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Savoir reconnaître

Adam Jang

Reconnaître les forces des autres, reconnaître ses propres faiblesses, reconnaître nos besoins et nos limites, reconnaître que la vie vaut la peine malgré les difficultés, reconnaître qu’on doit faire des efforts et que rien ne tombe du ciel, reconnaître sa chance, reconnaître la beauté qui nous entoure dans les petites choses, reconnaître les attentions subtiles que les des autres nous portent… Je pourrais continuer longtemps ainsi mais je pense que vous avez saisi le concept!

Quand je lis certains textes et commentaires sur Internet, j’ai parfois l’impression qu’une portion de la population s’imagine que tout lui est dû, que ce que ces gens pensent constitue la vérité absolue et que tout le monde devrait suivre leur voie. Il y a aussi la fameuse attitude : faites ce que je dis, pas de ce que je fais… Vous savez, ceux qui chialent sur tout comme s’ils étaient sans faille mais qui agissent à l’opposé?

Mon but n’est pas de faire le procès de quiconque ce matin, j’ai plutôt envie qu’on prenne conscience, collectivement, de nos comportements parfois nocifs et troublants. On est quand même chanceux d’être ici, bien en vie, dans un système sociétal loin d’être parfait mais dans lequel on a le droit de s’exprimer et ou le soutien social n’est pas trop déficient. Si on a un minimum d’ambition et de jugeotte, on peut s’en sortir vraiment bien.

On peut surtout s’épanouir, progresser, évoluer de manière saine et avec une certaine insouciance, prendre le temps de se construire une vie à notre image. Mais cela implique aussi d’assumer ses choix, de faire face à la réalité, de cesser de se comparer constamment pour plutôt apprécier ce que l’on est. Être plutôt qu’avoir. Être soi à part entière et non pas être soi par rapport à l’autre.

La maladie de la comparaison fait des ravages actuellement et je trouve cela très triste car elle mine l’estime personnelle de bien des gens. Quand je lis la génération qui me suit, j’ai parfois l’impression qu’on l’a échappé un peu avec eux… Ayant accès à tout en tout temps, nés avec un appareil mobile à la main 24/7, des jeunes sont en constante confrontation avec ce qui les entoure. Comme si toute leur vie se mesurait dans un rapport aux autres, par une hiérarchie de coolitude, dans un jugement incessant.

Loin de moi l’idée de tomber dans le « c’était tellement mieux avant » car je suis moi-même une actrice active du monde numérique et que tant d’avantages en proviennent qu’on ne saurait plus s’en passer. Mais il faut savoir doser, prendre du recul, savoir se définir sans ce miroir permanent, être capable de décrocher et garder ses positions, ses convictions et son authenticité. Les réseaux sociaux, c’est un grand panneau dans lequel il est facile de tomber pour se laisser influencer négativement et se faire prescrire la vie qu’on devrait avoir, à coup de « j’aime » et de partage.

Reconnaître qu’on regarde trop la vie des autres, reconnaître qu’on laisse pénétrer dans notre schéma mental les nombreux commentaires sur nos publications, reconnaître qu’on a besoin de s’éloigner du virtuel pour se reconnecter au réel bien vivant qui nous entoure : ce sont des réflexions souhaitables si elles s’appliquent et des choix sains qu’on peut faire si on sent que c’est nécessaire.

Mais au-delà de tout cela, reconnaître qu’on est qui on est, qu’on est beau, qu’on est bon et qu’on a notre place, notre valeur, notre légitimité, c’est en soi un grand pas en avant. Parce qu’être heureux, ce n’est pas avoir une vie parfaite sur Instagram, c’est savourer la joie et s’attacher à ce qui nous comble malgré les petits bouts de noirceur qui viennent s’immiscer dans notre quotidien. Une fois qu’on a compris cela, on peut espérer garder en nous une bonne dose de paix intérieure et d’amour propre et reconnaître, enfin, qu’on est si bien et qu’on aime notre vie, telle qu’elle est, imparfaite mais à notre image.

 

Photo : Unsplash | Adam Jang

Un 8 mars bien chargé

Aman Ravi

En cette Journée internationale des femmes, j’avais un horaire ultra chargé (un horaire de ministre comme me disait mes collègues plus tôt). Et, ironiquement, je pensais à toutes ces batailles que les femmes ont menées pour nous permettre de travailler, de voter, d’avoir les mêmes droits que les hommes. Mais ça signifie aussi d’accepter les conséquences de cette égalité non acquise, la réalité de tout un chacun. Celle d’être dans le jus comme on dit, celle de faire partie d’un projet qui avance à vitesse grand V, celle du manque de ressources, de la surcharge et des tonnes de réunions de travail. Celle qui m’a empêché de publier mon article en début de journée, comme à mon habitude…

Être une femme en 2018, c’est beaucoup mieux qu’avant mais ce n’est pas encore parfait. Et aujourd’hui, avec tout ce qui s’est brassé dans les derniers mois, on sent que les femmes prennent leur place, qu’elles s’expriment et qu’elles osent davantage dénoncer et parler de leurs expériences. Mais en cette journée marquante, on constate qu’on peut aussi être épuisée de parler de la place des femmes, de rappeler les souffrances et mauvais traitements, de ressasser des histoires blessantes.

Ce qui est triste, c’est qu’on fait un cas de cette journée dans l’année mais les 364 autres jours ne semblent pas être aussi importants aux yeux de certains. Quand on voit les inégalités salariales, les commentaires désobligeants que les femmes entendent encore quand elles travaillent entourées d’hommes, quand on sait qu’elles se font refuser des promotions simplement parce qu’elles sont femmes, on peut se demander ce que ça change d’avoir une journée pour en parler si le lendemain, plus personne ne s’en soucie.

Des avancements, il y en a eu, certes. Mais je me souviens encore du temps où on me demandait de mettre mes atouts en valeur pour une présentation à un client sous prétexte que ça aiderait mon employeur à obtenir un nouveau contrat. Et naïve comme j’étais, jeune et perplexe, je faisais « cet effort » car je croyais que c’était normal, qu’ils avaient le droit d’agir ainsi. Aujourd’hui, quand je repense à cela, je m’auto-flagelle d’avoir été si innocente.

En tant que femme, on a aussi notre part de responsabilité, on ne peut pas mettre sur le dos des autres et de la société ce qu’on subit. On doit prendre la parole, oui mais aussi incarner le changement que l’on désire voir se produire. Oser être qui on est et qui on veut être, ça veut dire réfléchir à notre façon d’être, d’agir et de parler pour s’assurer qu’on ne fait pas perdurer des vieux réflexes, des vieux dogmes.

Je suis fière d’être une femme, fière d’être qui je suis, fière du chemin que j’ai parcouru. J’ai fait des erreurs, je n’ai pas toujours été à la hauteur de ce que je veux qu’on soit en tant que société mais c’est par ces erreurs que j’ai appris et que j’ai développé ma capacité d’analyse. Notre parcours nous construit et nous aide à voir ce que le futur représente pour nous. Ce futur, je le souhaite positif et inclusif. Un futur où chacun et chacune sera un humain, tout simplement.

Cette journée témoigne du chemin parcouru et du travail qu’il reste à faire, elle met en lumière les acquis et les incongruités. Et plus on creuse, plus on constate une panoplie de petits éléments froissants, d’injustices qu’on ne voyait pas avant. Ce qui est une bonne chose en soit car on doit voir ce qui ne fonctionne pas pour le corriger. Mais ça peut aussi donner l’impression que c’est pire que c’est… Comme on dit, tout est relatif!

Bref, je suis heureuse d’être qui je suis, et très contente d’habiter ici. Quand on se compare on se console et quand je vois dans la presse qu’en Arabie Saoudite, les cours de conduite pour les femmes commencent à peine, je suis particulièrement soulagée de ne pas vivre de la persécution permanente comme il se vit là-bas.

J’aimerais quand même que demain, la semaine prochaine, dans un mois, on soit encore en train de parler de la place qu’on accorde aux femmes, des droits et des barèmes qui nécessitent un ajustement. Il faut toujours demeurer alerte et ouvert d’esprit et ne pas hésiter à remettre en question les standards. Mais je garde la foi et j’ai confiance qu’ensemble on saura, au-delà des mots, poser les gestes qui feront la vraie différence.

 

Photo : Unsplash | Aman Ravi

Avoir le droit de croire

Austin Chan

Croire en ce qu’on veut, en ce qui nous fait vibrer, nous, ça devrait être un droit simple à défendre. Pourtant, aujourd’hui, avec l’accès à l’information pas toujours véridique, les réseaux sociaux et la possibilité de se cacher derrière un avatar en quelques clics, il devient de plus en plus difficile d’avoir ses opinions sans subir les tentatives d’influence de toutes sortes.

Je connais plusieurs entrepreneurs qui ont sciemment choisi d’œuvrer dans un milieu plus marginal, que ce soit en tant qu’apiculteur, acériculteur, des travailleurs autonomes parents d’une marmaille nombreuse et vivant hors normes, des voyageurs hyperactifs, des gens qui laissent tout à chaque 5 ans pour prendre une année sabbatique de leur vie, des nomades, des anarchistes… Bref, la norme aujourd’hui, ce n’est plus ce que c’était et c’est tant mieux. Mais ça dérange…

Car, il y a toujours quelqu’un, quelque part, pour nous faire sentir qu’on n’est pas normal pour peu qu’on sort du cadre classique, pour nous dire qu’on devrait faire les choses autrement, des gens qui croient nous aider en nous offrant leurs conseils mais qui ne connaissent rien de notre contexte, de nos motivations ni de ce que nos choix impliquent.

Avoir le privilège de vivre sa vie comme on l’entend, ça permet d’être plus actif que passif, de prendre le taureau par le cornes et de sortir de situations qui ne nous conviennent pas. Au lieu de subir un environnement nocif, d’endurer des personnes, collègues ou patrons, qui ne nous permettent pas de déployer notre talent adéquatement, on peut choisir le milieu qui nous convient. Mais je parle de privilège car je sais pertinemment que la mère monoparentale qui peine à joindre les deux bouts n’aura pas nécessairement les moyens ni l’énergie de tout quitter pour vivre son rêve de conception de chapeaux ludiques…

Pourtant, si elle croise la bonne personne au bon moment, si des gens dans son entourage sont là pour l’appuyer, moralement et financièrement, si on l’encourage, l’écoute et la supporte dans les moments difficiles, elle y arrivera, elle gagnera en confiance, elle développera son expertise et de nouvelles compétences. Elle brillera…

Il y a de ces gens qui nous font briller alors que d’autres éteignent toute étincelle qui apparaît. Il y a les leaders positifs et les leaders négatifs. Il y a ceux qui vous transmettent une énergie stimulante au moindre contact alors que d’autres vous siphonneront tout sans ménagement. Et peu importe vos motivations et vos convictions, il se peut que vous mettiez de côté vos projets parce que quelqu’un arrive à vous persuader que c’est trop risqué, que ça ne mènera à rien. Par projection de ses propres peurs ou par simple désir de vous garder à ses côtés au lieu de vous voir réussir, loin d’elle-même.

Il faut savoir bien s’entourer dans la vie, savoir s’éloigner des sources négatives, savoir choisir ses alliés pour avancer à notre rythme. Trouver les gens qui marchent au même tempo que nous, qui pensent selon le même système de valeurs, qui peuvent nous confronter de manière constructive, nous faire évoluer en nous offrant des angles de vues différents, ce n’est pas nécessairement facile mais c’est hautement enrichissant.

Et c’est ce qui fait contre-poids à la panoplie de messages gratuits et insipides qui se promènent sur Internet, qu’on verra défiler sous nos yeux sur nos réseaux sociaux ou ailleurs, à tous ces gens qui se disent nos amis mais qui ne font que s’abreuver de la vie des autres sur leur écran. Avoir le droit de croire et d’agir, au-delà du virtuel, dans le monde réel, c’est presque devenu une utopie dans ce monde trop numérique.

J’aime rencontrer des gens qui ont des rêves, qui vont à contre-courant, qui bâtissent des projets concrets et motivés par un instinct fort, qui, malgré un esprit rationnel, se permettent de sortir du cadre et de penser autrement. Ces gens, ils me donnent l’énergie nécessaire pour foncer, pour continuer d’avancer malgré les obstacles. Ils me stimulent et mettent leur poids du bon côté de la balance. Et je vous souhaite de vous entourer de ce type d’influenceurs pour vous permettre, vous aussi, de vous projeter dans un futur lumineux.

 

Photo : Unsplash | Austin Chan

Des airs de printemps dans la maison

Brigitte Tohm

Hier, en fin de journée, je suis allée récupérer ma commande des Fermes Lufa ou ce que j’appelle affectueusement mon printemps dans un bac J J’avais déjà été abonnée, il y a quelques années mais l’organisation de l’époque n’était pas aussi flexible. J’ai été agréablement surprise des améliorations que l’équipe a apportées à sa structure et c’est remplie d’enthousiasme que j’ai placé ma nouvelle première commande.

J’étais excitée comme une puce hier en ouvrant mes bacs pour découvrir la fraîcheur des aliments et l’odeur de la terre qui émanait des pousses et petits plants de fines herbes. Ayant grandie en partie à la campagne profonde, ces odeurs et textures demeurent pour moi des repères. J’ai toujours été proche de la terre et chaque occasion qui me permet de m’y reconnecter m’apporte beaucoup de bonheur et de réconfort.

Pendant mes premières années en tant qu’adulte dans la grande métropole qu’est Montréal, je me préoccupais moins de ce que je mangeais, je cuisinais peu et je profitais pleinement de l’offre en restauration disponible dans mon entourage. Je découvrais à chaque met, de nouvelle saveur, une nouvelle culture, un nouvel horizon. Mais comme on dit, on fait le tour vite et tout ne me convenait pas, la chaleur des plats cuisinés à la maison me manquait.

J’ai commencé à popoter assez jeune malgré un manque d’expérience et peu de références. J’y allais à tâtons comme on dit… Mais la panoplie de sites de recettes s’étant propagée, j’ai vite eu de nouvelles pistes et balises pour m’aider à faire mes marques dans ma cuisine. Ma curiosité jumelée à mon désir de me perfectionner m’ont amené à établir mon spectre alimentaire et aujourd’hui, je me débrouille assez bien.

Toutefois, rien n’égal le plaisir d’avoir sous la main des aliments frais, des herbes qui nous enveloppent de leur parfum fin, des ingrédients dénués de produits chimiques et qu’on sait avoir été cultivés tout près de nous, avec soin et attention. Tout cela ajoute un niveau supplémentaire, un volet émotif et presque mystique. Savoir d’où vient ce qu’on mange, ça enrichit l’expérience gastronomique.

Le concept de Lufa est intéressant mais il y a beaucoup de petits producteurs locaux qui tentent de percer de leur propre chef, selon leurs désirs et ambitions bien à eux. Peu importe la source que vous choisissez, le simple fait de prendre cette habitude d’encourager nos artisans d’ici, nos cultivateurs chevronnés, cela vous amène à contribuer à l’amélioration des conditions de travail de ceux-ci autant qu’à bénéficier de leurs aliments sains et savoureux. Une solution gagnante pour toutes les parties comme on dit…

Je vous invite fortement à faire l’effort d’ajouter à votre routine hebdomadaire une visite d’un producteur d’ici ou de vous abonner aux paniers bios, de Lufa ou d’un autre organisme similaire. Les formules se sont grandement bonifiées et même dans les régions les plus éloignées, il existe maintenant des marchés et autres points de vente temporaires qui vous donnent accès à ces produits aisément.

Personnellement, ça me fait un effet bœuf de voir cette verdure dans ma maison, de sentir le basilic, le thym et autres odeurs de fraîcheur et de pouvoir me préparer des mets à partir de ces ingrédients de choix. Ça me fait un petit baume après cet hiver qui fut un peu rude sur le moral et très froid. Malgré la neige annoncée cette semaine, je sens poindre le printemps et avec lui, les semis et éventuellement, le potager. On garde espoir puisque heureusement, on sait que le beau temps, la chaleur et les jardins verdoyants reviennent nous envelopper à chaque année.

 

Photo : Unsplash | Brigitte Tohm

Cette langue que je chéris

Carli Jeen

Ces jours-ci, j’ai entamé un autre cours universitaire, celui sur la rédaction fondamentale. Le titre peut paraître intense, voir prétentieux, mais en lisant le préambule, j’ai tout de suite été interpellée. On parle du fondement, de la base même du fait de rédiger. On l’oublie parfois mais communiquer verbalement ou par l’écrit ne constitue pas le même acte, n’offre pas les mêmes avenues et ne génère pas les mêmes réactions.

Du lundi au vendredi, sauf exception, j’écris sur ce blogue ce qui me préoccupe, m’habite, ce que j’ai récemment découvert, ce qui m’a touché ou perturbé dans les médias ou la vie en général. Je ne peux toujours pas répondre clairement à la fameuse question : pourquoi écris-tu sur ce blogue? Mais je sais que j’ai besoin d’extérioriser et de partager.

Alors, quand j’aborde un nouveau cours, j’espère toujours apprendre à mieux m’exprimer, à structurer mon travail, à développer de nouvelles techniques et à éviter des pièges langagiers. C’est ce que les cours précédents m’ont apporté et c’est la raison pour laquelle j’ai entrepris ce parcours scolaire marginal. Et je ne suis pas déçue jusqu’à maintenant, même si certains dimanches, je préfèrerais flâner, un bouquin à la main et une tisane dans l’autre plutôt que de me farcir cette matière parfois indigeste.

Hier, en écoutant les compléments sonores fournis avec mon manuel, sorte d’échange entre un cinéaste et un auteur, j’ai souri. Je me suis vu, attablée devant tout mon matériel scolaire à tenter de saisir les subtilités de la langue française et de percevoir la profondeur des échanges entendus. En lisant l’exercice noté de mon premier chapitre, j’ai eu un vertige, comme chaque fois que je ne comprends pas du premier coup. Mais, en faisant quelques recherches, j’ai compris l’objectif et je me suis trouvé bien naïve d’avoir eu cette peur devant l’inconnu, devant l’opacité momentanée.

Comprendre ce qu’on attend de nous, le message qu’on tente de nous livrer, la tonalité, le non-verbal, les sous-entendus, bref, saisir les niveaux de langage, c’est un atout et j’ai réalisé récemment à quel point ce n’est pas un acquis. On entend souvent parler des gens analphabètes et quand on est allé à l’école, qu’on a étudié suffisamment longtemps et avec une certaine facilité, ça peut être difficile de s’imaginer ne pas être capable de lire le journal ou de décortiquer les circulaires d’épicerie.

Mais, à force d’approfondir mes connaissances de notre belle langue française, j’en arrive aussi à observer tous les obstacles possibles. Quiconque n’a pas le contexte idéal pour apprendre risque de s’y perdre et d’abandonner. Et je trouve particulièrement dommage qu’on n’accorde pas assez de financement aux organismes qui réchappent ceux que le système régulier a laissé tomber. Car oui, le régulier, c’est la voie rapide et si vous roulez trop lentement, on finira par vous tasser sur le bas-côté…

J’ai réalisé tout le privilège que représente mon parcours marqué d’amour de la langue et de facilité d’apprentissage. D’avoir eu ce milieu facilitant, d’avoir pu prendre le temps d’apprendre, d’avoir eu l’avantage de ne pas souffrir d’un syndrome ou d’un trouble qui freine l’instruction. On prend tellement pour acquis ce que l’on a dans la vie qu’on ne voit plus les autres possibilités, les autres routes qu’on aurait pu prendre sans le vouloir.

Je suis empreinte de gratitude ce matin envers la vie qui m’a été aisée et envers ce désir d’apprendre qui m’a été transmis. Même si mes choix n’ont pas toujours été parfaits, j’ai pu bénéficier de cet héritage non négligeable qui m’a évité bien des soucis. Je crois qu’il faut, dans la vie, savoir savourer notre bagage et nos connaissances pour pouvoir se propulser et mettre à profit ce legs. Et cette aisance à communiquer mes pensées, je vous la partage en toute humilité sur ce blogue. Je vous suis infiniment reconnaissante de m’accompagner dans ce parcours à la destination indéfinie. Mais ce n’est pas la finalité qui compte, c’est le chemin pour s’y rendre qui nous construit.

 

Photo : Unsplash | Carli Jeen