Posts by "trouv" — Page 73

Tout est relatif…

Lubomirkin

Avec Noël qui approche, on voit de plus en plus de projets « faites-le vous-mêmes », ou dans sa version originale, du DIY (Do it yourself). Je trouve personnellement cette vague intéressante étant donné les enjeux environnementaux que nous avons. En effet, si ça peut éviter d’ajouter encore de nouveaux objets jetables dans la quantité déjà immense de déchets polluants, on serait fou de ne pas être en faveur de ce mouvement.

Mais encore une fois, il ne faut surtout pas tomber dans la culpabilisation généralisée. J’ai vu des groupes de gens prônant un retour aux sources, le minimalisme et la consommation responsable dénoncer des pauvres parents qui tentaient de se regrouper pour acheter en vrac plutôt qu’à l’unité, et d’autres qui s’échangent les promotions dans les magasins pour s’informer et s’entraider.

Je comprends bien qu’il faut consommer intelligemment et tenter le plus possible de réduire notre empreinte sur la planète souffrante mais je pense qu’il devient crucial de relativiser et de surtout, ne pas ajouter de charge mentale sur les familles qui peinent à joindre les deux bouts ou à simplement arriver au vendredi en même temps que tout le monde.

On va se le dire, je ne connais rien à la réalité familiale, ou si peu, étant célibataire et sans enfants. Mais je suis entourée de parents et, quoique la majorité tente de faire de son mieux pour concevoir elle-même ce qu’elle peut (conserves, savon, crème, vêtements et dentifrice, entre autres), ces familles n’ont pas toujours le temps ni l’énergie pour se lancer dans des aventures plus exigeantes. Faire son pain n’est pas donné à tous, ni même faire de la couture. Et tous n’ont pas le même talent pour les tâches manuelles.

Je n’aime pas la radicalisation, le comportement dénonciateur qui fait que les gens se sentent coupables d’exister. Et quand je vois ces groupes être sans pitié pour la pauvre mère à l’épicerie qui a eu le culot de prendre des sacs d’épicerie jetables (lire ici mon sarcasme) car elle avait oublié ses sacs réutilisables, entre la gastro de sa fille et la fièvre du petit dernier, je m’insurge. C’était quoi de lui en offrir un des vôtres ? C’était quoi de lui demander si elle avait besoin d’aide au lieu de la juger sévèrement, sans aucune empathie ?

Même moi, qui n’a que ma petite personne à penser, ça m’arrive d’oublier… Est-ce qu’on peut se donner un petit break dans le jugement svp ? Oui, c’est décevant quand on voit systématiquement le voisin seul acheter sa livre de bœuf haché et prendre un sac jetable. Mais peut-être qu’il fait son compost, peut-être qu’il utilise la pelle plutôt qu’une souffleuse, qu’il fait des travaux manuels chez ses enfants pour les aider, qu’il leur a « gossé » une table de salon dans un bûche ou des cabanes d’oiseaux pour partager sa passion avec ses petits-enfants… Ce que je veux dire, c’est qu’on ne connaît pas la réalité ni les raisons des gens.

Oui, j’adore quand mon amie m’offre des savons et des crèmes faits de ses propres mains à Noël, ou quand mon autre amie me tricote des lingettes lavables pour le visage. J’envisage d’aller prendre un cours pour faire du pain maison avec une amie, sans engagement ni promesse que plus jamais je n’achèterai de pain du commerce. Juste pour essayer, pour voir, pour savoir et apprendre.

Je reviens encore au concept d’expérimenter qui me tient tant à cœur. Mais ça doit être fait sans pression et sans que ça sous-entende qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. La sérénité est notre alliée, gardons notre esprit flexible et ouvert au lieu de chercher des bibittes partout. Ça ne compte peut-être pas dans nos émissions de gaz à effet de serre mais ça compte dans notre santé mentale. Et ça, ça se mesure au quotidien, dans notre tête comme dans notre cœur.

 

Photo : Unsplash | Lubomirkin

Une amitié victorieuse

Hannah Rodrigo

Avoir des amis, des gens qui nous connaissent mieux que nous-mêmes, qui nous acceptent comme on est et qui ne nous jugent pas pour nos erreurs, c’est très enrichissant dans la vie. Et ce samedi, j’amenais ma grande amie au restaurant, question de savourer un excellent repas tout en célébrant plus de dix-sept ans d’amitié. Quand j’ai cherché l’endroit idéal pour ce moment, le hasard m’a bien guidé…

Cette personne, qui se reconnaîtra inévitablement, n’a pas toujours eu la vie facile, et a choisi de mettre sa propre existence sur pause, en quelque sorte, pour prendre soin de sa mère pendant une dizaine d’années. Vous savez, ce statut d’aidante naturelle dont on entend parler dans les médias? C’est ce qu’elle a choisi de faire avec tout le dévouement que cela exige. Bref, pendant cette période, son quotidien n’était pas de tout repos.

Aujourd’hui, la vie lui a envoyé des bouffées d’air frais, des signes que son geste altruiste était récompensé. Particulièrement, un nouvel emploi qui la comble et met en valeur ses compétences et sa personnalité. Dans ce contexte, je trouvais très approprié d’aller profiter de la vie dans cet endroit bien réputé : le restaurant chez Victoire.

Une victoire, c’est de gagner une bataille, qu’elle soit physique ou métaphorique. Et quand on réussit à retrouver un chemin plus facile, quand on arrive en haut de la montagne, quand on ressent enfin un soulagement, un sentiment de fierté face à soi, pour moi, c’est une sacrée victoire. Et c’est ce que mon amie a accompli dernièrement, après plusieurs mois de brouillard et de questionnements.

Alors, à travers ce récit de vie, c’est de l’expérience gastronomique dont je voulais vous parler. Au-delà du nom significatif, nous avons été accueillies par de jeunes gens forts sympathiques. Je le précise car on s’est même fait la réflexion : ils se ressemblent tous. Étrangement, tous les serveurs avaient le même style, comme interchangeables. Peu importe le look, la qualité était au rendez-vous.

Et ce caractère agréable s’est aussi retrouvé dans nos assiettes et dans nos verres. Tout d’abord, le menu est très bien conçu, offrant de nombreuses entrées à partager. C’est d’ailleurs cette option que nous avons prise, question de pouvoir goûter à plus de plats et d’étirer notre plaisir. Les huîtres, au départ, étaient savoureuses et généreuses. Et chaque plat qui s’en est suivi était succulent, que ce soit le risotto aux champignons, le ravioli géant à la courge, le tartare de betteraves ou le chou-fleur rôtis à la truffe. Comme si les astres s’étaient alignés pour nous faire vivre un moment magique. Avec une carte des vins brillamment conçue, diversifiée à souhait et offrant de magnifiques produits natures, nous étions comblées. Même les accords avec les desserts ont été parfaits.

Je ne connaissais pas cet endroit et, après plusieurs années où l’avenue Mont-Royal a semblé chercher son style, son renouveau, j’ai été agréablement surprise de retrouver le plateau qui m’a accueilli à mon arrivée à Montréal. C’est dans ce quartier que notre amitié a débuté, c’est sur cette avenue que nous avons tant marché en apprenant à se connaître, en refaisant le monde, en pestant et en rigolant.

Chez Victoire a su bien s’implanter dans cette avenue toujours aussi courtoise et grouillante de vie. Un petit bijou où l’on se sent bien et où il règne une ambiance vivifiante. J’adore découvrir ce type de lieu qui surprend agréablement. Après tout, nous avons la chance d’avoir chez-nous des joyaux culinaires alors on serait fous de ne pas en profiter!

 

Photo : Unsplash | Hannah Rodrigo

Se connaître pour mieux choisir

Andrey Trusov

La vie avance à une vitesse folle, le temps passe sans qu’on ne s’en rende compte. On est déjà à la mi-novembre et il me semble qu’hier encore c’était l’été. C’est un discours qu’on entend de plus en plus et un phénomène que l’on vit presque tous. Par moment, on a des petites étincelles de lucidité qui nous font réaliser qu’on travaille beaucoup, qu’on avance un peu aveuglément et qu’on ne prend peut-être pas assez de temps pour vivre nos passions et voir les gens qu’on aime.

Mais, il faut bien travailler, me direz-vous! Bien sûr, à moins que vous ayez gagné à la loterie, vous devez gagner votre vie. Drôle d’expression d’ailleurs que celle-ci… Gagner sa vie, en travaillant? N’a-t-on pas, par moment, l’impression de la perdre un peu, au contraire? À investir tout ce temps pour récolter de l’argent, on peut en effet s’éloigner de nos intérêts personnels.

J’ai discuté récemment avec différentes personnes et je suis restée avec une drôle d’impression. Pour beaucoup, travailler est stimulant mais tous s’accordaient pour dire qu’ils manquent de temps pour faire du sport et voir leur monde. Certaines personnes m’avouaient que, depuis qu’elles sont sur le marché du travail, elles ont peu pris de temps pour découvrir de nouvelles activités, essayer de nouvelles choses. Et elles savent que leurs intérêts de jeunesse ne sont plus nécessairement d’actualité.

Une jeune maman me partageait son inquiétude pour le futur, quand ses enfants ne lui demanderont plus autant d’attention. Quels seront ses passe-temps, à quoi accordera-t-elle son énergie, elle qui se consacre corps et âme à sa progéniture? Elle voyait des mères de son entourage être déroutées devant l’autonomie et l’indépendance de leurs enfants, décontenancées devant la conclusion qu’elles ne se connaissaient plus et avaient beaucoup changé.

Avec les années, nos goûts se transforment et s’adaptent, on met de côté certaines choses, on en découvre d’autres. Mais, le manque de temps fait en sorte que le spectre des nouvelles opportunités et découvertes se rétrécit. Et la technologie n’aidant pas, le contact avec de nouvelles personnes est de plus en plus difficile.

Je crois donc qu’à la base, on doit tenter de se connaître au mieux et essayer, expérimenter, pour garder notre connaissance de soi le plus à jour possible. On aimait peut-être grimper dans les arbres dans notre enfance mais on s’entend que, rendu à 40 ans, il y a de fortes chances que ce ne soit plus aussi amusant. Par contre, l’escalade peut devenir une nouvelle activité qui requiert agilité, flexibilité, force et stratégie. Mais si on ne l’essaie pas, on ne saura jamais si on aime ça.

Il faut arrêter d’avoir peur de se tromper ou d’avoir l’air fou. J’entends souvent des gens me dire : oui mais je ne serai pas bon, ça va être plate. Personne n’est bon la première fois, personne n’arrive dans un nouveau sport ou une nouvelle activité en étant à son meilleur. C’est ça le principe, on apprend! On n’arrive pas avec les connaissances, on les acquiert. Et on se découvre à travers ces expériences, on se déniche de nouveaux talents ou, parfois, on réalise qu’on n’est vraiment pas doué pour quelque chose.

Et mieux vaut l’essayer pour le savoir que de passer sa vie à se dire que, peut-être, on aurait été bon dans ceci ou cela. Se connaître, ça passe par des essais et des erreurs, par de l’autodérision et une petite dose de naïveté. Je crois sincèrement qu’il faut être capable de se mettre dans de nouveaux souliers pour savoir ce qu’on aime et ce qui n’est pas pour nous. Car c’est en essayant qu’on peut, par la suite, faire de meilleurs choix, raffiner nos goûts et faire moins d’erreurs. Comme on dit, il faut aller à la pêche si on veut attraper un poisson…

 

Photo : Unsplash | Andrey Trusov

L’art de réfléchir et d’écouter

Diego PH

Petit souvenir Facebook de ce matin, une citation qui demeure, encore aujourd’hui, aussi pertinente et valable qu’il y a quelques années, alors que ma vie était relativement différente, surtout intérieurement.

L’important n’est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir.
(B. Werber)

J’ai rencontré énormément de gens dans ma vie qui ont tenté de me convaincre qu’ils avaient raison, qui ont essayé de m’amener dans leur rang, qui ont voulu me faire adhérer à leur vision ou leur philosophie. Et depuis déjà très longtemps, j’ai toujours un frein mental devant les doctrines et les façons de faire trop rigides. Comme les lignes de pensée politique qui en bloquent plusieurs, si on ne me laisse pas avoir ma propre couleur, je recule.

On est tous tellement différents qu’il est impossible de trouver deux personnes qui ont exactement les mêmes opinions sur tous les sujets, les mêmes goûts et envies, les mêmes objectifs et rêves. Et c’est ce qui fait qu’on réussit à évoluer en tant que société, cette belle diversité, un mélange de gens uniques qui teinte notre monde. Mais, ça ne fait pas l’affaire de tous et certains aimeraient pouvoir contrôler à tout prix la pensée collective.

Amener les autres à réfléchir, par leurs propres moyens, leur fournir les outils pour qu’ils grandissent à leur rythme et selon leur style, c’est beaucoup plus valorisant et bénéfique. Je me souviens de mes quelques mois d’enseignement où je devais transmettre de la matière fraîchement apprise et surtout de ce moment où je voyais l’étincelle dans le regard de celui ou celle qui, après plusieurs explications, comprenait enfin un concept ardu.

Cette transmission du savoir, ce partage, est particulièrement stimulant et ça peut être vécu dans plusieurs sphères de notre vie. Que ce soit en famille ou entre amis, on peut partager nos passions et intérêts, nos découvertes ou inquiétudes, et tout le monde en bénéficie. Ce qu’on a vécu peut éviter à d’autres de répéter nos erreurs et ce que les autres ont expérimenté peut nous permettre de faire des choix plus éclairés.

Réfléchir, c’est une merveilleuse faculté mais ça peut aussi devenir un piège. Trop réfléchir sans jamais agir, ne pas trancher ou décider, ça demande beaucoup d’énergie pour peu de résultats. Comme dans tout, il y a un juste milieu, un équilibre à trouver. Je lisais dernièrement un billet de blogue qui parlait de la technique du compte à rebours pour se sortir d’une décision difficile à prendre ou pour passer à l’action quand l’inconnu nous stresse.

Pour l’avoir expérimenté à quelques reprises, je peux vous dire que cela fonctionne à merveille. Ça permet au cerveau de dévier sa pensée et de quitter les émotions négatives pour se concentrer sur une autre faculté.

La règle des 5 secondes est bien simple : au moment où vous avez une idée de quelque chose que vous devriez faire, comptez à rebours 5-4-3-2-1 et entamez l’action physique de cette idée.

Donc, oui réfléchir c’est bien mais il faut passer à l’action et ne pas se perdre dans les « peut-être ». Et pour être vraiment honnête avec soi, il faut aussi apprendre à écouter les autres quand on est dans un échange, et non pas seulement préparer sa prochaine réplique. C’est un peu la base de la notion de relation : la communication. Si on s’écoute plus, on s’enrichit collectivement et on avance, tous ensemble.

 

Photo : Unsplash | Diego PH

Grandir, parmi les autres

Olsztyn poland

Je lisais hier un article qui parlait de nos attentes et, inévitablement, des déceptions fréquentes qui s’en suivaient. J’ai abordé ce sujet à quelques reprises ici car je crois sincèrement que l’on a tout intérêt à revoir notre relation avec les autres, à les accepter comme ils sont et à communiquer clairement ce qu’on attend d’eux. Nommer ce que représente pour nous la relation, dire quand quelque chose est important à nos yeux, oser demander au lieu de laisser l’autre deviner (grand fléau ici), ce sont tous des éléments clés, des facteurs de succès relationnel.

Par contre, j’ai aussi déjà mentionné à quel point les recettes faciles peuvent mettre une immense pression sur les gens. Et par moment, notre déception face à une situation ou une personne n’a rien à voir avec nos attentes. Cela peut relever d’un manque de respect, tout simplement. On n’a qu’à penser à la vague de dénonciation d’agressions en tout genre qui déferle actuellement pour comprendre. Ces femmes et ces hommes n’avaient pas d’attentes démesurées envers leur agresseur, ces gens voulaient seulement qu’on respecte leur droit, ce qui est tout à fait légitime et je dirais même, très basique.

Ce que je tente d’illustrer, c’est qu’il ne faut pas non plus tomber dans l’autoflagellation et se sentir coupable d’être déçu. Ça fait partie de la vie et ça nous apprend à déceler les personnalités toxiques, les gens qui ont des intentions malveillantes ou les situations inadéquates pour nous. C’est formateur la déception bien souvent, ça améliore notre coffre à outils personnel et ça nous fournit de nouveaux repères.

Quand je pense aux personnes toxiques que j’ai croisées sur ma route, je sais maintenant comment je me suis sentie à leur contact, les émotions que j’ai vécues et je peux m’y référer quand une petite voix s’anime en moi pour me mettre en garde. Avant, ce lien ne se faisait pas car je n’avais pas de point de référence. Une mauvaise expérience, ça marque et ça permet d’éviter de reproduire la chose.

Personne n’est parfait et il arrive que des gens vont nous blesser, nous décevoir, nous nuire inconsciemment. Dans ce cas, une bonne discussion s’impose et il ne faut surtout pas sauter aux conclusions trop rapidement et garder pour nous nos émotions face au conflit. Quand l’intention est réelle et volontaire par contre, il vaut mieux se protéger et bien souvent, il y a une dynamique récurrente derrière cela. Il faut souvent prendre du recul pour déterminer dans quel camp siège la personne concernée. On ne doit pas devenir paranoïaque mais demeurer vigilants, et faire confiance à notre instinct.

Les attentes envers les autres sont presque inévitables et, on aura beau avoir de grands discours et partager les 110 879 articles sur le sujet, il reste que c’est humain et naturel. Donc, ne nous tapons pas sur la tête et soyons indulgents envers nous-mêmes. C’est bien de vouloir se corriger pour moins souffrir mais ça l’est moins si on passe notre temps à s’en vouloir. Ça fait partie des quelques trucs que j’ai appris en thérapie car j’avais, disons, le blâme facile envers moi-même.

La vie, c’est une belle aventure, elle nous fait vivre toute sorte d’émotions et de sensations, et on rencontrera, sur notre route, une panoplie de gens bons et moins bons.  Ce n’est pas grave de se tromper sur quelqu’un, ce n’est pas une catastrophe de s’être fait une fausse impression. L’important, c’est de faire le tour de notre entourage une fois de temps en temps et se demander si ces gens nous correspondent encore, aujourd’hui, avec qui on est devenu et nos valeurs qui évoluent. Comme un arbre qui grandit au milieu d’une forêt, on doit s’ajuster en fonction de notre trajectoire parmi les autres et toujours tenter de trouver notre meilleure posture pour profiter du soleil et bénéficier de la vie qui nous entoure.

 

Photo : Unsplash | Olsztyn poland