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Se rencontrer

Chang Duong

Ce samedi, c’était l’événement Courir Lorraine auquel je participais, non pas comme coureuse mais plutôt comme membre du comité organisateur. Je n’ai pas couru officiellement mais j’ai couru à gauche et à droite pour régler les détails, compenser, corriger, ajuster, aider… Mais malgré le lever du corps très (trop) tôt pour un samedi, encore un peu sur le décalage, j’ai eu une journée magnifique. Car aider, supporter, partager et collaborer avec une équipe dévouée, ça apporte beaucoup plus que ça n’épuise.

J’ai longtemps cherché comment m’investir dans ma communauté, comment redonner ce que la vie me permet d’avoir et de découvrir et je crois avoir trouvé chaussure à mon pied. Marier mon amour pour le sport et la santé avec mes connaissances et mon leadership, c’est comme d’avoir rallier ensemble toutes mes forces. Et surtout, cela me permet de côtoyer des gens formidables qui m’apprennent à devenir une meilleure personne, un meilleur humain.

C’est dans le don de soi qu’on parvient à ouvrir son esprit, c’est en fréquentant des gens de partout qu’on découvre ce qui fait que le monde est beau. Quand on reste enfermé dans sa petite bulle, on se complaît, on arrive même à se sentir supérieur ou meilleur que les autres. Mais quand on se confronte au vrai monde, on réalise finalement qu’on est si petit et qu’on a encore tant à apprendre, à comprendre.

C’est si facile de juger ou de critiquer mais quand on vit de l’intérieur l’organisation d’un événement, qu’on participe à l’élaboration d’un projet, on y voit toutes les embûches et tous les efforts nécessaires pour atteindre un objectif, mener à terme et envisager une réussite. Tout à toujours l’air plus simple quand on ne voit que la pointe de l’iceberg. Mais sous l’eau, il y a un monde d’inconnus à gérer et d’éléments masqués au public mais qui sont essentiels, tout comme il y a une panoplie de gens qui pédalent fort pour permettre à tous d’avancer.

La force du groupe, on en parle souvent mais quand on ne le vit pas, on oublie ce que ça représente. Que ce soit une équipe sportive, une troupe de théâtre ou un comité organisateur, c’est le mariage des forces et expériences de chacun qui enrichit le groupe et en fait le moteur. On dit souvent que seul on peut aller plus vite mais ensemble on peut aller plus loin. Et c’est tellement vrai.

On peut rester à l’écart, décider de ne pas embarquer dans la parade. Et encore là, j’apprends tous les jours à ne pas juger ceux qui décident de ne pas s’impliquer car je ne connais pas leur histoire, leurs raisons. Mais je sais qu’il faut se garder de critiquer quand on ne connaît pas et que ça marche dans les deux sens.

La vie, c’est un gros laboratoire. On ne décide pas toujours, et même rarement je dirais, ce qui arrive, on contrôle peu de choses et c’est tant mieux. Car c’est quand on reste ouvert aux opportunités qu’on arrive à découvrir le plus de choses et surtout, à grandir. Si on baisse les yeux et qu’on ne regarde que son petit carré de sable, on va vite devenir blasé.

Aller à la découverte des autres, c’est aussi, souvent, aller à la découverte de soi. Car c’est en rencontrant qu’on entrevoit en nous des facettes différentes. C’est dans l’échange que notre pensée se forge, c’est dans la discussion que nos opinions se précisent. Et c’est dans l’implication que notre cœur se nourrit et s’enrichit. L’entraide est une valeur inestimable et qui apporte à tous un peu de lumière dans cette vie pas toujours facile. Soyons vrais et unissons-nous au lieu de se chamailler. C’est tellement plus beau à voir et ainsi, on arrivera à s’aimer, un peu plus chaque jour.

Photo : Unsplash | Chang Duong

Comment vas-tu?

Daniel Schaffer

Cette question si simple qu’on pose allègrement, à tout vent, sans toujours attendre une réponse. C’est devenu si commun qu’on s’en rend à peine compte. Comment vas-tu? Ah, ça va bien, et toi? Formule classique, sans prétention mais sans non plus d’implication. Ose-t-on y répondre sincèrement ou si on le fait machinalement comme on lance des bonjours sans intensité?

On se préoccupe peu les uns des autres. On avance, trop vite, dans nos vies, trop chargées, trop rangées. Aller mal, ça détonne. Filer un mauvais coton, ça dérange, ça freine l’élan des autres. Pourtant, tout le monde va mal à un moment donné. Tout le monde ressent un petit blues, un petit down. Sans raison profonde ou sur un fondement solide, le mal-être, le malaise, il est normal.

On parle beaucoup de santé mentale mais très peu du simple « bof ». Comme si, encore une fois, ça devait être grandiose ou majeur pour qu’on s’en préoccupe. Mais la petite souffrance anodine, le mauvais jour, la peine lancinante, c’est aussi important d’en prendre conscience. Car c’est ce qui peut mener éventuellement à plus grave. Et il ne faut pas attendre, justement, que ça s’aggrave.

Alors… Comment allez-vous? Vous posez vous, même, la question de temps en temps ou avancez-vous à vitesse grand V sans vous préoccuper de votre propre état? C’est peut-être d’ailleurs pourquoi celui des autres nous importe si peu : parce qu’on n’arrive plus à se connecter à soi-même pour se ressentir. Alors le mal-être des autres nous perturbe et nous ramène au nôtre qu’on tait depuis trop longtemps.

Hyper connectés, hyper cultivés et hyper accessibles, on n’en est pas moins si peu enracinés. On se projette beaucoup, dans le futur ou ailleurs. Mais pourtant on est ici, maintenant. Et c’est bien la seule chose sur laquelle on a un certain pouvoir. Comment désire-t-on profiter de ce moment unique et singulier? Comment se sent-on dans cet instant présent?

On nous enseigne beaucoup de choses dans la vie, à l’école comme au boulot. Mais rarement on nous montre l’importance du ressenti. Et entre vous et moi, sauf exception, ça nous serait plus utile que l’algèbre mettons… Certaines expériences ont d’ailleurs été faites sur des cours de méditation donnés à des enfants et les résultats sont plus que probants sur leur concentration et leur capacité à intégrer la matière et à interagir en groupe.

Je vous invite donc à prendre quelques minutes par jour pour vous détacher de l’extérieur et pour sentir, au fond de vous, ce qui se trame. Pas de distraction, de musique, de film ou de réflexion. Le silence et vous-même. Et si ça vous effraie, c’est juste que ça fait trop longtemps que vous ne vous y êtes pas attardé. Mais ne craignez rien, ça ne fait pas mal 😉

Et quand quelqu’un vous demandera comment ça va, répondez honnêtement (tout en restant adéquat : les grands épanchements n’ont pas leur place au travail). Mais au lieu de balayer la question du revers de la main sans y réfléchir, profitez-en pour prendre quelques secondes d’introspection. Vais-je vraiment bien? Si personne ne prend le temps de s’enquérir de votre réponse, vous pourrez au moins rebondir sur cette interaction pour en faire quelque chose de positif, pour vous.

Photo : Unsplash | Daniel Schaffer

Revenir à son rythme

De retour depuis samedi sur notre territoire, je vogue encore entre deux eaux. Mitigée entre le plaisir de retrouver le confort de mon petit cocon à moi et la nostalgie des beautés italiennes, je reviens tranquillement, à mon rythme. Ce tempo qui a été le mien, d’ailleurs, dans ce beau périple. Partir seule, c’est aussi cela. Se permettre d’y aller à sa façon, sans compromis, en se laissant bercer par son instinct (et la météo).

Il y avait longtemps que je n’avais pas eu ce plaisir d’apprécier la lenteur, le calme, la douceur des matins sans pression ni contraintes. Un horaire vide, aucun plan, aucune obligation. Le bonheur! Certains me diraient que ça fait peur, tant d’inconnu, mais dans ma vie structurée au quart de tour, j’ai besoin de ce saut dans le vide pour apprécier le reste de l’année. C’est mon équilibre, le poids dans la balance qui me permet d’affronter les défis constants de nos vies débordantes d’engagements.

J’ai vu tant de belles choses que mon esprit peine à faire le tri, à rassembler, à mémoriser. Mais l’important, c’est ce que mon cœur a ressenti, ce que mon âme a perçu et tout ce qui s’est imprégné en moi. Me « perdre » dans les rues de Venise a sans aucun doute été un élément important de la qualité de mon voyage. Une fois les repères enregistrés, on peut se laisser aller comme rarement ailleurs. Car, en réalité, il est impossible de s’y perdre et jamais je ne considérerais comme une perte de temps un détour impromptu dans cette merveille unique.

Tristement, j’ai vu beaucoup de gens passer un temps fou avec leur téléphone intelligent à la main. Comme si le fait de ne pas savoir exactement où ils étaient les angoissait. J’ai personnellement préféré m’habituer à ce manque de structure plutôt que de m’accrocher aux outils technologiques. Paradoxal pour une travailleuse du numérique comme moi. Mais quand je décroche, je décroche.

J’ai lu beaucoup, sur les terrasses, dans des parcs et un peu partout. Parce que la lecture permet ce lâcher-prise complet et amène l’esprit à s’ouvrir pour accueillir. J’ai visité des lieux indescriptibles tant ils sont majestueux. L’histoire, le passé si présent, l’impression d’être si petite dans toute cette immensité, ça permet de relativiser.

Les italiens ont cette faculté d’être dans le moment présent. Surtout à Venise où la vie est particulière : aucune voiture, seuls les vaporettos servant de transport en commun circulent dans les canaux. Mais j’ai préféré marcher pour découvrir les trésors cachés et pouvoir m’arrêter quand l’envie me prenait de déguster gelato, pizza, pasta et vino… Sortir du circuit officiel pour découvrir par soi-même les petites perles de Venise : bonheur assuré!

Mon coup de cœur entre tous est sans aucun doute la fabuleuse île de Burano. Ses maisons colorées, ses petites rues coquettes et sinueuses, ses fleurs et ses vélos à profusion… L’endroit rêvé pour s’arrêter, mettre sa vie sur pause et s’enraciner, se connecter. Cette petite visite d’un jour m’aura donné de l’énergie pour les mois à venir. C’est lorsqu’on explore de tels endroits qu’on réalise à quel point la vie ici peut être stressante et imposante. Mais on peut toujours se rappeler ces moments où le temps semble s’être arrêté pour nous donner l’opportunité de vivre pleinement, sans compromis.

Un simple au revoir

Slava Bowman

Il n’y a pas si longtemps, quelques années à peine, je ne partais pas de chez-moi sans avoir vérifié les chemins à emprunter pour me rendre à ma destination ainsi que les possibilités de stationnement une fois sur place. Mon anxiété m’étouffait et me contrôlait au point que l’inconnu d’un lieu me donnait mal au ventre. Et c’est grâce à la thérapie que j’ai pu, avec le temps, calmer ce monstre intérieur pour apprendre à me faire confiance et, surtout, réaliser que personne ne sait toujours tout sur tout et que, dans le fond, c’est normal parfois d’être perdue.

Dans les prochains jours, je m’envolerai, seule, pour l’Italie. Sans plan précis, sans itinéraire ultra organisé. Je sais où je vais, je sais où je loge. Le reste, ce sera à l’instinct. Et, étrangement, ça ne m’effraie pas, ça ne me procure pas d’angoisses profondes ni d’urticaire. En fait, ça me libère, ça m’inspire et ça me permet de partir l’esprit ouvert et libre de contraintes.

J’avais ressenti, déjà, ce besoin lors de mon périple en Espagne sur le chemin de Compostelle. Cette envie irrésistible de décrocher de ma vie, temporairement. Un détachement nécessaire, salvateur. Aller voir ailleurs de quoi j’ai l’air, aller me tremper dans une mer de possibilités différentes. Tenter de me plonger dans un autre contexte pour voir comment je me sens.

Cette fois-ci, j’ai choisi une destination que plusieurs considèrent romantique et je me suis fait demandé souvent pourquoi j’allais visiter Venise, cette ville si charmante, sans compagnon de voyage. Probablement que, dans les raisons qui me poussent à faire ce choix, c’est qu’il y a une part de moi qui aime aller à contre-courant, je ne le cacherai pas. Mais aussi, parce que je sais qu’en y allant seule, je pourrai faire et voir tout ce que j’ai envie, sans influence, sans compromis.

Et parce que la lecture du roman Petite mort à Venise m’a bouleversée et imprégnée d’un désir profond d’aller me perdre dans ces canaux mythiques, calmes et historiques. Cette lenteur, ce passé chargé et cette vie aux antipodes de notre empressement quotidien m’appellent sans que je puisse concrètement expliquer pourquoi.

Mais ça aussi, je l’ai appris. Il n’y a pas toujours une raison logique, pragmatique. Un élan du cœur ne s’explique pas toujours en mots. Le ressenti vaut autant sinon plus qu’une explication raisonnée. Alors, je ne réfléchis pas, je m’écoute, tout simplement.

Je reviendrai sans doute chamboulée de mes découvertes comme à chacun de mes voyages. Je suis une grande sensible malgré mon métier d’analyste et ma fougue bien présente. Les monuments, les palais, les mosaïques viendront illuminer mon esprit et les bons vins, les plats savoureux et la chaleur du peuple italien sauront assurément me ravir.

Je pars confiante d’y trouver mon bonheur, de m’y sentir bien et d’être en mesure de savourer chaque minute de ces vacances bien méritées. Vous vous douterez que je prendrai une petite pause d’écriture « publique » pour me concentrer sur mes notes plus personnelles, mais c’est avec un immense plaisir que je vous retrouverai, plus inspirée que jamais à mon retour.

Soyez sages, mais pas trop, soyez vous-mêmes, dans vos couleurs, vos émotions et vos envies. Écoutez-vous, respectez-vous. C’est ce qui fait que le monde est bon et beau. Sur ce, je vous dis, arrivederci e ci vediamo presto.

Photo : Unsplash | Slava Bowman

Voir le monde pour mieux se voir

Marco Secchi

À entendre toutes les mesures d’évacuation et les avertissements ces derniers jours, je me sens privilégiée d’être dans une zone sèche. Certains diront que ceux qui se trouvent dans ces quartiers ont choisi de plein gré de s’y installer mais, on le sait, ce sont des situations exceptionnelles. Alors rien ne sert de se traiter d’imbécile et de critiquer les choix des autres. Je préfère l’empathie à l’attaque personnelle, particulièrement quand des gens vivent des moments difficiles.

Dame Nature se fâche, elle nous fait sentir toute la pression qu’on lui met sur le dos. C’est difficile de lui en vouloir, on n’a pas été particulièrement sympathique avec elle ces dernières années. Elle cherche à retrouver son équilibre et cela implique, parfois, des débordements comme on le vit ces temps-ci.

Drôle de timing, je pars à Venise dans quelques temps. Cette ville qui se fait « inonder » fréquemment, mais bâtie de façon à pouvoir accueillir cette crue aisément. J’aurais voulu le prévoir, je n’aurais jamais pu faire mieux. Mais j’ai si hâte d’aller m’y perdre, de sillonner les rues, d’admirer l’architecture italienne et, bien sûr, de savourer les délices gourmands. Se déconnecter de sa routine, il n’y a rien de mieux pour faire le plein d’énergie.

Ce samedi, j’ai eu le bonheur d’avoir un brunch avec de précieux amis et on a justement eu des échanges sur le fait de prendre soin de soi, sur le besoin de chaque personne de se ressourcer, pour être disponibles aux autres mais aussi pour rester soi-même. C’est facile de s’oublier dans une relation d’entraide, c’est un piège de tenter de remonter le moral des autres au point où on oublie le nôtre.

Mais, par expérience, on peut perdre pied et quand on est par terre, ceux qu’on a aidé ne sont souvent pas en mesure de nous rendre la pareille. Ce n’est pas pour rien que, dans les avions, on dit toujours aux parents de mettre leur masque avant de mettre celui de leurs enfants. Mais on a tous des réflexes et des mécanismes de défense incrustés qui nous empêchent parfois d’agir de manière logique. Les émotions, c’est très fort.

On a tous notre parcours, notre vécu et nos blessures. C’est facile de conseiller ou de juger mais défaire des mécanismes ancrés si profondément, ça demande du temps, de l’énergie, une dose massive de volonté et, parfois, de l’accompagnement. Pour changer ses lunettes, on va voir l’optométriste. Mais notre vision biaisée par notre chemin de vie nécessite parfois d’avoir recours à un guide, une personne qui nous exposera nos failles et nos besoins qu’on ne voit plus.

Je partirai sous peu fêter mon anniversaire au loin, pas parce que je fuis ma vie mais bien parce que j’ai envie de sentir que je suis capable de me trouver ailleurs, loin de mon confort, et d’être heureuse et sereine comme j’aspire à l’être. Il faut parfois se plonger dans un défi personnel pour grandir et c’est une première étape. Comme la vie nous donne toujours des petits challenges, je n’ai pas encore tout préparé, je vais courir un peu cette semaine pour finaliser mes valises et mes derniers achats. Mais ce petit marathon pré-départ, ça fait aussi partie de l’expérience, du lâcher-prise nécessaire.

Et comme me disait mon amie, je ne pars pas dans le fin fond de l’Afrique. À part quelques essentiels, le reste peut aisément se régler sur place. Mais, une habituée comme moi à tout planifier doit lâcher la bride un peu, penser aux bases et faire confiance à la vie. Je débarquerai en Italie le cœur léger, l’esprit ouvert et les jambes prêtes à marcher pour humer, voir, admirer et ressentir toute cette énergie enrichissante. La vie est courte, il faut en profiter. Et pour compenser les émissions du gros Boeing qui m’y amènera, j’achèterai mes crédits carbones sagement. Sur ce, Ciao!

Photo : Unsplash | Marco Secchi