheureusement, ce n’est pas assumé ni défendu par tous.
Alors mesdames, et messieurs, quand vous ressentez une inégalité, constatez un comportement inadéquat ou vivez une situation dérangeante, de grâce, dénoncez, affirmez-vous et soutenez ceux et celles qui en sont victimes. C’est à force de marteler le message et de s’unir contre les injustices qu’on finit par faire changer les choses. Pas en attendant que le train passe… Peu importe votre rôle, votre occupation, vous méritez votre place autant que tout le monde.
Chaque personne apporte de la valeur dans la société, comme une pièce de domino. Quand on en retire, le jeu ne tient plus, n’a plus la même force, la même pertinence. Tout le monde est en droit de se faire respecter et c’est de notre responsabilité de s’en assurer, tous ensemble.
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