J’ai constaté récemment que les gens semblent mal à l’aise avec la proximité et le toucher (je ne parle pas d’agression ici bien sûr, j’évoque plutôt une caresse ou une simple main posée sur l’épaule pour rassurer). Je ne sais pas si c’est parce que le virtuel a pris autant de place dans nos vies mais chose certaine, je sens qu’on n’a jamais été aussi loin les uns des autres.
Si je me fis à mes observations, ça fait plusieurs années que les gens se sont un peu renfermés sur eux-mêmes, bien avant le mouvement #moiaussi. Je présume que le fait de se balader en regardant un écran de téléphone plutôt que les gens qui les entourent n’ont pas aider les plus timides à s’ouvrir aux autres. Mais je sens que c’est plus profond comme phénomène, comme si la peur du contact avec les autres s’était accentuée.
Pourtant, j’en suis convaincue, l’être humain a besoin d’être en relation avec son entourage, avec un certain degré d’intimité. Sans être en couple, la notion de confiance et de sécurité affective est très importante au bien-être d’une personne. On semble plus à l’aise de parler de sécurité affective quand il s’agit des enfants mais pourtant, en tant qu’adulte, on peut aussi souffrir d’un manque à ce niveau.
Le besoin d’être rassuré autant que d’être respecté, c’est valable tout au long de la vie, peu importe l’âge, la culture ou l’idéologie. C’est humain, tout simplement. Et si les gens s’éloignent des autres, ça peut créer une certaine carence, comme une faille pernicieuse qui s’installe lentement dans le filet social. Avec des conséquences néfastes dans certains cas…
S’ouvrir aux autres, c’est bien sûr accepter de se montrer vulnérable, prendre le risque d’être blessé et que l’autre abuse de notre confiance. Mais c’est surtout avoir la possibilité d’être aimé, apprécié et de pouvoir construire une relation profonde et gratifiante. La proximité, qu’elle soit physique ou épistolaire, réchauffe le cœur et donne cette impression d’être important pour quelqu’un, de compter, d’avoir sa place, sa valeur.
Dans un monde où les gens ne se parlent presque plus de vive voix, où le texto prend trop de place, où la liste d’amis se compte sur Facebook, on perd cette notion de réelle proximité. Et pourtant, on en a tous besoin, peu importe ce que l’on croit. Viscéralement, notre âme a besoin d’être en contact avec d’autres âmes. De vivre cette belle chaleur humaine, de s’énergiser auprès des autres, d’emmagasiner de belles émotions riches pour pouvoir ensuite les partager avec d’autres.
Constatant ce phénomène, certains ont même créé des organismes de câlins gratuits qui permettent de donner à petite dose et de nourrir, à travers leurs bras, l’appétit affectif des gens esseulés. N’est-ce pas merveilleux? C’est une ressource inépuisable et ça procure instantanément du bonheur. Pourquoi s’en passer? Et nul besoin de chercher un donneur professionnel, je suis convaincue que dans votre entourage, il existe une paire de bras rassurante… Et peut-être même deux! 😉
Sérieusement, parfois les choses les plus importantes sont simples et accessibles mais on ne les voit juste plus, on les prend pour acquis et on les oublie. Et si vous êtes plus timide, commencez par des poignées de main. C’est moins engageant mais il y a tout de même cet échange d’énergie entre deux êtres. Tranquillement, vous gagnerez en confiance et mon petit doigt me dit que vous arriverez vite à l’étape ultime : prendre dans vos bras une personne que vous appréciez.
Alors, ce week-end, vous avez un devoir! Celui de distribuer des câlins, sans limite, sans retenue. Bon, n’allez pas vous lancer sur votre épicier totalement inconnu à bras ouverts, il risque d’appeler la sécurité mais faites le tour de votre monde. Et s’ils sont loin, dites-leur de vive voix que vous les aimez et que s’ils étaient présents, vous les serreriez dans vos bras. Tout le monde a besoin de cela, même les plus « tough ».
Photo : Unsplash | Courtney Prather