Posts by "trouv" — Page 11

Cesser de chercher

Hannah Busing

On passe notre vie à chercher la bonne solution, la bonne personne, le bon emploi, le bon moment, la bonne crème, le bon vêtement… Souvent, on entend des gens dire « Quand j’aurai trouvé le bon (compléter la phrase) … » mais pourtant, ce n’est jamais assez, ça ne s’arrête jamais. Un peu comme quelqu’un qui est toujours à 10 livres du bonheur, on peut souvent croire qu’on est à un objet d’être heureux.

Le plaisir est éphémère et même si on le sait, on continue de chercher. Comme l’herbe a souvent l’air plus verte chez le voisin, on continue de croire qu’on trouvera mieux, qu’on sera mieux quand on aura ceci ou cela, quand on rencontrera la bonne personne et tout le tralala. Parce qu’on pense que le bonheur peut nous venir de l’extérieur. Pourtant, tout cela est de l’artifice et il faut parfois qu’il nous arrive des moments très durs pour s’en rendre compte.

La maladie, un accident ou un choc terrible peut nous faire réaliser à quel point on court dans le vide après notre bonheur. Comme une souris dans sa petite roue qui s’amuse mais qui s’épuise aussi. Oui, il faut expérimenter et c’est dans ces essais qu’on apprend le plus sur nous. Mais croire que notre bien-être dépend de cela est une utopie très bien entretenue par le marketing et la publicité.

Depuis la nuit des temps, on nous vend l’idée que tel truc ou tel autre nous rendra béat de bonheur. La voiture, la maison, le chien, la bébelle, le setup de la petite famille parfaite… Le taux de divorce n’a jamais été aussi élevé tout comme le nombre d’arrêts de travail pour épuisement et les prescriptions d’antidépresseurs. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche dans ce modèle supposément parfait, non?

On m’a encore demandé récemment pourquoi je vivais seule. Et je me suis rendue compte que souvent, je répondais par des justifications laborieuses auxquelles je ne crois même pas moi-même. Et ce samedi, je me suis dit, « ben parce que ». Pourquoi dois-je expliquer ce statut alors qu’on ne demande jamais à quelqu’un pourquoi il est en couple? Pourquoi devrais-je expliquer ce qui, au fond, dérange les autres et non moi?

Pendant longtemps, je croyais trouver le bonheur auprès de quelqu’un. Et, bien sûr, j’ai été déçue. Non pas que je crois que le couple est surfait (quoi que parfois…) mais c’est surtout dans mes attentes que le problème se situait. Je demandais à quelqu’un de combler mes vides intérieurs, de compenser mes carences. Dure tâche et puit sans fond… Alors évidemment, ça s’en allait dans le mur.

Mais ça, ça ne s’aborde pas avec un ton léger et un verre de rosé (je sais, je l’ai essayé). C’est très intime et personnel alors on garde ça pour les proches. Donc je continue de répondre des banalités pour expliquer mon célibat. Ou je détourne le sujet, je rigole, je fais des blagues. Ce qui ne m’empêche pas de me poser la question, seule avec moi-même. Suis-je réellement bien seule?

Peut-on vraiment répondre à une telle question et doit-on le faire? Je n’en sais rien. Décidément, un matin plein de questions sans réponse… Mais je sais que je suis authentique et honnête envers moi-même. Je ne me mets plus la tête dans le sable et je ne cherche pas à colmater mes brèches intérieures par des relations vides de sens. L’humain a beaucoup de bon à nous apporter et il existe autant de types de relation que de gens sur terre. Alors cessons de tenter de nous mettre dans un moule et de définir pour les gens ce qui devrait leur correspondre. Le bonheur n’est ni au fond d’une boîte de céréales, ni dans une relation. Il se trouve bien souvent quand on arrête de le chercher.

Photo : Unsplash | Hannah Busing

Rester fidèle à soi-même

Matthew Fassnacht

De nos jours, on nous demande beaucoup de s’adapter. Au boulot, dans nos habitudes ou dans notre façon de voyager, il faut constamment ajuster notre façon de faire, d’être, de parler. Pour ne pas froisser, pour être plus efficace, pour se fondre dans la masse, on doit mettre de côté partiellement des parties de soi, taire notre petite voix, tourner sa langue sept fois. Mais à force de se morceler ainsi, il arrive qu’on ne sache plus qui on est vraiment, qu’on n’arrive plus à retrouver son essence.

Et, malheureusement, à force de s’adapter, on peut devenir le caméléon en chef, capable de se mouler aux désirs de tous mais déconnecté de soi. On devient un miroir. Tout le monde nous croit si heureux et si nomade qu’on en vient à croire que c’est ce qui nous définit. Mais pourtant, seul chez-soi, on ressent un grand vide, un manque, une noirceur.

C’est un passage que j’ai connu, après des années d’angoisse qui m’amenaient à vouloir plaire à tous, à tenter de combler tous les vides des autres, de sauver les gens, de rendre heureux. Mais je m’oubliais car il était plus facile d’aimer les autres que de m’aimer moi-même. Et ça me semblait nourrissant, enrichissant. Sauf quand j’étais seule dans mon lit le soir à me demander à quoi ça rimait tout cela.

Heureusement, j’avais avec moi, dans ce périple de vie, ma fidèle psy qui me guidait, m’écoutait et surtout, me voyait aller plus que j’en étais capable moi-même. Avec ses questions précises qui m’atteignaient droit au cœur, elle me ramenait sur la route vers moi-même. Dans toutes mes dérives et mes tergiversations, elle était mon phare, celle qui m’empêchait de couler.

Toutes ces expérimentations ont finalement fait de moi qui je suis aujourd’hui. Comme des essais pour me définir, comme si je devais toucher les extrêmes pour découvrir mon centre, mes racines. J’aurais peut-être pu prendre un chemin plus facile mais je n’aurais sûrement pas gagné chaque millimètre de confiance aussi profondément. Car aujourd’hui, ces acquis, je les ai pour la vie et ça, je ne changerais ça pour rien au monde.

Je ne vis pas dans les regrets, je n’aime pas les « j’aurais dû ». Je préfère les « j’ai essayé et ce n’est pas pour moi », car ça me permet de tourner la page définitivement au lieu de laisser une petite parcelle de mon cerveau se demander si… Parfois, ça fait mal, parfois, ça demande du temps pour s’en remettre mais au moins, j’avance sans boulet ni contrainte.

Rester fidèle à soi-même, ça demande avant tout de se connaître et de s’apprécier. Car il faut parfois batailler un peu pour demeurer soi, faire valoir son point et trouver un ancrage à l’intérieur, dans la tempête. On rencontre des gens de forte influence, ceux qui aiment rallier, ceux qui veulent toujours avoir raison, ceux qui ne regardent que leur nombril et si on n’est pas solide en dedans, on peut se laisser attirer.

Rester fidèle à soi-même, c’est parfois aussi renoncer. Renoncer à un amour malsain, à une relation toxique mais oh combien divertissante, à un entourage gentil mais inadéquat, à un travail payant mais épuisant. Souvent, les gens autour de nous ne comprennent pas pourquoi on décide de s’éloigner mais ce qui importe, c’est ce qu’on ressent en-dedans. Notre petite voix, elle, le sait pourquoi on fait tout cela.

Rester fidèle à soi-même, c’est se donner la chance d’être heureux, serein et de trouver une certaine paix intérieure, malgré ce que les autres en pensent, malgré les doutes, malgré la peur, malgré les commentaires et les jugements. Parce que, quand on se couche le soir, c’est face à nous que nous sommes.

Photo : Unsplash | Matthew Fassnacht

Pour la simple raison d’être bien

Emma Simpson

Ce matin, un texte partagé sur un groupe de course a attiré mon attention. Étonnamment, c’est un billet paru sur le site de RDS, pour moi qui regarde à peine la télévision et qui n’a pas le câble depuis longtemps déjà. Mais le sujet m’appelait par son titre et l’évidence de son contenu : les derniers seront les premiers.

Je vous invite à le lire si le cœur vous en dit. En gros, ça parle de ceux qui finissent derniers lors des courses officielles, alors que les gens quittent souvent les lieux, alors que les grandes festivités sont terminées et que, bien souvent, il reste à peine de quoi confirmer la fin du parcours. Je ne suis pas de ceux qui franchissent la ligne d’arrivée en dernier mais je ne suis vraiment pas non plus dans les premiers à être acclamés. Je suis dans la bonne moyenne.

Mais je sais que si je tente une épreuve plus longue, je serai plus lente, je souffrirai comme tous ceux qui affrontent ces épreuves avec le cœur à la bonne place mais la forme physique ou les capacités pas au top. Car parcourir de telles distances, ça demande une détermination en béton armé, surtout quand notre rythme est plus lent. Pour la simple raison que cela signifie qu’on court plus longtemps. La souffrance est donc plus longue, les douleurs et les inconforts sont ressentis sur une durée qui peut paraître une éternité.

Mais la fierté, elle, demeure la même. Celle d’avoir accompli son exploit, celle d’avoir atteint son objectif, celle d’avoir résisté à l’envie d’abandonner, celle d’avoir suivi son plan malgré les difficultés. Et cela, il faut l’avoir vécu pour le comprendre réellement. Tout comme il faut être sportif pour comprendre comment, après une longue journée de travail, ça fait du bien d’aller faire une sortie, pour se vider la tête et le corps de tout ce stress accumulé.

Combien de fois ai-je entendu quelqu’un dire : ah mais je suis tellement épuisé à la fin de ma journée, je n’aurais pas l’énergie d’aller courir. Cette fameuse perception que ça nous vide alors que, pourtant, faire du sport, ça nous remplit d’une énergie nouvelle. C’est comme une purge : ça fait sortir le méchant pour le remplacer par du bon. Et c’est grâce à ces entraînements qu’on arrive à des courses bien préparé, apte à affronter les doutes et les obstacles.

Ce texte, ce matin, m’a rappelé aussi pourquoi j’aime participer à l’occasion à des courses officielles. Parce qu’être entourée de gens qui ont la même passion que moi, ou la même folie diront certains, c’est revigorant. Entre nous, on se comprend. Tout comme, quand on sort courir et qu’on croise un autre coureur, il y a ce petit signe pour se saluer et cette étincelle dans le regard qu’on partage et qui veut dire : je te comprends, je suis avec toi.

Prendre du temps de son horaire pour s’entraîner et participer à de tels événements, c’est se donner de l’amour. Parce que la santé, ça ne tombe pas du ciel. Parce qu’avec nos vies de fou où tout semble toujours aller trop vite, il faut être entêté pour tout arrêter et prendre du temps pour soi. Il faut s’aimer pour faire cela au lieu de s’évacher sur le sofa à regarder Netflix.

Alors oui, ceux qui finissent les derniers lors d’une course officielle méritent toutes les félicitations du monde. Parce qu’ils ont l’endurance physique mais surtout mentale pour aller au bout de leur engagement. Parce que oui, toutes les performances se valent et ce n’est pas le temps sur le chrono qui compte mais ce que le coureur ressent à l’intérieur de lui d’avoir accompli cette merveille un beau jour de printemps. Après des mois d’efforts, après des heures de sueur, après des moments de découragement, des blessures, des sacrifices et des doutes, le jour J, c’est magique. Peu importe d’être premier ou dernier, l’important c’est de participer.

Photo : Unsplash | Emma Simpson

Se rencontrer

Chang Duong

Ce samedi, c’était l’événement Courir Lorraine auquel je participais, non pas comme coureuse mais plutôt comme membre du comité organisateur. Je n’ai pas couru officiellement mais j’ai couru à gauche et à droite pour régler les détails, compenser, corriger, ajuster, aider… Mais malgré le lever du corps très (trop) tôt pour un samedi, encore un peu sur le décalage, j’ai eu une journée magnifique. Car aider, supporter, partager et collaborer avec une équipe dévouée, ça apporte beaucoup plus que ça n’épuise.

J’ai longtemps cherché comment m’investir dans ma communauté, comment redonner ce que la vie me permet d’avoir et de découvrir et je crois avoir trouvé chaussure à mon pied. Marier mon amour pour le sport et la santé avec mes connaissances et mon leadership, c’est comme d’avoir rallier ensemble toutes mes forces. Et surtout, cela me permet de côtoyer des gens formidables qui m’apprennent à devenir une meilleure personne, un meilleur humain.

C’est dans le don de soi qu’on parvient à ouvrir son esprit, c’est en fréquentant des gens de partout qu’on découvre ce qui fait que le monde est beau. Quand on reste enfermé dans sa petite bulle, on se complaît, on arrive même à se sentir supérieur ou meilleur que les autres. Mais quand on se confronte au vrai monde, on réalise finalement qu’on est si petit et qu’on a encore tant à apprendre, à comprendre.

C’est si facile de juger ou de critiquer mais quand on vit de l’intérieur l’organisation d’un événement, qu’on participe à l’élaboration d’un projet, on y voit toutes les embûches et tous les efforts nécessaires pour atteindre un objectif, mener à terme et envisager une réussite. Tout à toujours l’air plus simple quand on ne voit que la pointe de l’iceberg. Mais sous l’eau, il y a un monde d’inconnus à gérer et d’éléments masqués au public mais qui sont essentiels, tout comme il y a une panoplie de gens qui pédalent fort pour permettre à tous d’avancer.

La force du groupe, on en parle souvent mais quand on ne le vit pas, on oublie ce que ça représente. Que ce soit une équipe sportive, une troupe de théâtre ou un comité organisateur, c’est le mariage des forces et expériences de chacun qui enrichit le groupe et en fait le moteur. On dit souvent que seul on peut aller plus vite mais ensemble on peut aller plus loin. Et c’est tellement vrai.

On peut rester à l’écart, décider de ne pas embarquer dans la parade. Et encore là, j’apprends tous les jours à ne pas juger ceux qui décident de ne pas s’impliquer car je ne connais pas leur histoire, leurs raisons. Mais je sais qu’il faut se garder de critiquer quand on ne connaît pas et que ça marche dans les deux sens.

La vie, c’est un gros laboratoire. On ne décide pas toujours, et même rarement je dirais, ce qui arrive, on contrôle peu de choses et c’est tant mieux. Car c’est quand on reste ouvert aux opportunités qu’on arrive à découvrir le plus de choses et surtout, à grandir. Si on baisse les yeux et qu’on ne regarde que son petit carré de sable, on va vite devenir blasé.

Aller à la découverte des autres, c’est aussi, souvent, aller à la découverte de soi. Car c’est en rencontrant qu’on entrevoit en nous des facettes différentes. C’est dans l’échange que notre pensée se forge, c’est dans la discussion que nos opinions se précisent. Et c’est dans l’implication que notre cœur se nourrit et s’enrichit. L’entraide est une valeur inestimable et qui apporte à tous un peu de lumière dans cette vie pas toujours facile. Soyons vrais et unissons-nous au lieu de se chamailler. C’est tellement plus beau à voir et ainsi, on arrivera à s’aimer, un peu plus chaque jour.

Photo : Unsplash | Chang Duong

Comment vas-tu?

Daniel Schaffer

Cette question si simple qu’on pose allègrement, à tout vent, sans toujours attendre une réponse. C’est devenu si commun qu’on s’en rend à peine compte. Comment vas-tu? Ah, ça va bien, et toi? Formule classique, sans prétention mais sans non plus d’implication. Ose-t-on y répondre sincèrement ou si on le fait machinalement comme on lance des bonjours sans intensité?

On se préoccupe peu les uns des autres. On avance, trop vite, dans nos vies, trop chargées, trop rangées. Aller mal, ça détonne. Filer un mauvais coton, ça dérange, ça freine l’élan des autres. Pourtant, tout le monde va mal à un moment donné. Tout le monde ressent un petit blues, un petit down. Sans raison profonde ou sur un fondement solide, le mal-être, le malaise, il est normal.

On parle beaucoup de santé mentale mais très peu du simple « bof ». Comme si, encore une fois, ça devait être grandiose ou majeur pour qu’on s’en préoccupe. Mais la petite souffrance anodine, le mauvais jour, la peine lancinante, c’est aussi important d’en prendre conscience. Car c’est ce qui peut mener éventuellement à plus grave. Et il ne faut pas attendre, justement, que ça s’aggrave.

Alors… Comment allez-vous? Vous posez vous, même, la question de temps en temps ou avancez-vous à vitesse grand V sans vous préoccuper de votre propre état? C’est peut-être d’ailleurs pourquoi celui des autres nous importe si peu : parce qu’on n’arrive plus à se connecter à soi-même pour se ressentir. Alors le mal-être des autres nous perturbe et nous ramène au nôtre qu’on tait depuis trop longtemps.

Hyper connectés, hyper cultivés et hyper accessibles, on n’en est pas moins si peu enracinés. On se projette beaucoup, dans le futur ou ailleurs. Mais pourtant on est ici, maintenant. Et c’est bien la seule chose sur laquelle on a un certain pouvoir. Comment désire-t-on profiter de ce moment unique et singulier? Comment se sent-on dans cet instant présent?

On nous enseigne beaucoup de choses dans la vie, à l’école comme au boulot. Mais rarement on nous montre l’importance du ressenti. Et entre vous et moi, sauf exception, ça nous serait plus utile que l’algèbre mettons… Certaines expériences ont d’ailleurs été faites sur des cours de méditation donnés à des enfants et les résultats sont plus que probants sur leur concentration et leur capacité à intégrer la matière et à interagir en groupe.

Je vous invite donc à prendre quelques minutes par jour pour vous détacher de l’extérieur et pour sentir, au fond de vous, ce qui se trame. Pas de distraction, de musique, de film ou de réflexion. Le silence et vous-même. Et si ça vous effraie, c’est juste que ça fait trop longtemps que vous ne vous y êtes pas attardé. Mais ne craignez rien, ça ne fait pas mal 😉

Et quand quelqu’un vous demandera comment ça va, répondez honnêtement (tout en restant adéquat : les grands épanchements n’ont pas leur place au travail). Mais au lieu de balayer la question du revers de la main sans y réfléchir, profitez-en pour prendre quelques secondes d’introspection. Vais-je vraiment bien? Si personne ne prend le temps de s’enquérir de votre réponse, vous pourrez au moins rebondir sur cette interaction pour en faire quelque chose de positif, pour vous.

Photo : Unsplash | Daniel Schaffer