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Moins résister, pour moins souffrir

Thought Catalog

Je crois fermement que, dans la vie, rien n’arrive pour rien. C’est un principe qui m’a pris du temps à saisir mais maintenant que j’ai ouvert mon esprit et bien vu que tout avait sa raison d’être, je suis maintenant plus apte à l’accepter. Mais c’est un exercice quotidien, je dois constamment me rappeler à l’ordre et tenter de prendre le temps de voir l’apprentissage, la leçon, le rappel ou la démonstration dans ce qui survient.

Il y a longtemps, j’ai lu un livre qui, en résumé, mettait en lumière le fait que plus on résiste, plus on souffre. Et donc plus on s’ouvre, plus on grandit. Ce qui nous fait sortir de nos gonds est peut-être simplement là pour nous enseigner la patience (oui, oui, même la personne qui paie son épicerie en pièces de 10 cents devant nous). Et ce qui nous fait pleurer est peut-être là pour nous démontrer notre grandeur âme, notre belle sensibilité, ou pour nous reconnecter à nos émotions mises au deuxième plan depuis trop longtemps.

Bref, tout a un sens quand on prend le temps de s’y attarder, d’écouter, de sentir, de voir avec nos yeux et avec notre cœur. Chaque rencontre nous enseigne quelque chose, chaque événement nous marque à sa façon. Si on se ferme à ces préceptes, on risque de revivre constamment les mêmes frustrations et déceptions puisqu’on n’aura pas accepté ce qu’on doit apprendre. En résistant, c’est comme si on disait à la vie qu’on n’était pas encore prêt…

Je me souviens de la première fois où j’ai été exposée à ce concept de pensée. J’ai jugé fortement, j’ai considéré cela comme ésotérique et pas du tout valable. J’étais complètement fermée à cette idée, envisageant cela comme farfelu et loufoque. Je rejetais l’idée sans même tenter de voir s’il n’y avait pas un peu de vrai dans tout cela. Et bien entendu, la vie s’est bien chargée de me prouver que j’avais tort, que je devais m’ouvrir pour comprendre.

Je crois que ça fait partie des stratégies qui favorisent le bonheur. C’est d’ailleurs à partir du moment où j’ai cessé de vouloir tout contrôler et que j’ai commencé à faire confiance à la vie que mon petit nuage noir m’a finalement quitté tranquillement. Ce n’est pas une recette magique ni une solution miracle, ça demande des efforts et ça fait partie d’un ensemble de moyens plus ou moins concrets pour s’aider à aller bien.

On peut ajouter à cela de prendre le temps de s’observer, d’étudier nos pensées pour essayer de chasser le négatif qui envahit notre esprit. On peut aussi revoir notre définition du bonheur et du bien-être, au-delà de la pub, de ce que pense le voisin, de ce que notre famille nous a imposé comme modèle, des idées préconçues qu’on n’a souvent même pas conscience d’avoir… Parfois, on pense avoir une idée très claire de quelque chose et on se rend compte que, finalement, c’est un amalgame de tout sauf de nous.

Apprendre à contempler et à apprécier, c’est aussi un élément important dans la quête du bonheur. Un simple sourire, une odeur, un rayon de soleil… Prendre quelques minutes pour constater la beauté qui nous entoure apaise rapidement le hamster mental et calme nos idées incessantes. Bien entendu, si des gens de votre entourage vous tirent dans le négatif, je ne saurais mieux vous conseiller de faire un petit ménage ou du moins de vous éloigner quelques temps pour voir l’effet que cette distance vous procure.

Et je terminerais en vous disant qu’on doit cesser de vouloir se justifier. C’est presque devenu la maladie du siècle. On mérite tous d’être heureux, sans exception alors arrêtons de trouver des raisons, de chercher le piège ou de vouloir expliquer rationnellement ce que l’on ressent. On a le droit d’être heureux, point. Apprécions, tout simplement cet état et remercions la vie de nous faire vivre ces moments de paix. À force de penser au bonheur, on l’attirera vers soi et on parviendra à voir du beau même dans ce qui, à première vue, peut sembler moins reluisant. Le bonheur, ce n’est pas une seule grande fête, ce sont des dizaines de petites célébrations qui, mises ensemble, procurent un effet de bien-être, clairement mérité.

 

Photo : Unsplash | Thought Catalog

Si j’avais su…

Toa Heftiba

Si j’avais su qu’il fallait s’accepter telle que l’on est, je n’aurais pas perdu d’énergie à tenter d’être autrement. Si j’avais su que j’étais correcte comme je l’étais, je n’aurais pas perdu mon temps à tenter de m’adapter. Si j’avais su que pour être aimée, il ne fallait pas changer mais plutôt incarner profondément notre personnalité. Si j’avais su que pour être heureuse, il fallait chercher à l’intérieur de soi et non pas autour…

On pourrait tous avoir une longue liste « d’avoir su » et de « si ». C’est toujours plus facile, après coup, de voir l’évidence, de constater nos erreurs, de comprendre le pourquoi du comment. Mais c’est ce qui est beau de la vie, c’est qu’on doit expérimenter pour apprendre, qu’on doit parfois se péter la margoulette pour être convaincu de quelque chose, pour intégrer la leçon. Des fois, les messages plus subtiles, précurseurs, ont simplement été ignorés alors ça prend un grand coup pour nous fouetter et nous ramener dans le droit chemin.

À presque 40 ans, c’est facile de me dire que j’aurais dû être plus douce envers soi-même à 20 ans. On peut surement tous se dire que les paroles acerbes des jaloux qui nous enviaient n’auraient pas dû nous atteindre, nous faire douter de nous. Que nos relations n’étaient sans doute pas les plus saines, que certains boulots nous ont nui plus qu’autrement. Mais je crois sincèrement que c’était nécessaire, qu’il fallait passer par là pour faire de meilleurs choix, pour comprendre ce qui nous convenait, pour se forger des repères et établir nos limites.

J’ai déménagé souvent dans ma vie, j’ai changé de boulot, j’ai fréquenté différents gens. Parfois, je suis restée trop longtemps, ne réalisant pas que ce que je vivais ne m’apportait pas le positif désiré. J’étais trop déconnectée pour déceler mon inconfort, trop insécure et angoissée pour oser bouger. Mais, heureusement, il y a eu quelques événements déclencheurs dans ma vie qui m’ont ouvert les yeux. Pas nécessairement les plus joyeux mais les plus cruciaux, sans aucun doute.

Dans chaque situation, on peut tirer du positif, ou du moins un apprentissage. On peut se dire que c’est cher payé pour apprendre, ou on peut décider de voir cela de manière favorable, choisir de voir le verre à moitié plein finalement. Le philosophe Alain disait : si le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté. En d’autres mots, si les émotions négatives semblent spontanées, l’optimisme est généralement le fruit d’un travail sur soi.

Le climat ambiant nous influence souvent à se positionner en victime, à se plaindre, à ne pas bouger, à simplement critiquer sans prendre action. Mais, au même titre qu’en société on peut agir, s’impliquer et s’exprimer, on peut faire cet exercice pour soi, forger notre cerveau à voir le bon côté des choses. Ça demande des efforts, certes, mais c’est un des meilleurs investissements qu’on puisse faire.

Si on veut que notre vécu nous serve, que nos épreuves nous fassent grandir et nous évitent de tomber dans les mêmes pièges constamment, on doit d’abord s’arrêter, s’observer et se questionner. Pourquoi est-ce que j’agis ainsi? Qu’est-ce qui m’attire dans cela? Est-ce seulement le fait que ce contexte est connu? C’est bien souvent le cas et quand on en prend conscience, il devient plus facile de changer de trajectoire.

Utiliser son expérience dans un domaine et le transposer dans un autre, c’est un des avantages d’avoir du bagage. On peut se servir de ses outils comme bon nous semble. Le pire qui peut nous arriver, c’est de se tromper. Et comme on le sait déjà, on n’en meurt pas! Et si, à partir de maintenant, on se donnait le droit d’être imparfait et qu’on apprenait à s’aimer ainsi?

 

Photo : Unsplash | Toa Heftiba

Éloge de la lenteur

Easton Oliver

On passe notre temps à courir, à se presser, à vouloir être à l’heure, à vouloir en faire le plus possible dans la journée, dans la fin de semaine. Mais à force de cavaler ainsi en permanence, on passe à côté de plein de choses, dont le moment présent. Ce fameux moment qui peut paraître si inaccessible et surfait tellement d’articles et de billets ont été rédigés à son sujet. Le Saint Graal du bonheur, l’apothéose du bien-être. Pourtant, vivre dans le moment présent, ce n’est pas si compliqué. Mais ça demande des efforts qu’on n’est pas toujours prêts à faire.

Tout d’abord, ça demande de délaisser un peu ce passé réconfortant qui nous plonge dans la nostalgie. On a tous en tête des moments doux de notre vie, des gens qui nous ont quittés qu’on veut garder près de notre cœur ou des objets de notre enfance qui nous consolent. Mais en restant accroché à eux, on s’empêche bien souvent d’avancer et de sentir l’ici et maintenant. Les gens, les sensations ou les souvenirs ne vont pas disparaître à tout jamais parce qu’on s’en éloigne. L’important, en fait, c’est ce que ça aura laissé dans notre être et nul besoin de s’embourber de bibelots et boîtes à souvenirs pour cela. En se reconnectant, en ressentant, on y touche autant qu’en rouvrant le vieux coffre du grenier.

Puis, il faut aussi être en mesure de ne pas vivre dans le futur, de ne pas constamment se projeter et attribuer notre bonheur à ce qui pourrait arriver. Il est facile de planifier et de prévenir mais on en oublie parfois que le bonheur, c’est là, à cette seconde précise. Pas dans un éventuel voyage, dans un potentiel rendez-vous, dans une possible rencontre. Tout cela aura la possibilité de nous combler quand on y sera. Mais pour l’instant, on est ici, on respire, on vit dans ce moment infiniment petit mais si prometteur à la fois.

Et pour vivre ce moment présent, il faut ralentir, inévitablement. Il faut prendre le temps, de voir, de sentir, d’entendre, de toucher et de goûter. On va si vite que j’ai l’impression que nos sens sont moins aiguisés, moins sollicités. Et pourtant, c’est par nos sens qu’on apprend, qu’on compare, qu’on constate ce qui nous convient et nous répulse.  Combien de fois ai-je fait la grimace en goûtant quelque chose que je ne m’attendais pas, pour la simple et unique raison que dans l’empressement, je me suis trompée et j’ai ajouté le mauvais ingrédient? Et cela survient quand j’agis trop promptement, quand je me dépêche pour finir au plus vite.

Mais la vie, elle doit prendre son temps, elle doit être vécue au rythme de la nature. On a beau essayer de modifier son tempo, on finit bien souvent par s’épuiser au lieu de gagner. On ne la changera pas, on ne fera que la pervertir, que la contorsionner. Mais c’est nous qui souffrons le plus de cette bataille.

Alors, réapprenons à vivre lentement, à savourer, à délaisser, à alléger nos existences pour se concentrer sur l’essentiel. On peut adopter la simplicité volontaire, le minimalisme ou simplement s’accorder plus de temps pour ne rien faire. Et oui, cet art oublié pas si lointain où on était capable de rester assis sans avoir un appareil dans la main, de la musique dans les oreilles et une liste de choses à faire dans la tête.

Se libérer l’esprit et l’horaire, ça fait un bien fou et ça ne coûte rien. Qui n’a pas eu un jour envie de tout balancer, de quitter sa vie trop chargée pour aller s’installer au fond des bois? Ça nous arrive tous un jour et la raison est qu’on s’en met juste trop sur les épaules, qu’on veut trop en faire. Mais au lieu de rater la moitié de ce qu’on accomplit, accordons-nous le droit d’en faire moins mais mieux. Réapprenons à faire l’éloge de la lenteur, de la simplicité et de la beauté du monde. Ça ne pourra que nous faire du bien, une seconde à la fois.

 

Photo : Unsplash | Easton Oliver

Savoir reconnaître nos moments de fierté

Samuel Clara

Êtes-vous fière de vous? Je veux dire, concrètement, quand vous vous regardez dans le miroir, quand vous pensez à vos choix, à vos batailles, au chemin que vous avez décidé d’emprunter, êtes-vous en paix avec tout cela? Je pose la question car j’ai lu dernièrement plusieurs billets et chroniques qui m’ont laissé l’impression qu’on a encore beaucoup de difficulté, au Québec, à se dire fière et digne. Comme une certaine pudeur, une gêne encombrante. Comme si on avait l’impression que c’était de la vantardise ou de l’arrogance, systématiquement.

Pourtant, il n’y a rien de snob ou d’effronté dans le fait de s’assumer et d’être satisfait de son soi-même. Bien entendu, on ne parle pas ici des gens hautains, au-dessus de tout et de tout le monde, qui crachent sur le premier venu pour ressentir leur supériorité fallacieuse. Ni le dédain que les faux riches affichent dans leur visage impassible… Je parle de vraie fierté, de celle qui se ressent au fond de soi, de celle qui nous donne l’énergie de continuer, de se battre, de poursuivre notre route malgré les obstacles.

Les petites gloires sont celles qui nous font le plus de bien car elles sont accessibles et plus nombreuses que les immenses succès qui peuvent ne jamais se pointer ou simplement nous frôler. Les petites gloires, c’est l’examen difficile qu’on réussit avec surprise et dont le résultat est au-dessus de nos attentes, c’est le pitch de vente fait, la boule dans le ventre, convaincue d’avoir raté notre cible et qui se conclut avec un beau contrat en poche, c’est la négociation serrée de votre nouvelle maison ou de votre voiture pour un prix qui vous laissera une marge de manœuvre dans le budget… Ou c’est de tenir son bout même si tout le monde a une opinion inverse quand on sait pertinemment qu’on ne peut pas faire autrement.

Être fière de soi, ce n’est pas se prendre pour une autre, ni faire preuve d’insolence ou de mépris. Non, être fière de soi, c’est mettre en valeur ses plus belles qualités tout en restant soi-même et savoir que notre authenticité nous a permis d’atteindre nos objectifs. Ce contentement ressenti quand, à la fin de la journée, on se couche avec un sourire aux lèvres en sachant indubitablement qu’on ne l’a pas volé, cette victoire.

Quand on se respecte soi-même, on peut être fière de soi, même si rien de particulier ne découle de nos faits et gestes. Le simple fait de s’être écoutée, ça permet d’être fière et noble. Quand l’honnêteté guide nos actions, quand la décence et l’élégance teintent nos actes, on est rarement déçue, peu importe la finalité des choses.

Mais ce n’est pas toujours facile d’agir ainsi, on peut aisément se laisser influencer ou corrompre. Il est même parfois plus facile de choisir le raccourci, la voie rapide qui bouscule autour mais nous amène plus rapidement à destination. Toutefois, comme on le répète si souvent, ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin parcouru et souvent, en voulant se précipiter, on manque l’essentiel, l’apprentissage nécessaire, les acquis récoltés dans ce parcours.

En vieillissant, j’ai compris que pour être fière de moi, je devais parfois faire de la peine pour rester moi-même, ne pas être aimée nécessairement, choisir de laisser partir ou de quitter, décider de prendre une route moins fréquentée mais qui colle plus à mes valeurs. Et surtout, j’ai appris que je devais constamment me requestionner, me repositionner pour valider que mes choix sont encore cohérents avec la personne que je suis devenue.

Accepter de changer et d’évoluer, demeurer à l’écoute de sa petite voix intérieure qui nous dicte nos faux pas, qui nous guide quand on s’éloigne de notre essence, ça aide à éviter les pièges et à dériver trop loin. Ça évite de se perdre en chemin. Et ça permet des matins plus doux, des couchers plus sereins, des journées paisibles, sans grands bouleversements ou tracasseries. Pour être fière, au fond, il faut se choisir et s’aimer. Car c’est ainsi qu’on peut s’accomplir, se libérer de ses chaînes.

 

Photo : Unsplash | Samuel Clara