Prête, pas prête…

Marcela R

Dans la vie, j’adore m’exposer à des philosophies ou façons de penser différentes, écouter des gens partager leur vision du monde et me remettre en question. Quand, en plus, je peux rire un bon coup, décrocher de mon quotidien et me laisser guider sans souci, ça devient un réel plaisir. Et c’est cette belle aventure que j’ai pu vivre ce samedi en allant voir le spectacle « Ça » de l’humoriste André Sauvé, à la salle André-Mathieu à Laval.

À la base, cet homme me fascine, autant par la vitesse de son cerveau que son verbe facile et sa gestuelle expressive. Mais j’ai senti une maturité nouvelle chez celui qui partage son temps entre Montréal et un minuscule village dans les Alpes françaises. Personnage insaisissable, il nous entretient pendant une heure et demie sur les aléas de la vie, sur les détours et les virages qu’on prend sans réellement s’en rendre compte.

L’intelligence de ses propos nous surprend toujours et il avoue lui-même que sa bouche ne tient pas le rythme sur le flot de pensées qui se bousculent dans sa tête. Mais on arrive toujours à suivre et à saisir toutes les subtilités de ses sketchs savamment orchestrés, sans flaflas ni décor complexe. Il est là, tout simplement, à nous partager ses réflexions et constatations sur la vie, ses frasques savoureuses et ses anecdotes rigolotes. J’ai rarement autant ri…

Toutefois, ce que j’apprécie le plus de ce spectacle, c’est l’écho qu’il laisse subtilement en nous, car bien qu’on rie de bon cœur, il demeure une réflexion, une pointe de questionnement par la suite. Car le cœur du thème est bien « ça », qu’est-ce qui fait qu’on est là, qu’on sait où on s’en va, qu’on accepte ce qui nous arrive ou qu’on s’obstine à tenter de déjouer le destin. Il nous parle des autres éléments vivants dans notre univers qui ne s’acharnent pas à essayer d’être autre chose. Un pommier, il fait des pommes, il ne se demande pas pourquoi il ne produit pas des poires, ou des oranges…

Hors contexte, ça peut sembler étrange mais je vous garantis que vous ne regretterez pas d’assister à ce pot-pourri de blagues, de pensées, de partages humoristiques et de moments plus songés. On se dit souvent dans la vie qu’il faut écouter « ça », son instinct, ses tripes. Et bien le mien m’a poussé à me procurer des billets de se spectacle dès l’annonce de sa sortie et je n’en regrette rien. J’en aurais même pris encore plus!

Voir quelqu’un avouer ses erreurs ou ses expériences désastreuses devant soi avec une auto-dérision hors du commun, ça fait un bien fou. Il n’y a rien de plus libérateur que d’entendre quelqu’un nous raconter avec brio son expérience du lâcher-prise, les vertiges mais les bouffées d’air aussi qui viennent avec tout ça. Oui, décider de changer de vie, de changer de cap, ça fait peur, ça rend terriblement insécure mais on n’a qu’une vie à vivre alors aussi bien vivre celle qui nous plaît au lieu de rester dans l’inconfort de celle qu’on a jadis choisie.

L’aspect humain de ce spectacle est inspirant dans un monde préformatté où tout se ressemble. On rit, bien sûr, mais on en sort avec cette impression qu’on s’accroche peut-être un peu trop à ce qu’on connaît, à ce qui nous conforte et que si on osait sortir du cadre un peu, on goûterait sans doute à quelque chose de nouveau, de rafraîchissant, qui peut nous amener complètement ailleurs.

Accepter de tourner la page, de voir ailleurs, de changer de décor et d’environnement, ça ne fait de mal à personne. Ça peut juste donner du beau et du bon, ou, au pire, nous faire réaliser qu’on est bien chez-soi. Si vous avez envie de ce genre de moment qui détend mais qui, aussi, vient un peu brasser l’intérieur, procurez-vous des billets de « Ça » et vous serez ravi! Moi, ça m’a juste donné envie de dire : prête, pas prête, j’y vais!

 

Photo : Unsplash | Marcela R

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