Prendre le temps…

Austin Neill

Ça y est, le décompte est commencé. Les centres commerciaux se remplissent de gens pressés, les cartes de crédit surchauffent et les dindes disparaissent à vue d’œil. Je ne sais pas pour vous mais moi, je me sens déconnectée de tout cela. Cette frénésie pour l’achat et la préparation m’épuise et me rend un peu triste. Pourquoi court-on ainsi alors qu’au fond, tout ce qui compte, c’est d’être présents et heureux?

On le répète sans cesse, le bonheur ne se trouve pas dans les biens matériels ou les avoirs et on ne se définit pas par notre look, notre niveau social ou notre échelon salarial. Tout cela n’a rien avoir avec le bonheur et bien malheureux sont ceux qui croient atteindre le nirvana en gagnant plus d’argent. Bien souvent, la route pour s’y rendre sera remplie d’embûches et enfin arrivé à destination, la langue à terre, on constate que ce n’était qu’un mirage.

À trop vouloir tout avoir, bien paraître et être apprécié, on finit par s’oublier et s’éloigner de l’essentiel : l’humain. Parfois, je me demande ce que ma grand-mère penserait de nous, elle qui aimait tant écrire, parler et écouter. Elle aurait surement rigolé de nous voir avec nos téléphones « intelligents », nos tablettes électroniques et nos gadgets en tout genre. Parce qu’il n’y a rien de plus froids et insensibles que tous ces appareils qui nous entourent.

Un ami m’a récemment partagé cette vidéo touchante d’une dame de 91 ans qui parle de sa vie, en tout modestie et authenticité. Je vous invite à la visionner. Ça m’a rappelé cette époque où on se souciait peu de notre image et où on devait planifier notre vie sans se baser sur la technologie. On devait s’appeler d’avance car on ne serait pas joignable dans la journée. On notait nos numéros de téléphone importants dans un carnet,nos rendez-vous dans un agenda, nos listes d’épicerie sur un bout de papier recyclé.

Nos recettes trônaient dans de gros livres tâchés de nos expériences culinaires et on s’envoyait des lettres qui prenaient un temps fou à arriver. J’ai souvenir d’une correspondante que j’avais en 4e année du primaire qui habitait aux Îles de la Madeleine. Quand il y avait de grands vents, une tempête ou un souci avec la pêche, j’attendais impatiemment que la réponse arrive. Famille de pêcheurs oblige, la jeune fille participait à la vie familiale et priorisait cette activité à la communication.

Je me souviens de mes premiers courriels envoyés, ça allait si vite! C’était déroutant, tout comme l’accessibilité à l’information que nous a apporté Internet. Vous serez peut-être étonnés de me lire sur le sujet, sachant que je travaille dans le milieu numérique. Mais je me souviens de l’avant, avec une certaine nostalgie. Ce temps où la lenteur était normale, où on n’était pas connecté et disponible 24/7 et où on vivait pour soi et non pas à travers un écran.

Je ne me lancerai pas dans une tirade du type « dans mon temps… » parce que tous les temps ont du bon et du moins bon. Les avancées de la médecine sont formidables et je ne regrette pas l’accès à la musique et la culture en général que j’ai aujourd’hui. Mais je trouve qu’on se cache beaucoup derrière nos écrans au lieu de sortir voir la vie dehors.

Depuis plusieurs mois, j’observe mon propre comportement, mes habitudes de vie et mes manies. Parce que je crois que c’est important de s’améliorer constamment et ne pas tomber dans la routine confortable. Et j’ai retenu mon élan à quelques reprises d’aller passer le temps dans un centre commercial, à dépenser mon argent durement gagné pour ne pas ressentir ce qui me chicotait l’intérieur. Anesthésier ses bibittes à coup de magasinage, de Netflix ou de substances ne sera jamais la solution.

En ce temps festif, soyons attentifs à ceux qui nous entourent. La nostalgie et le mal-être ressortent toujours en cette période de l’année. Et si vous constatez qu’un proche semble dans s’enfermer dans sa bulle, au lieu de lui offrir un autre verre, offrez-lui donc un câlin ou simplement votre oreille. Je vous parie que ses yeux brilleront et que vous lui ferai du bien. S’intéresser aux autres vaut mieux que tous les plaisirs éphémères et artificiels!

Photo : Unsplash | Austin Neill

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