Prendre soin de nous

Pablo Heimplatz

Quand quelqu’un près de nous est malade, ça nous amène irrémédiablement à réfléchir sur nos propres choix de vie, sur nos habitudes ainsi que sur notre état. On a beau se souhaiter la santé à chaque début d’année, on lance ces vœux un peu à la légère dans la majorité des cas, sans nécessairement y penser en profondeur. Mais entre vous et moi, si on n’a pas la santé, on ne va pas bien loin.

Mais pourquoi dans ce cas a-t-on autant de difficulté à prendre soin de nous? Bien souvent, on vit un peu dans le déni, dans une forme de déconnexion d’avec la réalité, comme si les problèmes n’arrivaient qu’aux autres. Mesurer l’impact de nos choix, assumer les conséquences de nos actes, c’est toujours plus difficile que de vivre légèrement comme si on était protégé par une bulle imaginaire.

Je lisais hier un billet de blogue sur une personne qui a tenté de faire comprendre à une conductrice que son utilisation du cellulaire au volant était dangereuse. Et cette dernière faisait complètement fi du danger réel qu’elle créait en textant en conduisant. Je ne partage pas le billet volontairement car le ton agressif m’a dérangé, mais la substance m’a tout de même fait réfléchir. Texter, fumer, boire de l’alcool, ce sont toutes des addictions dont beaucoup font preuve et qui demeurent légales, dépendamment du contexte bien entendu.

Cette légalité sert de parapluie à plusieurs pour justifier leur choix de vie et loin de moi l’idée de juger ou de critiquer. J’ai plutôt envie que l’on réfléchisse un peu plus loin, qu’on se demande pourquoi, collectivement, on s’arrête à un aspect légal.  Consommer à outrance une substance nocive, qu’elle soit permise ou non, ça demeure de l’abus et une certaine forme d’autodestruction. Et ça devrait faire réagir, ça devrait nous toucher et nous amener à revoir notre vision sociale pour assurer un cadre aux gens qui ont besoin de nous pour sortir du tourbillon infernal. Car c’est collectivement que l’on permet l’accès à ces substances.

Et quand je parle de substances, les jeux vidéo et les loteries en font aussi partie. De plus en plus de jeunes souffrent d’une dépendance aux jeux et le documentaire Bye d’Alexandre Taillefer et sa bande nous a mis en plein visage une réalité souvent ignorée. Le défi 28 jours débutera bientôt pour promouvoir la sobriété et nous faire réfléchir sur notre consommation d’alcool. Plusieurs personnalités connues osent maintenant parler de leur problème de consommation ou de leur choix personnel de cesser de consommer.

Je trouve ces initiatives inspirantes, sincèrement. Mais au-delà des grands éclats, il y a le quotidien, il y a la malbouffe qui perdure, il y a l’accessibilité à toute sorte de poisons encore légaux qui rend plus difficile, pour certains, le choix de prendre soin de soi. Les tentations sont faciles et il suffit d’une mauvaise journée pour que le verre de vin soit permis en semaine. Bientôt, le cannabis sera légal et je me questionne sur notre façon de gérer ce changement.

Car il n’y a pas que le consommateur du dimanche… Il y a celui qui est toujours à un cheveu de tomber dans la déchéance, celui qui a eu une année pénible, qui a eu des problèmes et qui peine à remonter la pente. Et dans ce cas, l’accès aux substances nocives et légales peut être problématique.

Je ne remets pas en question nos choix de société, je m’interroge seulement sur notre façon d’encadrer le tout. Car, quand je regarde notre système de santé presque aussi malade que ses patients, géré par un ministre déconnecté de la réalité, j’ai un peu peur. Dans ce contexte, on se doit, je crois, individuellement, de se prendre en charge, de se regarder aller et de faire des choix sains pour éviter de perdre pied. Car un citoyen en santé peut prendre soin de l’autre qui l’est moins…

 

Photo : Unsplash | Pablo Heimplatz

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