Être femme

Ryan Moreno

Pendant longtemps, dans ma vie, j’ai pensé qu’être une « vraie » femme, ça signifiait mettre ses atouts physiques en valeur, porter des talons haut et être maquillée. Les plus féministes lectrices vont surement crier fort en lisant ceci, mais je le dis en toute transparence et je sais pertinemment que je ne suis pas la seule à avoir été ainsi influencée. Que ce soit par les médias ou l’entourage, on se fait toutes forger une image de LA femme à notre insu…

En fait, j’ai réalisé il y a quelques temps que je ne m’étais jamais vraiment posée la question. C’est quoi « être une femme » pour moi? Quelle est ma propre définition et qu’est-ce que j’ai envie de refléter comme image de femme, moi? Que de questions existentielles me direz-vous… Et pourtant, être une femme, ça se vit à tous les jours, toutes les heures. On l’incarne dès le lever du soleil. Alors ça vaut quand même la peine de s’interroger…

Fut un temps où j’avais l’impression d’être féminine grâce à mon décolleté ou un vêtement moulant. En fait, j’ai surtout pris conscience que je ne faisais pas de distinction entre « sexy » et féminine. Et s’il y a bien un mot que je déteste, c’est « sexy ». Probablement parce que, dans mon milieu de travail, il y a eu une phase où tout le monde l’utilisait à toutes les sauces : un site Web sexy, une bannière sexy, une page d’accueil sexy… J’en ai des frissons, juste d’y repenser. Mais je m’égare…

Tout cela pour dire que, depuis quelques mois, j’ai redéfini ma vision de la féminité, je me suis transformée. Il faut dire qu’en vieillissant, j’ai choisi le confort, surtout dans le domaine de la chaussure. Avec mes pieds difficiles, j’avais le choix entre souffrir ou être bien et j’ai opté pour la 2e option. Certes, ça me fait peut-être un mollet moins galbé et une jambe moins longue, mais la journée se termine sans que je prie pour arriver à la maison afin de pouvoir retirer mes souliers.

Et ce fut la même chose au niveau vestimentaire. L’amplitude de mes mouvements a pris le pas sur l’image. Je suis loin d’aller travailler en mou mais disons que j’ai acquis plusieurs pièces de vêtements qui me rappellent dangereusement certains pyjamas. Être chic et confortable est devenu essentiel. Et je m’en porte fort bien, sans avoir l’impression d’être déguisée. Je suis moi, je ne joue pas la comédie.

C’est un des avantages de vieillir j’imagine : on se connaît mieux, et donc on s’accepte mieux. Comme on dit, on ne nait pas femme, on le devient. Et dans notre monde, ce n’est pas toujours évident d’être une femme indépendante, heureuse et assumée, de faire fi des modèles imposés et de déroger des standards. Le jugement est si vite arrivé, tout comme le rejet. Mais, à force, on finit par réaliser que ce rejet nous évite des relations malsaines basées sur les mauvaises bases.

Si on ne m’aime pas comme je suis, je n’ai pas à m’adapter. J’ai à revoir mes relations… Ce fut long, dans mon cas, à se rendre à mon cerveau, cette pratique. J’ai longtemps été trop caméléon, tenté de me fondre dans la masse, de correspondre aux attentes. Et aujourd’hui, je sais indubitablement que j’en souffrirai, que mon corps ne sera pas à l’aise, que la mascarade n’est pas pour moi.

Être femme, au fond, c’est simplement être soi. Avec nos courbes, nos émotions, nos envies, nos ambitions, nos craintes et notre beauté intérieure. Il faut cesser de se sentir mal d’être ainsi ou de vouloir ressembler aux autres. Il vaut mieux mettre en valeur notre éclat, que ce soit dans nos yeux, notre voix ou dans toute autre facette de notre être. Être femme, c’est être unique et fière de l’être!

 

Photo : Unsplash | Ryan Moreno

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