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Les joies de l’entraide

J W

Avec les années qui défilent, s’il y a bien un avantage, c’est de gagner en expérience. Et ce matin, j’ai pu me sentir très utile en répondant aux questions d’une dame en plein désespoir dans sa situation de patiente attendre du SCI. Les maladies inflammatoires de l’intestin, c’est dur à gérer et plusieurs groupes Facebook permettent d’échanger. Mais surtout, de s’entraider…

En lui partageant mes essais-erreurs, en présentant mes trucs et astuces, mes produits-clés et des suggestions, j’ai réalisé tout le chemin parcouru, toute cette route qui est derrière moi et que je ne vois plus tant je regarde en avant. S’entraider, ça fait aussi ça : faire prendre conscience et apprécier qui on est devenu, où on est rendu.

Quand la maladie arrive dans une vie, ça chamboule, ça soulève des questions et ça amène notre pire ennemie dans notre quotidien : la culpabilité. Est-ce que c’est parce que j’ai fait ceci ou cela, est-ce de ma faute? Les plus croyants se demanderont même s’ils sont punis! Mais sérieusement, oui, peut-être que certaines habitudes de vie ont eu un impact mais la pire chose à faire est de se morfondre de l’intérieur à croire qu’on est une mauvaise personne.

La vie, c’est fait de hauts et de bas et en échangeant avec les autres, on réalise que, finalement, tout le monde vit ces mêmes montagnes. Rien n’est parfait mais tout l’est en même temps. Parce que c’est dans les creux qu’on apprend, qu’on se relève les manches, qu’on demande de l’aide, qu’on découvre que notre vie vaut vraiment la peine d’être vécue et que les petites batailles nous font grandir.

Donc, ce matin, en échangeant avec cette gentille dame, ça m’a fait du bien de constater tous ces petits moments de doutes qui ne sont plus là, toutes ces craintes qui se sont dissipées et ce flou qui n’est plus. Et le bonheur, c’est qu’aujourd’hui, je peux partager tout cela, rassurer des gens, les encourager à poursuivre même si ce n’est pas toujours facile. Parce que, quand on sait que quelqu’un est passé par là, ça nous aide.

La vie, ce sont des cycles, des périodes et on doit toujours garder en tête que rien n’est permanent. La pluie et le beau temps s’alternent dans la nature environnante tout comme les bons et les moins bons jours dans nos vies. Ainsi va la vie qui va, comme dirait Jean Leloup!

Alors si aujourd’hui, votre vie, c’est de la marde (comme chanterait Lisa Leblanc), dites-vous que ça ne peut que s’améliorer! (Décidément, j’ai la référence musicale active ce matin!) Et souvenez-vous qu’il y a toujours quelqu’un qui a vécu ce genre de difficultés, que d’en parler atténue souvent les peines et les angoisses et qu’au fond, on ne sauve pas des vies (à part pour quelques-uns d’entre nous).

Dédramatiser, trouver le moyen de se changer les idées, cesser de se culpabiliser et surtout, ne pas tenter de régler le sort de l’humanité ou de prendre sur nos épaules le bien-être de tous, ça aide à mieux filer. Et si vraiment, rien n’y fait, il reste toujours Netflix, en dernier recours. (Je blague. À peine.) On a tous notre façon de se sortir de notre torpeur, ça aussi c’est très personnel. Ce qui marche pour minou ne l’est peut-être pas pour pitou. Trouvez votre routine anti-déprime!

Et pensez à aider les autres de temps en temps, à faire bénéficier de votre expérience. Quand on fait le bien autour de soi, c’est fou à quel point ça nous nourrit nous aussi. Ça valorise, ça change les idées, ça confronte à d’autres réalités. Et comme on dit, parfois, quand on se compare, on se console alors ça vous fera peut-être voir vos soucis sous un autre angle!

Photo : Unsplash | J W

Se faire comprendre

Korney Violin

On parle de l’importance de la communication depuis toujours, on offre des formations aux employés pour bien s’exprimer, des ateliers pour les couples en conflit et on enseigne aux étudiants sur les bancs d’école à peser leurs mots, à bien parler au « je » et à utiliser un langage adapté à leur interlocuteur. Mais, on a beau maîtriser l’art oratoire et s’appliquer au maximum, s’il y a bien une chose qu’on ne contrôle pas, c’est comment les autres recevront nos propos.

Car l’état mental et émotif de la personne à qui on s’adresse ne nous est pas toujours clair. Encore plus à cette époque du message texte et autre messenger de ce monde. On ne s’entend plus, on voit des mots. On n’a presque plus accès au langage non verbal et au ton de voix. Car malgré qu’on appelle cela des téléphones intelligents, soyons honnêtes, la fonction téléphonique sert bien peu…

Cela fait en sorte qu’on s’irrite et on interprète les paroles des autres, qu’on les reçoit sans compromis et sans nuance. Et, peut-être que je me trompe, mais on recule sur le plan de la communication. S’exprimer est devenu risqué par moment. On n’ose plus toujours dire ce qu’on ressent de peur que ce soit dénaturé, déchiffré incorrectement. Et c’est d’une tristesse sans nom car s’il y a bien une chose qui est essentielle aux bonnes relations, c’est justement la communication.

Combien de couples ai-je vu dans un restaurant, les deux avec leur appareil collé à la main, se parlant pas ou peu, préférant diffuser des photos de leur plat ou de leur verre sur les réseaux sociaux alors qu’un humain attendrissant n’attendait que leur affection à quelques centimètres. Est-ce qu’on est rendu au point qu’on a peur de se parler en face, tellement on s’est habitué à le faire via un écran?

Vous vous dites surement que vous n’êtes pas comme cela, que vous êtes encore apte à discuter calmement avec l’être aimé, vos proches, amis et famille. Mais je vous mets au défi de ne communiquer qu’en personne ou au téléphone pendant quelques jours et vous constaterez surement comme moi qu’on a intégré dans notre quotidien ces modes de communication palliatifs et qui nous semblent si pratiques.

On peut faire tous les efforts du monde, donc, pour bien s’exprimer mais j’ai l’impression qu’on doit aussi faire preuve de lâcher-prise (encore!) sur la réception. Car, comme dirait ma psy, cet aspect ne nous appartient pas. Et on ne peut pas, et ne doit pas, se culpabiliser par rapport à ce que l’autre ressent (à moins d’être rentré dedans comme un dix roues mais là n’est pas le propos). Si on explique notre ressenti, ce que ça fait remonter chez l’autre vient de son passé, de son histoire, de son vécu. Et ça, on n’a aucun pouvoir là-dessus.

Pour avoir vu des larmes dans des rencontres de bureau ou des fous rires totalement impromptus, je sais que nos réactions nous appartiennent et qu’elles sont aussi adéquates que nos propos, même si ça surprend et même si, sur le coup, ça semble inapproprié. On oublie parfois qu’on est des humains, faillibles et imparfaits qui tentent de faire de leur mieux avec les outils à disposition. On ne sera jamais irréprochable, on ne peut pas être toujours appropriés et sans fissure. Est-ce qu’on peut juste accepter cela, mettre notre égo de côté et tenter de faire de notre mieux, avec notre cœur? Il me semble que, déjà, ça serait moins lourd sur nos épaules. Et parlant d’épaule, s’il y a quelque chose de beau d’être en vrai avec quelqu’un, c’est de pouvoir y déposer la tête, sans rien dire. Car, dans ce moment de douceur, même les mots ne sont pas aussi forts.

Photo : Unsplash | Korney Violin

Cesser de chercher

Hannah Busing

On passe notre vie à chercher la bonne solution, la bonne personne, le bon emploi, le bon moment, la bonne crème, le bon vêtement… Souvent, on entend des gens dire « Quand j’aurai trouvé le bon (compléter la phrase) … » mais pourtant, ce n’est jamais assez, ça ne s’arrête jamais. Un peu comme quelqu’un qui est toujours à 10 livres du bonheur, on peut souvent croire qu’on est à un objet d’être heureux.

Le plaisir est éphémère et même si on le sait, on continue de chercher. Comme l’herbe a souvent l’air plus verte chez le voisin, on continue de croire qu’on trouvera mieux, qu’on sera mieux quand on aura ceci ou cela, quand on rencontrera la bonne personne et tout le tralala. Parce qu’on pense que le bonheur peut nous venir de l’extérieur. Pourtant, tout cela est de l’artifice et il faut parfois qu’il nous arrive des moments très durs pour s’en rendre compte.

La maladie, un accident ou un choc terrible peut nous faire réaliser à quel point on court dans le vide après notre bonheur. Comme une souris dans sa petite roue qui s’amuse mais qui s’épuise aussi. Oui, il faut expérimenter et c’est dans ces essais qu’on apprend le plus sur nous. Mais croire que notre bien-être dépend de cela est une utopie très bien entretenue par le marketing et la publicité.

Depuis la nuit des temps, on nous vend l’idée que tel truc ou tel autre nous rendra béat de bonheur. La voiture, la maison, le chien, la bébelle, le setup de la petite famille parfaite… Le taux de divorce n’a jamais été aussi élevé tout comme le nombre d’arrêts de travail pour épuisement et les prescriptions d’antidépresseurs. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche dans ce modèle supposément parfait, non?

On m’a encore demandé récemment pourquoi je vivais seule. Et je me suis rendue compte que souvent, je répondais par des justifications laborieuses auxquelles je ne crois même pas moi-même. Et ce samedi, je me suis dit, « ben parce que ». Pourquoi dois-je expliquer ce statut alors qu’on ne demande jamais à quelqu’un pourquoi il est en couple? Pourquoi devrais-je expliquer ce qui, au fond, dérange les autres et non moi?

Pendant longtemps, je croyais trouver le bonheur auprès de quelqu’un. Et, bien sûr, j’ai été déçue. Non pas que je crois que le couple est surfait (quoi que parfois…) mais c’est surtout dans mes attentes que le problème se situait. Je demandais à quelqu’un de combler mes vides intérieurs, de compenser mes carences. Dure tâche et puit sans fond… Alors évidemment, ça s’en allait dans le mur.

Mais ça, ça ne s’aborde pas avec un ton léger et un verre de rosé (je sais, je l’ai essayé). C’est très intime et personnel alors on garde ça pour les proches. Donc je continue de répondre des banalités pour expliquer mon célibat. Ou je détourne le sujet, je rigole, je fais des blagues. Ce qui ne m’empêche pas de me poser la question, seule avec moi-même. Suis-je réellement bien seule?

Peut-on vraiment répondre à une telle question et doit-on le faire? Je n’en sais rien. Décidément, un matin plein de questions sans réponse… Mais je sais que je suis authentique et honnête envers moi-même. Je ne me mets plus la tête dans le sable et je ne cherche pas à colmater mes brèches intérieures par des relations vides de sens. L’humain a beaucoup de bon à nous apporter et il existe autant de types de relation que de gens sur terre. Alors cessons de tenter de nous mettre dans un moule et de définir pour les gens ce qui devrait leur correspondre. Le bonheur n’est ni au fond d’une boîte de céréales, ni dans une relation. Il se trouve bien souvent quand on arrête de le chercher.

Photo : Unsplash | Hannah Busing

Rester fidèle à soi-même

Matthew Fassnacht

De nos jours, on nous demande beaucoup de s’adapter. Au boulot, dans nos habitudes ou dans notre façon de voyager, il faut constamment ajuster notre façon de faire, d’être, de parler. Pour ne pas froisser, pour être plus efficace, pour se fondre dans la masse, on doit mettre de côté partiellement des parties de soi, taire notre petite voix, tourner sa langue sept fois. Mais à force de se morceler ainsi, il arrive qu’on ne sache plus qui on est vraiment, qu’on n’arrive plus à retrouver son essence.

Et, malheureusement, à force de s’adapter, on peut devenir le caméléon en chef, capable de se mouler aux désirs de tous mais déconnecté de soi. On devient un miroir. Tout le monde nous croit si heureux et si nomade qu’on en vient à croire que c’est ce qui nous définit. Mais pourtant, seul chez-soi, on ressent un grand vide, un manque, une noirceur.

C’est un passage que j’ai connu, après des années d’angoisse qui m’amenaient à vouloir plaire à tous, à tenter de combler tous les vides des autres, de sauver les gens, de rendre heureux. Mais je m’oubliais car il était plus facile d’aimer les autres que de m’aimer moi-même. Et ça me semblait nourrissant, enrichissant. Sauf quand j’étais seule dans mon lit le soir à me demander à quoi ça rimait tout cela.

Heureusement, j’avais avec moi, dans ce périple de vie, ma fidèle psy qui me guidait, m’écoutait et surtout, me voyait aller plus que j’en étais capable moi-même. Avec ses questions précises qui m’atteignaient droit au cœur, elle me ramenait sur la route vers moi-même. Dans toutes mes dérives et mes tergiversations, elle était mon phare, celle qui m’empêchait de couler.

Toutes ces expérimentations ont finalement fait de moi qui je suis aujourd’hui. Comme des essais pour me définir, comme si je devais toucher les extrêmes pour découvrir mon centre, mes racines. J’aurais peut-être pu prendre un chemin plus facile mais je n’aurais sûrement pas gagné chaque millimètre de confiance aussi profondément. Car aujourd’hui, ces acquis, je les ai pour la vie et ça, je ne changerais ça pour rien au monde.

Je ne vis pas dans les regrets, je n’aime pas les « j’aurais dû ». Je préfère les « j’ai essayé et ce n’est pas pour moi », car ça me permet de tourner la page définitivement au lieu de laisser une petite parcelle de mon cerveau se demander si… Parfois, ça fait mal, parfois, ça demande du temps pour s’en remettre mais au moins, j’avance sans boulet ni contrainte.

Rester fidèle à soi-même, ça demande avant tout de se connaître et de s’apprécier. Car il faut parfois batailler un peu pour demeurer soi, faire valoir son point et trouver un ancrage à l’intérieur, dans la tempête. On rencontre des gens de forte influence, ceux qui aiment rallier, ceux qui veulent toujours avoir raison, ceux qui ne regardent que leur nombril et si on n’est pas solide en dedans, on peut se laisser attirer.

Rester fidèle à soi-même, c’est parfois aussi renoncer. Renoncer à un amour malsain, à une relation toxique mais oh combien divertissante, à un entourage gentil mais inadéquat, à un travail payant mais épuisant. Souvent, les gens autour de nous ne comprennent pas pourquoi on décide de s’éloigner mais ce qui importe, c’est ce qu’on ressent en-dedans. Notre petite voix, elle, le sait pourquoi on fait tout cela.

Rester fidèle à soi-même, c’est se donner la chance d’être heureux, serein et de trouver une certaine paix intérieure, malgré ce que les autres en pensent, malgré les doutes, malgré la peur, malgré les commentaires et les jugements. Parce que, quand on se couche le soir, c’est face à nous que nous sommes.

Photo : Unsplash | Matthew Fassnacht

Pour la simple raison d’être bien

Emma Simpson

Ce matin, un texte partagé sur un groupe de course a attiré mon attention. Étonnamment, c’est un billet paru sur le site de RDS, pour moi qui regarde à peine la télévision et qui n’a pas le câble depuis longtemps déjà. Mais le sujet m’appelait par son titre et l’évidence de son contenu : les derniers seront les premiers.

Je vous invite à le lire si le cœur vous en dit. En gros, ça parle de ceux qui finissent derniers lors des courses officielles, alors que les gens quittent souvent les lieux, alors que les grandes festivités sont terminées et que, bien souvent, il reste à peine de quoi confirmer la fin du parcours. Je ne suis pas de ceux qui franchissent la ligne d’arrivée en dernier mais je ne suis vraiment pas non plus dans les premiers à être acclamés. Je suis dans la bonne moyenne.

Mais je sais que si je tente une épreuve plus longue, je serai plus lente, je souffrirai comme tous ceux qui affrontent ces épreuves avec le cœur à la bonne place mais la forme physique ou les capacités pas au top. Car parcourir de telles distances, ça demande une détermination en béton armé, surtout quand notre rythme est plus lent. Pour la simple raison que cela signifie qu’on court plus longtemps. La souffrance est donc plus longue, les douleurs et les inconforts sont ressentis sur une durée qui peut paraître une éternité.

Mais la fierté, elle, demeure la même. Celle d’avoir accompli son exploit, celle d’avoir atteint son objectif, celle d’avoir résisté à l’envie d’abandonner, celle d’avoir suivi son plan malgré les difficultés. Et cela, il faut l’avoir vécu pour le comprendre réellement. Tout comme il faut être sportif pour comprendre comment, après une longue journée de travail, ça fait du bien d’aller faire une sortie, pour se vider la tête et le corps de tout ce stress accumulé.

Combien de fois ai-je entendu quelqu’un dire : ah mais je suis tellement épuisé à la fin de ma journée, je n’aurais pas l’énergie d’aller courir. Cette fameuse perception que ça nous vide alors que, pourtant, faire du sport, ça nous remplit d’une énergie nouvelle. C’est comme une purge : ça fait sortir le méchant pour le remplacer par du bon. Et c’est grâce à ces entraînements qu’on arrive à des courses bien préparé, apte à affronter les doutes et les obstacles.

Ce texte, ce matin, m’a rappelé aussi pourquoi j’aime participer à l’occasion à des courses officielles. Parce qu’être entourée de gens qui ont la même passion que moi, ou la même folie diront certains, c’est revigorant. Entre nous, on se comprend. Tout comme, quand on sort courir et qu’on croise un autre coureur, il y a ce petit signe pour se saluer et cette étincelle dans le regard qu’on partage et qui veut dire : je te comprends, je suis avec toi.

Prendre du temps de son horaire pour s’entraîner et participer à de tels événements, c’est se donner de l’amour. Parce que la santé, ça ne tombe pas du ciel. Parce qu’avec nos vies de fou où tout semble toujours aller trop vite, il faut être entêté pour tout arrêter et prendre du temps pour soi. Il faut s’aimer pour faire cela au lieu de s’évacher sur le sofa à regarder Netflix.

Alors oui, ceux qui finissent les derniers lors d’une course officielle méritent toutes les félicitations du monde. Parce qu’ils ont l’endurance physique mais surtout mentale pour aller au bout de leur engagement. Parce que oui, toutes les performances se valent et ce n’est pas le temps sur le chrono qui compte mais ce que le coureur ressent à l’intérieur de lui d’avoir accompli cette merveille un beau jour de printemps. Après des mois d’efforts, après des heures de sueur, après des moments de découragement, des blessures, des sacrifices et des doutes, le jour J, c’est magique. Peu importe d’être premier ou dernier, l’important c’est de participer.

Photo : Unsplash | Emma Simpson