S’ouvrir à la nouveauté

Sylvie Tittel

Hier, il m’est arrivé quelque chose d’assez cocasse. Rien de grave mais plutôt une situation qui renforce ma croyance que rien n’arrive pour rien. Je vous explique… Je suis abonnée aux paniers Lufa depuis maintenant plusieurs mois. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, ce sont des paniers d’épicerie hebdomadaires qui contiennent des aliments majoritairement bios, présélectionnés au gré des saisons et des disponibilités. Vous recevez un courriel quelques jours avant la cueillette et vous pouvez modifier le contenu du panier à votre guise. La seule règle est d’avoir un minimum de 15$ de contenu.

Alors, depuis un bon moment déjà, j’ai établi ma routine : je reçois le courriel le vendredi et je fais déjà un premier tri de ce qui ne me convient pas. Puis, au fur et à mesure que mon « plan repas » de la semaine à venir se dessine (lire ici mes envies culinaires), je modifie le panier jusqu’à l’heure limite du dimanche soir (ma cueillette ayant lieu le lundi).

Mais voilà, ce vendredi, j’avais un ami à la maison pour régler un petit souci d’infiltration d’eau. Le jour 1 de ma routine Lufa a été chamboulé. Et ce n’était pas la grande forme ce week-end alors je n’ai pas été aussi efficace qu’à l’habitude dans ma préparation de repas. Tout cela pour dire que j’ai complètement oublié de modifier mon panier. Ce n’est qu’hier matin, alors que le délai était dépassé, que j’ai réalisé mon erreur. Je suis alors allée vérifier ce que Lufa avait prévu comme panier et j’ai constaté que plusieurs légumes allaient me donner du fil à retorde en terme de préparation.

Hier soir, donc, je suis allée récupérer mes aliments mystérieux et je me suis dit qu’il s’agissait là d’une belle occasion de faire preuve de créativité et d’ouverture au changement. Alors j’ai fureté sur le Web à la recherche d’inspiration et, grâce à la merveilleuse Ethné de Vienne, j’ai déniché de quoi me satisfaire. J’ai donc entrepris de faire ma recette dès mon retour à la maison ne sachant pas si je serais ravie ou déçue de mon souper. Et heureusement, c’était délicieux.

Quand je dis que rien n’arrive pour rien, c’est aussi ça. Lâcher prise, apprendre à accepter le changement, mettre de côté le contrôle et l’organisation parfaite pour se laisser guider et inspirer par d’autres. Grâce à cet imprévu, j’ai découvert une nouvelle recette fabuleuse qui convient à mon intestin capricieux. Et c’est super santé en prime, quoi demander de mieux!

Dans le métro ce matin, je regardais les gens entrer à la station Berri-UQAM et j’étais ravie de la diversité des genres et origines. Et je me suis dit que, tout comme dans mon panier de légumes d’hier, il y avait encore beaucoup d’inconnu pour moi et surement un brin de préjugés. La bette à carde m’a d’abord fait sourcillé mais j’ai découvert un légume rempli de nutriment et de chlorophylle que mon système a apprécié autant que mon palais. Il faut parfois être bousculé dans nos habitudes pour s’ouvrir au monde.

C’est la vie qui m’a envoyé cette petite expérience formatrice mais il n’en tient qu’à moi d’ouvrir mes œillères et mon esprit pour découvrir autre chose, pour diversifier mon palais et mes intérêts. On s’enferme souvent dans nos classiques, ce qu’on connaît bien et qui nous convient. Mais on se ferme ainsi à la nouveauté et au plaisir de découvrir autre chose. À force de rester dans nos pantoufles, on finit par ne plus ressentir leur confort.

Avec le printemps qui arrive et les marchés qui ouvriront bientôt, pourquoi ne pas se donner le défi d’essayer un nouvel aliment à toutes les semaines, ou les mois si c’est trop pour vous. Nos fermiers d’ici se fendent en quatre pour nous offrir une qualité exceptionnelle d’aliments savoureux. Ce serait bien qu’on les encourage, qu’on les écoute et qu’on les soutienne dans leur projet souvent difficile. Alors, à vos chaudrons!

Photo : Unsplash | Sylvie Tittel

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