Célébrer le naturel

Hans Vivek

Hier, j’ai complètement zappé la journée sans maquillage. En fait, j’y ai participé sans m’en rendre compte (facile, je travaillais de la maison) et ce n’est qu’en fin de journée, quand j’ai consulté les réseaux sociaux, que j’ai vu défiler les photos de femmes, connues ou pas, sans artifice. Et ça m’a fait réfléchir sur mon progrès, de ce côté. J’en discutais même, mardi, avec une amie, lors d’un rendez-vous improvisé.

Avant, c’est-à-dire, il n’y a pas si longtemps, dès mon lever, je nettoyais mon visage et je me maquillais, peu importe ce qu’il y avait au programme dans ma journée. En fait, je ne me posais même pas la question tellement c’était ancré dans mes habitudes, dans ma routine. Bon, je ne faisais pas du contouring à la Kardashian quand même, je n’ai jamais eu un grand don ni une grande patience pour ce côté très fille. J’ai d’ailleurs encore cherché le nom de cette technique sur Google…

Mais, un peu de crayon pour agrandir mon regard (vive les cils blonds) et un peu de mascara et de cache-cernes, ça me donnait l’impression d’être mieux, d’être plus présentable. Pas que je sois du genre à m’apitoyer sur mon sort ou à me trouver laide mais disons qu’au naturel, j’avais l’impression que mes yeux étaient moins en valeur. Tout cela se passe dans la tête, vous l’aurez bien sûr compris. Mais, je ne saurais trop comment l’expliquer, depuis l’adolescence, mon cerveau avait enregistré l’information voulant que je devais me maquiller pour sortir de chez-moi, même pour aller chercher une pinte de lait au dépanneur.

L’élément déclencheur de ma réflexion et du changement qui s’est opéré dans ma vie, c’est la course. Car, un beau jour où je travaillais en mou chez-moi, j’ai réalisé que la seule raison pour laquelle je m’étais maquillée est que j’allais sortir courir plus tard dans la journée. Alors, la séquence m’a paru totalement absurde : laver mon visage, me maquiller, aller courir puis prendre ma douche. Illogique, n’est-ce pas? Pourtant, j’ai bien dû le faire une bonne dizaine de fois avant de prendre conscience de l’aberration de cette pratique.

Toutefois, les premières fois où je suis sortie courir nue du visage, je me suis sentie étrange, vulnérable et fragile. On s’entend que rousse de teint comme je le suis, je deviens rouge tomate en quelques minutes alors le mascara ne peut rien améliorer dans ce cas… Malgré cela, je m’étais tant habituée à porter ce masque que j’en étais déstabilisée par son absence. Mais après le choc, le bien-être s’est installé. En fait, j’étais fière de moi, fière d’avoir réussi à me libérer et à m’accepter au naturel. S’en sont suivies des sorties de toute sorte sans maquillage, toujours avec un petit stress au début puis l’accoutumance a fait son œuvre.

Tout cela peut sembler banal (et probablement un peu fou dans la tête des hommes qui liront ce billet) mais pour moi, c’est un grand pas. Et pour certaines personnes, ça résonnera fort car on a tous nos petits combats de vie qu’on n’étale pas nécessairement au grand jour mais qui nous font frissonner. Il faut savoir garder la tête haute, foncer et célébrer nos victoires, sans attendre que ça vienne de l’extérieur.

Être soi, c’est accepter d’être imparfait et intégrer la notion que tout le monde l’est. Cessons de glorifier les images retouchées et prenons le temps de se regarder, d’apprécier nos formes et nos atouts mais aussi les marques que la vie a laissées sur notre corps. Car elles sont la preuve de notre parcours, de nos choix, de nos épreuves et de nos succès. Elles font partie de nous, alors ne nous renions pas…

 

Photo : Unsplash | Hans Vivek

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