J’ai écrit souvent sur les bienfaits de se connaître soi-même pour faire de bons choix, pour s’améliorer, pour avancer dans la vie… Mais se connaît-on vraiment ou s’attarde-t-on trop souvent à ce que les autres pensent et voient de nous? On dit souvent qu’on a tendance à regarder trop nos défauts alors que les autres voient l’ensemble. Mais c’est que nous affichons rarement à prime abord, et volontairement, ce qui cloche ou ce qui nous agace de nous.
Et il est normal de vouloir faire bonne impression, de se montrer sous son meilleur jour, de vouloir offrir une image positive de soi. C’est presqu’un réflexe de survie en fait. Être accepté socialement, c’est pas mal à la base… Mais là où ça peut devenir un piège, c’est quand on s’empêtre dans cette image, cette distorsion entre le vrai soi et le miroir déformant.
Au début de ma thérapie, je me souviens très bien d’un livre que ma thérapeute m’avait référé (qui d’ailleurs ne semble plus exister dans aucune librairie) : Le chevalier à l’armure rouillée. Le résumé va comme suit :
Il y a fort longtemps, un vaillant chevalier combattait les méchants, tuait des dragons et sauvait les demoiselles en détresse. Il se croyait bon, gentil et plein d’amour. Il était très fier de sa magnifique armure qui brillait de mille feux, et ne la quittait jamais, même pour dormir. Seulement, un beau jour, en voulant l’enlever, il se retrouva coincé…
Ainsi commença pour lui une quête initiatique, à la recherche de sa véritable identité, au gré de rencontres insolites et d’épreuves riches d’enseignement. En parvenant au « Sommet de la Vérité », il deviendra alors ce qu’il n’avait jamais cessé d’être, un homme au cœur pur, libre de toute illusion et de peur. Cette nouvelle quête du Graal, d’un humour délicieux, fait partie de ces « grands petits livres » comme Le Petit Prince et Jonathan Livingston le goéland. La limpidité, la profondeur du Chevalier à l’armure rouillée, qui parle au cœur et à l’âme, en font un conte d’une portée universelle.
Et je vais toujours me souvenir de ce livre, que j’ai fini, des années plus tard, par faire venir de je ne sais plus où pour pouvoir le relire à l’occasion. Tout simple mais si parlant, ce récit nous ramène à l’essentiel, à l’humain derrière les artifices et surtout, à l’essence même de la vie.
Car entre croire qu’on est quelque chose et l’incarner vraiment, il peut y avoir un monde. Se la jouer preux chevalier, ça peut leurrer bien des gens mais le soir quand on se couche, on le sait au fond de soi qu’on n’est pas tant heureux ainsi. Et avec les réseaux sociaux, c’est facile de projeter une image magnifiée qui ne reflète en rien comment on se sent à l’intérieur.
Se connaître vraiment, être honnête envers soi, sur son état, sur ses pensées, sur ses peurs et appréhensions, c’est se donner la chance de réellement grandir et ressentir. On dirait qu’aujourd’hui, ressentir, ce n’est plus à la mode, car ça vient parfois avec des larmes, avec des doutes, avec des sourcils froncés qui font moins chic sur Instagram…
Mais la vie c’est ça… Ce sont des matins houleux, ce sont des journées qui se passent mal, ce sont des moments à filer toute croche, ce sont des chicanes, ce sont des séparations, ce sont des incertitudes… Tout ça entrecroisé de fous rires, de moments de bonheur et de véritables coups de cœur. Parce que la vie ce n’est pas lisse, ce n’est pas uniforme, ce n’est pas juste wow.
Mais quand on prend le temps de s’arrêter, de se connecter à soi, de se regarder pour vrai, on réalise aussi toute la force qu’on porte en soi, tout ce potentiel qu’on peut exploiter positivement, qu’on peut mettre à profit pour vivre heureux et partager cette joie. Il faut juste se donner la chance de le voir…
Photo : Unsplash \ Nick Fewings