Posts published on "avril 2018" — Page 3

Les petits moments ordinaires

Greg Rakozy

Dernièrement, j’ai constaté à quel point j’omets de consacrer mon attention aux choses ordinaires parfois. Comme si je cherchais ailleurs ce qui est pourtant tout près, subtil mais bien présent. Je m’égare dans l’urgence des projets, dans la vitesse d’exécution et le flot incessant de courriels et autres messages. Mais, quand je m’arrête, je vois, j’entends et je sens tout ce qui est là, bien réel.

Ce matin, la pluie verglaçante fait rage chez-moi, les lumières vacillent et, malgré tout, j’entends des oiseaux chanter. Ça m’a toujours fascinée à quel point ces bêtes si minuscules font preuve d’une force tranquille. Ce sont des combattants, des éternels positifs, des entêtés. Certains diront que c’est ça avoir une cervelle d’oiseau, d’agir sans trop réfléchir aux dangers et prendre des risques inutiles. Mais je crois sincèrement qu’on a beaucoup à apprendre de la nature qui nous entoure. Faire fi des conditions exécrables et avancer, malgré tout. Adapter sa vitesse et son rythme mais poursuivre sa route, nonobstant les freins potentiels.

J’entends le verglas qui colle à la fenêtre dans une petite mélodie peu rassurante. Je devrai prendre la route tantôt, plus tard. Malgré l’inquiétude des conditions routières, je trouve une certaine poésie dans cette température. Tout s’arrête, les gens sont lents par prudence, les enfants sont heureux d’être « privés » de leur journée scolaire, les parents lâchent prise et restent à demeure avec leur marmaille. Il y a quelque chose de beau à être forcés de ralentir, de changer les plans. On ne sauve pas des vies, encore moins aujourd’hui. La terre continue de tourner malgré notre indisponibilité. Mais cette terre nous fait savoir qu’on l’a blessée, qu’on la maltraite. Elle passe ses messages…

Hier, je suis restée assise longtemps sur mon canapé, à reprendre mon souffle au retour de ma course. Dans le silence, je n’entendais que moi, que ma respiration. Et je me suis dis que je ne passe pas assez de temps à me concentrer sur celle-ci, qu’elle mérite pourtant toute mon attention, elle qui me tient en vie. J’ai fait un « body scan », un tour de ma maison intérieure. Ressentir les tensions, détecter les raideurs et spasmes pour délier le tout, pour ramollir ce qui s’est raidi.

J’ai pris le temps de boire de l’eau comme jamais auparavant, de sentir le liquide descendre, d’apprécier le fait que chez-nous, nous avons cette richesse accessible dans nos maisons, directement du robinet, filtrée, prête à consommer. J’ai pensé à tous ces gens qui doivent marcher des kilomètres pour espérer en trouver, à l’état brut, parfois contaminée. J’ai réalisé qu’on prend pour acquis cette substance essentielle à la vie.

Vendredi, je faisais changer mon panneau électrique. Le jeune homme chargé de cette besogne sifflait en travaillant. Avec le silence qu’apporte la coupure de courant, je pouvais apprécier son air. Entre mes tâches, je l’écoutais en souriant. Malgré la température ambiante qui baissait au fur et à mesure que le temps passait, j’ai réalisé que j’étais bien dans ma demeure, qui me ressemble et que j’ai fait rénover à mon image. Malgré ses petits bobos, malgré ses quelques défauts, ma maison est parfaite, à mes yeux.

Ce sont tous des petits moments de vie, ordinaires, banals et sans importance. Et pourtant, c’est dans ces instants futiles que j’apprécie ma vie, que je constate toute sa beauté, sa simplicité. Je réalise que je dois m’attarder davantage à ces parcelles de bonheur qu’aux difficultés qui ne définissent pas qui je suis. J’ai un toit, j’ai de l’eau, j’ai des amis, je suis en vie. Qu’est-ce qui est plus important que cela, après tout?

 

Photo : Unsplash | Greg Rakozy

Le pouvoir des câlins

Courtney Prather

J’ai constaté récemment que les gens semblent mal à l’aise avec la proximité et le toucher (je ne parle pas d’agression ici bien sûr, j’évoque plutôt une caresse ou une simple main posée sur l’épaule pour rassurer). Je ne sais pas si c’est parce que le virtuel a pris autant de place dans nos vies mais chose certaine, je sens qu’on n’a jamais été aussi loin les uns des autres.

Si je me fis à mes observations, ça fait plusieurs années que les gens se sont un peu renfermés sur eux-mêmes, bien avant le mouvement #moiaussi. Je présume que le fait de se balader en regardant un écran de téléphone plutôt que les gens qui les entourent n’ont pas aider les plus timides à s’ouvrir aux autres. Mais je sens que c’est plus profond comme phénomène, comme si la peur du contact avec les autres s’était accentuée.

Pourtant, j’en suis convaincue, l’être humain a besoin d’être en relation avec son entourage, avec un certain degré d’intimité. Sans être en couple, la notion de confiance et de sécurité affective est très importante au bien-être d’une personne. On semble plus à l’aise de parler de sécurité affective quand il s’agit des enfants mais pourtant, en tant qu’adulte, on peut aussi souffrir d’un manque à ce niveau.

Le besoin d’être rassuré autant que d’être respecté, c’est valable tout au long de la vie, peu importe l’âge, la culture ou l’idéologie. C’est humain, tout simplement. Et si les gens s’éloignent des autres, ça peut créer une certaine carence, comme une faille pernicieuse qui s’installe lentement dans le filet social. Avec des conséquences néfastes dans certains cas…

S’ouvrir aux autres, c’est bien sûr accepter de se montrer vulnérable, prendre le risque d’être blessé et que l’autre abuse de notre confiance. Mais c’est surtout avoir la possibilité d’être aimé, apprécié et de pouvoir construire une relation profonde et gratifiante. La proximité, qu’elle soit physique ou épistolaire, réchauffe le cœur et donne cette impression d’être important pour quelqu’un, de compter, d’avoir sa place, sa valeur.

Dans un monde où les gens ne se parlent presque plus de vive voix, où le texto prend trop de place, où la liste d’amis se compte sur Facebook, on perd cette notion de réelle proximité. Et pourtant, on en a tous besoin, peu importe ce que l’on croit. Viscéralement, notre âme a besoin d’être en contact avec d’autres âmes. De vivre cette belle chaleur humaine, de s’énergiser auprès des autres, d’emmagasiner de belles émotions riches pour pouvoir ensuite les partager avec d’autres.

Constatant ce phénomène, certains ont même créé des organismes de câlins gratuits qui permettent de donner à petite dose et de nourrir, à travers leurs bras, l’appétit affectif des gens esseulés. N’est-ce pas merveilleux? C’est une ressource inépuisable et ça procure instantanément du bonheur. Pourquoi s’en passer? Et nul besoin de chercher un donneur professionnel, je suis convaincue que dans votre entourage, il existe une paire de bras rassurante… Et peut-être même deux! 😉

Sérieusement, parfois les choses les plus importantes sont simples et accessibles mais on ne les voit juste plus, on les prend pour acquis et on les oublie. Et si vous êtes plus timide, commencez par des poignées de main. C’est moins engageant mais il y a tout de même cet échange d’énergie entre deux êtres. Tranquillement, vous gagnerez en confiance et mon petit doigt me dit que vous arriverez vite à l’étape ultime : prendre dans vos bras une personne que vous appréciez.

Alors, ce week-end, vous avez un devoir! Celui de distribuer des câlins, sans limite, sans retenue. Bon, n’allez pas vous lancer sur votre épicier totalement inconnu à bras ouverts, il risque d’appeler la sécurité mais faites le tour de votre monde. Et s’ils sont loin, dites-leur de vive voix que vous les aimez et que s’ils étaient présents, vous les serreriez dans vos bras. Tout le monde a besoin de cela, même les plus « tough ».

 

Photo : Unsplash | Courtney Prather

Chaque petit geste compte

Yoann Boyer

Hier, une amie a partagé sur Facebook une nouvelle concernant un bateau, le Manta, qui permettra de dépolluer les océans de toutes ces matières plastiques, avec un principe de tri et de compactage des déchets qui pourront ensuite, une fois sur la terre ferme, être recyclés. Et quand je vois ce type d’actualités passer sur mon fil, je ne peux faire autrement que d’aimer et d’encourager.

On parle beaucoup des fausses nouvelles, des sites de potins et autres « inutilités » et fourberies. Mais, parfois, on oublie que des gens ingénieux peuvent avoir de très bonnes idées et donner vie à des concepts innovateurs, révolutionnaires, qui pourront compenser pour toute la bêtise humaine dont nous sommes capables (comme celle de polluer nos océans sans se soucier de l’impact).

Je suis peut-être trop naïve mais j’ai la foi en nous, j’ai l’intime conviction que nous parviendrons à donner un sens plus noble à l’existence humaine et que, à force d’efforts et de démonstrations, nous pourrons convaincre la majorité d’harmoniser nos gestes avec la nature, avec la vie, avec la Terre. On est capable du pire mais, quand on s’y met, on est aussi capable de l’extraordinaire.

Les réseaux sociaux, malgré leur mauvaise tendance à utiliser nos données sans honte, ont tout de même l’avantage de rassembler et de partager. On a accès ainsi à une panoplie d’informations dont nous ne connaîtrions probablement pas l’existence autrement. Les puristes me diront qu’on n’a qu’à faire nos propres recherches si on veut s’informer mais peu de gens ont le temps et l’énergie à mettre sur un examen exhaustif quand on sait qu’on peut trouver facilement ce qu’on veut par la force du groupe.

Il suffit, en fait, d’être vigilant, de vérifier les sources, de valider que ce n’est pas un canular comme il y en a trop. Et, c’est de notre responsabilité en tant que citoyen de s’assurer qu’on s’informe bien. On ne peut pas blâmer les autres pour notre innocence et notre manque de rigueur dans nos vérifications. On a un devoir à faire alors faisons-le bien. Et ce devoir implique aussi de partager les bonnes informations.

Bref, si je reviens à ce fameux navire qui se veut un véritable système de collecte de déchets, de tri, de compactage et de stockage, j’apprécie d’autant plus le projet qu’il agira aussi comme laboratoire pour cartographier, quantifier et qualifier les résidus amassés. Et toutes ces données seront fournies à l’ensemble de la communauté internationale en Open data. Quoi de mieux pour conscientiser et mettre la lumière sur un enjeu international majeur!

Je sais, je m’emballe et il y aura surement plein de gens qui me diront que ça n’empêchera pas les plus vilains de continuer de déverser leurs cochonneries dans les océans. Mais, peu importe, je garde mon optimisme car ça prend du positif dans toute cette mer de méchants. Comme les Jean-Martin Fortier et autres visionnaires qui nous amènent à mieux repenser le monde de demain et surtout, à nous faire comprendre qu’on peut changer le monde, à la hauteur de nos moyens.

C’est ensemble qu’on arrive à quelque chose, et il faut continuer de rêver, d’avoir des ambitions et des idées de grandeur. Si on est fataliste et qu’on se dit qu’il n’y a plus rien à faire, aussi bien rester assis dans un coin à attendre la fin! Mais moi, j’y crois et je sais pertinemment que, partout dans le monde, des gens y croient aussi. Le premier geste à poser est celui d’encourager et de partager les entreprises qui ont besoin de notre soutien pour poursuivre leurs belles lancées. On ne le répétera jamais assez : chaque petit geste compte.

 

Photo : Unsplash | Yoann Boyer

Vivre léger

Federica Galli

J’ai récemment parlé de désencombrement et des bienfaits psychologiques que procure l’exercice d’épurer sa demeure et de se débarrasser du superflu. Cette pratique apporte aussi un sentiment d’implication puisque le fait de donner aux autres, que ce soit à des proches ou à des organismes, ça fait du bien à notre cœur et à notre âme et ça nous connecte avec ceux qui nous entoure. Mais, on peut aussi décider d’aérer notre esprit, notre mental, pour le nettoyer des idées et pensées négatives, pour se dégager des soucis persistants qui ne font que gruger notre énergie.

On a tous nos petites bêtes noires, ces vieux réflexes, ces émotions ou ces « patterns » qu’on traîne et qu’on sait nuisibles dans notre vie, sans pour autant qu’on ait la force, l’énergie ou l’audace de s’y attaquer. Mais, et je parle par expérience, il n’y a rien de plus satisfaisant et d’émancipateur que de se libérer de ces chaînes et de pouvoir avancer, d’un pas léger. Bien entendu, ça demande des efforts et parfois, ça vient brasser très profondément de vieilles blessures souffrantes, mais c’est dans ce processus difficile qu’on arrive à se soigner et à changer réellement.

Quand on parvient à atténuer une émotion qui nous suit depuis longtemps et qui perturbe notre existence, on allège notre esprit et on peut espérer vivre plus harmonieusement. Et, ainsi, on devient un humain plus agréable et apte à aider, à écouter et à partager avec les autres. C’est une roue qui tourne, un cercle vertueux. Chacun, à l’échelle de sa propre vie, peut participer à l’amélioration collective de nos conditions. Je crois qu’il faut cesser de se regarder le nombril et toujours garder en tête l’impact que nous avons et la place que nous occupons dans la communauté.

S’embourber, que ce soit mentalement ou avec des objets, j’ai l’impression que ça peut réconforter par moment, comme si on comble un vide qui nous fait peur. Mais, à moyen et long terme, ça devient plus néfaste car on peut facilement s’accrocher à des biens ou des pensées et rester dans le déni. Se voiler la face sur la réalité n’a jamais été une bonne solution. Ce n’est pas toujours facile, parfois ça fait mal et ça peut prendre un petit choc pour passer à autre chose.

Vivre léger pour moi, c’est se lever le matin sans sentir de lourdeur, c’est apprécier les petites choses de la vie et ne pas toujours vivre dans l’attente de mieux. Vous savez, ce fameux phénomène du « je serai heureux quand… » qui fait qu’on attend toujours après un moment ou quelque chose pour être bien, au lieu de simplement apprécier ce que l’on a, maintenant. Comme on se fait créer des besoins à la vitesse de l’éclair aujourd’hui, ça devient difficile d’apprécier tout bonnement ce que l’on a et ce que l’on est. La comparaison constante peut devenir maladive et les produits sur le marché nous sont proposés comme des solutions à tous nos enjeux…

Mais rien ne peut nous combler autant que la base essentielle à la vie : la nourriture, un toit, l’amour… Être capable de se développer, de s’accomplir, être aimé, se sentir en sécurité, pouvoir se reposer sans crainte, sentir qu’on est utile, tout cela, ce sont de vrais besoins. Pas la dernière technologie, le vêtement dernier cri, la bébelle magique qui est supposée changer ta vie…

Finalement, l’important, c’est de prendre le temps de savoir ce qui nous correspond vraiment, ce qui vient nous apaiser et nous faire sentir bien. Le reste, c’est du superflu et de l’inutile. C’est le travail d’une vie de savoir se contenter de ce que l’on a au lieu de toujours chercher ailleurs le bonheur. Et on peut tous s’entraider dans ce cheminement, un jour à la fois : apprendre ensemble à être plutôt que d’avoir.

 

Photo : Unsplash | Federica Galli

Le succès n’est pas une destination

Aziz Acharki

Chaque jour, des gens réussissent, chaque jour, des gens échouent. Ce cycle, il perdurera toujours et c’est tant mieux. Pourquoi? Parce que ce n’est ni la réussite, ni l’échec qui constitue la finalité : c’est le chemin parcouru qui importe. Car c’est sur cette route à obstacles qu’on apprend et qu’on se construit comme humain. C’est en tentant de nouvelles expériences qu’on évolue et qu’on prend le risque de mieux se connaître.

Je le dis souvent, si on stagne dans la routine et qu’on reste dans le connu et le confortable, on risque de s’encrouter et de ne jamais connaître mieux. J’ai trop entendu de gens se plaindre de leur vie sans jamais lever le petit doigt pour y changer quoi que ce soit, je crois. Ça m’a laissé une impression étrange sur cette faculté de l’humain de toujours condamner les autres pour son propre sort. Et je me suis constamment répété que je serais responsable de mon sort, peu importe ce qu’il sera.

Je suis de nature optimiste et énergique. Donc, quand quelque chose ne me convient pas, il est rare que ça traîne très longtemps. Vous me direz peut-être que tous ne sont pas aussi dégourdis, certains vivent plus timidement et peinent à se faire entendre. Et je conviens que ce n’est pas donné à tous de prendre leur place, de s’affirmer aisément et de se faire respecter comme il se doit. Mais je crois justement que c’est dans les petits moments simples qu’on peut apprendre à avoir confiance en soi, à sentir au fond de soi notre nature profonde pour la faire rejaillir autour de soi.

Personnellement, c’est suite à certaines injustices que mon système de défense personnel s’est enclenché. Après que quelques personnes m’aient marché sur les pieds trop souvent, suite à certaines situations troublantes, après quelques moments difficiles, j’ai compris l’importance de bien communiquer mes attentes et mes valeurs. Et, j’ai réalisé à quel point on prend pour acquis dans la vie que les autres savent lire dans notre tête. Pourtant, même Luc Langevin n’y parvient pas réellement.

Alors, pour réussir à convaincre quelqu’un d’embarquer dans nos projets, il faut d’abord savoir clairement ce que l’on veut et être en mesure de véhiculer notre message clairement, sans ambiguïté et avec passion. Tous les entrepreneurs vous le diront : ce n’est pas la quantité de diplôme qui les ont propulsés, c’est leur capacité à rallier les troupes, à persuader les bonnes personnes d’investir temps ou argent, à recevoir les appuis cruciaux qui les ont amenés là où ils sont rendus.

Et, encore une fois, les entrepreneurs vous exprimeront qu’ils ont vécu de nombreux échecs avant de réussir et que, sans ces moments difficiles, ils ne seraient jamais arrivés là où ils sont. Rien n’est facile dans la vie et ça prend quelques coups durs (métaphoriques) pour s’endurcir. Tout comme l’enfant doit s’écorcher le genou à quelques reprises pour comprendre de ralentir un peu, un adulte doit remettre en questions quelques idées préconçues et revoir ses priorités parfois pour être en mesure d’avancer correctement.

Ces jours-ci, on a le meilleur exemple de cela : l’attente interminable du printemps. On avait pris pour acquis qu’une fois les quelques journées chaudes arrivées, c’était dans la poche! Mais non, Dame nature nous réservé quelques surprises et on doit apprendre à être patient, réévaluer notre calendrier de semences et s’occuper en attendant que la chaleur se pointe et viennent réchauffer nos cœurs et nos jardins.

 

Photo : Unsplash | Aziz Acharki