S’exposer au monde et lui sourire

Erick Tang

Est-ce que les gens sont trop sérieux aujourd’hui? Et se prennent-ils trop au sérieux? Je me pose la question car, parfois, avoir du plaisir détonne dans la morosité ambiante. Un éclat de rire dérange dans le métro, sourire à une inconnue produit un effet de doute chez la personne croisée, le moindre brouhaha de jeunes qui s’amusent en irrite plusieurs… Et c’est sans compter l’agressivité au volant des gens qui croient important de sauver 4 secondes en bifurquant entre les voitures de façon dangereuse.

Pourtant, s’ancrer dans le moment présent, avoir du plaisir, s’amuser, décrocher du quotidien, prendre conscience qu’on n’a qu’une vie et qu’on n’est une infime poussière dans l’univers, tout ça nous procure paix et détente. Si on passe notre vie à être crispé, à toujours penser au futur, à tout calculer, à ne pas déroger de notre routine de peur de s’y perdre, on passe à côté de bien des choses…

Je fais beaucoup de route depuis quelques mois et je constate à quel point l’individualisme automobile semble créer son lot d’égoïsme et de déconnexion avec les autres membres de la société. Le nombre de manœuvres dangereuses auxquelles j’assite, la quantité de gens qui texte au volant à vive allure, les dépassements risqués (et inutiles), les gens perdus qui ne réalisent pas qu’ils sont à contre sens… Je pourrais continuer longtemps et je ne saurais dire si c’est pire qu’avant ou si c’est juste que je suis plus confrontée à cela maintenant.

Mais ce qui recoupe tout ces comportements, c’est le fait que chacun est dans sa petite bulle. Je ne suis pas une « fan » finie du métro mais j’avoue que j’apprécie grandement le fait de pouvoir m’occuper pendant que je me déplace. L’auto, ça fait en sorte qu’on perd notre temps et qu’il est impossible de faire autre chose, mis à part d’écouter des balados, de la musique ou des livres audios. Mais, il faut voir la tête des gens qui me voient rire dans ma voiture parce que j’écoute quelque chose de drôle. J’ai l’impression de les déranger même si mes vitres sont fermées!

Il m’arrive souvent de faire un sourire aux gens que je croise et majoritairement, on me regarde bête, comme si j’étais anormale. Je persiste car au fond de moi, je sais que ça les atteint même si la carapace extérieure demeure impassible. Peut-être qu’un jour ils vont raconter cet épisode de vie à quelqu’un qui leur fera comprendre que c’est poli et surtout normal d’agir ainsi! Mais peu importe, je ne m’empêcherai pas de répandre ma bonne humeur au quotidien…

Il y a aussi ceux qui parlent d’eux-mêmes comme d’une denrée rare ou d’une merveille inestimée. Il y en a toujours quelques-uns que je croise et qui me font dresser le poil sur les bras. Comment peut-on être si égocentrique et ne pas s’en rendre compte? Le je-me-moi, la tendance à ramener tout à soi, le réflexe de se comparer pour se remonter…. Ouf, ça me tire du jus!

C’est drôle car j’adore écrire au « je » car je désire partager ma vision et mes réflexions, mes trouvailles et mes expériences pour échanger et recevoir les commentaires, les rétroactions. C’est comme nommer tout haut une émotion, ça fait prendre conscience et avancer plus vite. Mais, dans la vie, j’adore écouter les histoires des autres, les anecdotes comme les confidences touchantes, les récits de voyage comme le quotidien.

Être trop sérieux, je crois que ça nous prive de belles émotions et d’opportunités farfelues qui peuvent faire éclater notre créativité, résonner en nous une énergie authentique et nous faire découvrir de nouvelles facettes de nous-mêmes. Être trop sérieux, ça me semble être une carapace, une armure qui nous emprisonne dans le connu et le commun. Mais on sait que pour changer, il faut s’ouvrir, lever la tête et s’inspirer du monde autour. Sortir de son cocon, avec le sourire et la confiance, ça fait tellement du bien…

 

Photo : Unsplash | Erick Tang

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