Avec Noël qui approche, on voit de plus en plus de projets « faites-le vous-mêmes », ou dans sa version originale, du DIY (Do it yourself). Je trouve personnellement cette vague intéressante étant donné les enjeux environnementaux que nous avons. En effet, si ça peut éviter d’ajouter encore de nouveaux objets jetables dans la quantité déjà immense de déchets polluants, on serait fou de ne pas être en faveur de ce mouvement.
Mais encore une fois, il ne faut surtout pas tomber dans la culpabilisation généralisée. J’ai vu des groupes de gens prônant un retour aux sources, le minimalisme et la consommation responsable dénoncer des pauvres parents qui tentaient de se regrouper pour acheter en vrac plutôt qu’à l’unité, et d’autres qui s’échangent les promotions dans les magasins pour s’informer et s’entraider.
Je comprends bien qu’il faut consommer intelligemment et tenter le plus possible de réduire notre empreinte sur la planète souffrante mais je pense qu’il devient crucial de relativiser et de surtout, ne pas ajouter de charge mentale sur les familles qui peinent à joindre les deux bouts ou à simplement arriver au vendredi en même temps que tout le monde.
On va se le dire, je ne connais rien à la réalité familiale, ou si peu, étant célibataire et sans enfants. Mais je suis entourée de parents et, quoique la majorité tente de faire de son mieux pour concevoir elle-même ce qu’elle peut (conserves, savon, crème, vêtements et dentifrice, entre autres), ces familles n’ont pas toujours le temps ni l’énergie pour se lancer dans des aventures plus exigeantes. Faire son pain n’est pas donné à tous, ni même faire de la couture. Et tous n’ont pas le même talent pour les tâches manuelles.
Je n’aime pas la radicalisation, le comportement dénonciateur qui fait que les gens se sentent coupables d’exister. Et quand je vois ces groupes être sans pitié pour la pauvre mère à l’épicerie qui a eu le culot de prendre des sacs d’épicerie jetables (lire ici mon sarcasme) car elle avait oublié ses sacs réutilisables, entre la gastro de sa fille et la fièvre du petit dernier, je m’insurge. C’était quoi de lui en offrir un des vôtres ? C’était quoi de lui demander si elle avait besoin d’aide au lieu de la juger sévèrement, sans aucune empathie ?
Même moi, qui n’a que ma petite personne à penser, ça m’arrive d’oublier… Est-ce qu’on peut se donner un petit break dans le jugement svp ? Oui, c’est décevant quand on voit systématiquement le voisin seul acheter sa livre de bœuf haché et prendre un sac jetable. Mais peut-être qu’il fait son compost, peut-être qu’il utilise la pelle plutôt qu’une souffleuse, qu’il fait des travaux manuels chez ses enfants pour les aider, qu’il leur a « gossé » une table de salon dans un bûche ou des cabanes d’oiseaux pour partager sa passion avec ses petits-enfants… Ce que je veux dire, c’est qu’on ne connaît pas la réalité ni les raisons des gens.
Oui, j’adore quand mon amie m’offre des savons et des crèmes faits de ses propres mains à Noël, ou quand mon autre amie me tricote des lingettes lavables pour le visage. J’envisage d’aller prendre un cours pour faire du pain maison avec une amie, sans engagement ni promesse que plus jamais je n’achèterai de pain du commerce. Juste pour essayer, pour voir, pour savoir et apprendre.
Je reviens encore au concept d’expérimenter qui me tient tant à cœur. Mais ça doit être fait sans pression et sans que ça sous-entende qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. La sérénité est notre alliée, gardons notre esprit flexible et ouvert au lieu de chercher des bibittes partout. Ça ne compte peut-être pas dans nos émissions de gaz à effet de serre mais ça compte dans notre santé mentale. Et ça, ça se mesure au quotidien, dans notre tête comme dans notre cœur.
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