Un soi assumé

Sven Mieke

Ce matin, comme bien souvent quand je viens travailler à Montréal, je suis arrivée tôt pour m’installer tranquillement avec mon déjeuner maison et me dédier à la rédaction de mon billet matinal. Et, comme il m’arrive fréquemment, je suis sur le même horaire qu’une autre femme. Cette jeune dame, je la croise aux toilettes et chaque fois, j’éprouve une certaine ambiguïté dans cette rencontre impromptue. C’est que, voyez-vous, lorsque je la vois, elle se maquille devant le miroir pendant que je lave mes mains.

Drôle de sujet me direz-vous? Un peu oui… Et il n’est aucunement question de jugement ici. C’est plutôt une résonance en moi qui me préoccupe car, je vous parle de maquillage mais aussi d’image corporelle. Cette jolie femme se maquille longuement chaque matin avant de se présenter à ses collègues et pas qu’un petit coup de mascara rapide. Fond de teint, blush, ombre à paupières, crayon, mascara, rouge à lèvres… Tout y passe.

Je comprends ce désir de se sentir belle et grand bien lui fasse, sa situation ne me regarde pas. Surtout qu’à une certaine époque, j’étais moi aussi dans une dynamique de besoin d’esthétique et d’image léchée. Mais, depuis, j’ai changé. Et sa routine me ramène à l’ancienne moi. Je suis fière de m’être défaite de ce masque que je portais mais je me questionne sur ce que la société perçoit des femmes qui, comme moi, refusent de jouer ce jeu.

Aussi, bien que j’aie diminué la couche de maquillage, il m’arrive de faire un minimum et il m’est presque impensable de me présenter au bureau ou dans un souper à l’extérieur complètement au naturel. C’est cette prise de conscience qui me chicote ce matin, qui me confronte à une certaine incohérence dans ma vie. J’en avais déjà parlé auparavant car il n’y a pas si longtemps, je me maquillais dès mon lever du lit. Comme si, même moi, je ne voulais pas me voir sans ce petit embellissement.

Avec l’âge, on apprend à s’analyser et à se comprendre, à comparer ses comportements à ses valeurs, à prendre du recul et parfois, comme il m’arrive ce matin, on réalise que les choses ne sont pas parfaitement alignées. Et, honnêtement, quand cela survient, au lieu de me taper sur la tête comme je le faisais avant, je suis plutôt heureuse de cette découverte. Car c’est un progrès, un avancement, un pas de plus vers le vrai moi.

Parfois, un petit événement, une situation anodine m’amène à réfléchir et c’est ce qui est beau de la vie. Nul besoin d’un grand chamboulement pour évoluer. Un simple petit regard, une ouverture au monde et voilà qu’une réflexion s’anime, se fraie un chemin vers mon esprit et me touche. Et ça aussi, je trouve ça bien. Car je me souviens d’une époque où, rongée par l’anxiété, j’arrivais à peine à ressentir la faim alors imaginez de subtiles pensées de la sorte!

Avancer, un pas à la fois, vers le meilleur de soi, c’est un peu notre raison d’être il me semble. Cette année en est une importante pour moi et j’ai décidé de m’écouter, de m’aimer et de m’accepter du mieux que je le peux. Par mes choix, mes décisions, mes envies, mes lectures et tout ce qui peuplera ces mois à venir, j’ai envie d’explorer qui je suis et ce que j’aime. Et c’est dans cette optique que ce situe le fait d’accepter que, parfois, j’ai envie d’ajouter un peu de brillant, de faire la paix avec ce désir d’un peu de glamour (surtout que j’ai découvert quelques marques d’ici qui confectionnent des produits bios sans ajout chimique! Je vous en reparle sous peu.)

On a tous plusieurs facettes en soi et un des défis est justement de les faire cohabiter harmonieusement. La sportive, la femme belle, l’intello, la timide et l’exubérante. Tout cela fait partie de moi et j’apprends lentement à mélanger le tout pour être tout simplement moi. Un défi de tous les jours que j’ai très envie de relever!

Photo : Unsplash | Sven Mieke

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