Dans la vie, on peut se faire mille scénarios, tenter de tout planifier d’avance et de prévoir des plans B, C ou Y mais, comme on le sait, la Vie avec un grand V, elle nous réserve toujours quelques surprises. J’en ai eu mon lot depuis quelques semaines, ayant à m’adapter à chaque jour à une nouvelle perspective, à un nouveau revirement de situation. Mais s’il y a une chose qui ressort de tous ces chamboulements, c’est qu’on a besoin de peu de choses pour vivre.
On se complaît dans nos grosses maisons, dans notre vie confortable où tout est accessible, commun, connu. Et quand on brasse tout ça, on est vite déstabilisé, ramené à la réalité : tout peut basculer. Que ce soit la santé, les finances, le boulot ou tout autre élément de notre vie, rien n’est acquis, ni garanti.
C’est facile de tomber dans l’immobilisme, dans la damnée zone de confort qui nous empêche bien souvent d’avancer. Prendre des risques, c’est mis sur un piédestal dans les médias sociaux mais c’est bien souvent très épeurant dans la vraie vie. Les quelques histoires de gens qui ont osé tout faire basculer dans leur vie font rêver la masse qui ne se sent pas capable de dépasser la clôture. Et l’un comme l’autre peut avoir raison, tout est une question de perspective, d’envie, de valeur profonde.
Vendre ma maison et changer de région par amour m’a valu des commentaires étranges : « Wow, tu veux hein! », « tu es courageuse », « moi je ne serais jamais capable », « c’est risqué ton affaire » et j’en passe… J’aurais dû rester dans mon petit confort et regarder le train passer? J’aurais dû avoir peur? Qui dicte ce qu’on devrait faire ou ressentir d’ailleurs?
Je n’ai pas vendu un rein à ce que je sache, ni vendu mon âme (même si certains férus considèrent que de migrer du nord au sud constitue un péché) … Comme mon cousin me l’a dit autour du feu à Noël : ce n’est que de l’immobilier. Oui, j’aimais mon petit cocon confortable de la rive-nord mais est-ce que j’aurais dû m’y accrocher simplement par peur du changement?
Au bout du compte, je demeure la même personne. Tout comme quand j’ai quitté ma région natale pour venir m’installer à Montréal, ou quand j’ai quitté la grande ville pour aller dans un coin plus calme. Ça m’a fait du bien ce mouvement, c’était nécessaire à ma vie. Je n’aime pas avoir l’impression de stagner et ce saut dans le vide me stresse, certes, mais me fait aussi sentir vivante. C’est dans l’incertitude qu’on découvre notre force intérieure.
Me retrouver en location temporairement me fait réaliser à quel point on s’accroche à nos biens, à notre matériel. Avec cette impression d’un petit saut dans le passé, époque de mes premiers logements montréalais tous moins isolés les uns que les autres, je rigole malgré tout de cet intermède en zone estudiantine (avec une école primaire de l’autre côté de la rue en prime).
L’expression « mieux vaut en rire » est de mise en ce moment. Et j’ose croire que tout ce chambardement dans ma vie m’amènera sur une route paisible et agréable. Je pourrais aussi sortir le classique « qui ne risque rien n’a rien » ou, comme dirait Erica Jong « Le problème, c’est que si l’on ne prend pas de risque, on risque encore davantage. »
Il y aura assurément encore d’autres péripéties, d’autres surprises et des décisions impromptues mais quand je prends un pas de recul, je me dis qu’au fond, j’ai la santé pas pire solide, j’ai un toit, un revenu, un amoureux et des amis extraordinaires. Ça pourrait être pire quand même, non?
Photo : Unsplash | AJ Yorio