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Je t’aime, novembre!

Alisa Anton

Avec toutes les mauvaises nouvelles qui tombent les unes après les autres, les scandales, la corruption, les abus de pouvoir et les agressions, ce n’est pas toujours facile de garder le sourire et le cœur léger. Surtout quand le fameux mois de novembre frappe à nos portes, avec sa grisaille, son teint pâle, ses arbres nus et les terrains en attente d’une couche blanche. Ce mois est toujours comme un entre-deux, un temps mort pour se préparer à l’hiver.

Mais, malgré l’aversion de la majorité des gens pour cet avant-dernier mois de l’année, qui annonce immanquablement la course folle aux cadeaux, pour ma part, je l’affectionne particulièrement. C’est toujours le moment où je me remets à la lecture, où je n’ai aucun sentiment de culpabilité à rester emmitouflée dans ma maison, entourée de chandelles, un bon petit mijoté propageant ses effluves pendant que je fais du ménage dans mes vêtements ou que je détermine la thématique de mes décorations de Noël.

J’aime cette lenteur et ce plaisir de retrouver ma maison étant donné que je passe la majorité de la saison estivale à être dehors. Maintenant que je fais de la course à pied douze mois par année, je profite de cette saison pour respirer à plein poumons lors de mes sorties et une fois de retour, je ressens une satisfaction et une zénitude sans borne.

Pour ceux qui peinent à apprécier ce mois malaimé, je vous suggère de tenter de trouver ce qui vous ferait du bien et de l’ajouter à votre routine. J’en ai parlé plus tôt mais pour moi, les chandelles, c’est toujours très apaisant. Je pousse même jusqu’à allumer la vieille lampe à l’huile de mon père, objet de réconfort suprême. Jumelée à des huiles essentielles calmantes, comme la lavande, dans un diffuseur, c’est presque une formule garantie!

Pour rester dans les odeurs, je mets aussi de l’eau de linge dans mes draps. Certains me diront que c’est carrément un luxe mais honnêtement, ça me calme dès que je mets la tête sur l’oreiller alors ça vaut son pesant d’or pour moi. Plusieurs compagnies en vendent, avec différentes odeurs. Il vous suffit de trouver celle qui vous convient et de vous gâter! Vous pouvez aussi trouver des recettes pour la confectionner vous-mêmes.

La lecture, comme mentionné précédemment, me permet aussi de m’évader un peu et d’oublier que le froid s’amène tranquillement. Sans vivre dans le déni, ce n’est pas vraiment nécessaire d’anticiper cet inévitable phénomène de la nature. J’y ferai face quand il se présentera! Comme je ne suis pas une adepte de la télévision et que je passe déjà un temps fou à être exposée à des écrans, je préfère la texture du papier de mes romans à la luminosité des appareils. Mais c’est très personnel : si vous voulez en profiter pour rattraper les séries télé que vous avez manquées, grand bien vous fasse!

Cuisiner est aussi une activité tout à fait appropriée pour chasser l’ennui et la déprime. L’odeur réconfortante de votre plat préféré vous aidera sans doute à demeurer dans de bonnes dispositions. Et si ce n’est pas suffisant, invitez vos amis à souper, la rigolade s’en chargera. Dans la même lignée, les thés et tisanes constituent à mes yeux une valeur sûre dans la catégorie réconfort. J’ai toujours une panoplie de mélanges qui n’attendent que l’appel de la théière et ça me permet de faire un roulement dans ma collection. L’automne est donc la saison toute indiquée pour cela!

Ce sont mes quelques suggestions automnales pour amener un peu de douceur dans nos demeures mais tout cela diffère pour chacun. Le plus important, c’est de ne pas s’apitoyer et de se donner le petit coup de pied nécessaire pour se redresser et s’amuser. Parce qu’on sait pertinemment, de toute façon, que ce cycle éternel des saisons nous ramènera son soleil et sa chaleur dans quelques mois. Profitons donc de cette pause imposée pour se ressourcer, se nourrir l’esprit et le corps, prendre soin de soi et faire le point. C’est aussi à ça qu’il sert, ce beau mois de novembre!

 

Photo : Unsplash | Alisa Anton

Prendre les choses comme elles sont

Ryan Graybill

Encore une fois, ce matin, Facebook me rappelle une pensée qui me parlait il y a quelques années. Et c’est toujours fascinant de voir à quel point ma pensée a évolué mais demeure assise sur les mêmes fondements. Ça fait du bien de constater que je n’ai pas tant dérivé de ma trajectoire, que ce que je ressentais comme étant crucial dans ma vie l’est toujours.

Prenez le temps comme il vient, le vent comme il souffle, la femme comme elle est.
Alfred de Musset

Essayer de tout contrôler, de trop vouloir que tout fonctionne à notre façon, ça nous fait dépenser beaucoup d’énergie pour rien. On dit souvent que le temps arrange les choses et qu’il faut donner le temps au temps. Ce temps, il est notre principal allié dans la vie. Si on lui laisse la chance de nous enseigner les rudiments de la vie, si on lui permet de nous transmettre son savoir, on peut être surpris à quel point on a rien de si spécial en tant qu’être humain.

Tout autour de nous a une raison d’être et en tant que personne, on est comme un grain de sable dans l’univers presque infini. Alors de vouloir tout justifier, tout analyser et tenter d’avoir main mise sur le déroulement des choses, c’est oublier à quel point notre place dans le monde est en quelque sorte insignifiante.

En même temps, on a du pouvoir sur notre propre bonheur et notre environnement immédiat. Tout est relatif et il faut apprendre à comprendre la nature réelle des choses, des gens et des événements. Chaque personne est comme elle est pour une raison précise et on ne devrait jamais tenter de faire changer quelqu’un pour correspondre à nos attentes. L’inverse est aussi vrai et malheureusement, on a presque tous expérimenté ce phénomène de se dénaturer légèrement pour quelqu’un.

Pourtant, le naturel revient au galop et ça finit toujours par nous rattraper. On a beau espérer très fort que notre relation avec quelqu’un dure, si on n’est pas soi-même, ça finit plus par nous éloigner qu’autre chose. C’est d’ailleurs un des avantages de vieillir : avec les expériences passées, on répète moins nos erreurs et on apprend à voir venir les coups.

Accepter ce qui est, tolérer au lieu de forcer le changement, s’ouvrir aux autres façons de voir et de faire, c’est beaucoup moins épuisant au bout du compte que s’entêter. Et ça apporte souvent son lot de positif. Ce n’est pas parce que quelque chose a toujours fonctionné d’une certaine façon que celle-ci est la meilleure.

Je me souviens d’une époque où mon angoisse et mon insécurité me rendaient très réfractaire au changement et la peur qui me terrassait m’empêchait d’avancer plus rondement. J’avais beaucoup de difficulté à adapter mon esprit, à changer d’idée, à évoluer en quelque sorte. Ma zone de confort était, disons, très rigide !

Avec du travail personnel, des lectures intéressantes, la thérapie et le yoga, j’ai fini par trouver une certaine paix d’esprit, une solidité en moi qui me permet de me faire confiance et de ne pas me laisser déstabiliser par tout et son contraire. J’ai compris, en quelque sorte, que plusieurs façons de penser sont valables et qu’on peut bénéficier des points de vue divergents.

Alors, prendre les choses comme elles sont favorise réellement la paix d’esprit et évite certains conflits. Personnellement, j’ai choisi cette philosophie de vie au lieu de me battre en permanence. C’est très individuel comme choix, à la limite intime, et chacun peut décider de sa façon d’agir. Se respecter dans nos choix, c’est la clé !

 

Photo : Unsplash | Ryan Graybill

Être qui on est

Sticker Mule

Ce matin, avec les vents forts et la grisaille, j’avais l’impression d’être lente et de ne pas avoir envie de me presser pour m’éveiller, pour bouger, pour sortir du lit. Comme si le temps appelait à un certain repos, à une certaine retenue. Et j’ai laissé mon esprit vogué encore quelques minutes, entre rêve et réalité. Puis, tel un mauvais réflexe matinal, j’ai pris mon téléphone qui s’est ouvert sur Facebook, me montrant une publication précédemment diffusée sur mon mur :

Happiness is when what you think, what you say, and what you do are in harmony.

Gandhi

Que nos actes soient en accord avec nos pensées et nos paroles, c’est une des façons les plus sûres, à mes yeux, d’être heureux et en paix. Que les bottines suivent les babines, que la parole se joigne aux actes, que la pensée soit au diapason avec notre nature profonde, choisissez la formule qui vous plaît, ça revient toujours au même concept. Celui de ne pas jouer de jeu, d’être authentique, transparent et dans le respect.

Quand on se met à réfléchir à ce qui nous ressemble, aux valeurs qui sont au cœur de notre façon de vivre, on peut difficilement ne pas être fidèle à soi. Sinon, c’est comme se mentir à soi-même. Je sais, vous me direz que vous pouvez nommer une panoplie de gens qui vivent dans le déni et le mensonge mais j’ai l’impression que ces personnes ne dorment pas très bien la nuit et ne peuvent pas vous parler avec leur cœur, sans artifice, vous montrer leur vulnérabilité sans tabou.

J’ai rencontré beaucoup de gens qui vivaient dans les nuages. C’est mon expression pour décrire ceux qui restent dans leur tête et ne se connectent jamais avec leur cœur ou leurs tripes. Ceux qui rationalisent tout et ressentent peu, ceux qui jugent plus qu’ils n’expriment d’empathie. Et j’ai toujours eu un certain malaise, voire une certaine pitié pour ce type de personne. Pour moi, ça décrit une souffrance profonde et un mal être flagrant. Car s’il y a bien une personne de qui on veut être proche dans la vie, c’est bien soi, non?

Se fuir, se tenir à distance, c’est triste… (au moment où j’écris cette phrase, le déluge s’anime dehors, comme si on me confirmait mon impression.) Et je sais qu’il est possible de passer toute une vie sans réellement se connaître. On entend souvent des gens âgés parler de leurs principaux regrets, prévenir des jeunes de ne pas répéter leurs erreurs du passé. Et souvent, dans ce discours, on sent une certaine tristesse d’avoir accordé beaucoup d’importance aux choses qui ne l’étaient pas en réalité.

Comprendre ce qu’on est profondément, c’est un des plus beaux cadeaux que l’on peut s’offrir. Nommer nos sentiments, affirmer nos désaccords, refuser de collaborer quand on ne se sent pas à l’aise, faire ce qui nous convient et quitter quand on ne le sent plus, ça permet de ne pas vivre dans le regret. Les « j’aurais dû », ça n’a jamais mené bien loin et ça ne fait qu’entretenir une certaine amertume.

Mieux vaut savoir qu’on n’aime pas quelque chose qu’on a essayé que de se demander constamment si cette chose peut nous convenir sans en avoir fait l’expérience. Même si c’est très différent de ce qu’on est habitué de vivre, même si ça nous semble à mille lieux de notre quotidien, des fois, laisser le hasard ou la nouveauté nous surprendre, ça nous fait découvrir de nouvelles facettes de nous-mêmes exaltantes et enrichissantes.

Laissons-nous le plaisir d’être nous-mêmes, d’être heureux et acceptons-nous. J’ai la drôle d’impression qu’on ne se le permet pas assez et pourtant c’est une des rares recettes qui réussit à tout coup.

 

Photo : Unsplash | Sticker Mule

Cette réalité migratoire

chuttersnap

Ce matin, en faisant défiler les écrans de La Presse+ devant mes yeux tout en buvant mon café, j’ai été littéralement happée par un titre dans les critiques de cinéma : Human Flow. Il s’agit d’un documentaire-fleuve de l’artiste chinois Ai Weiwei qui nous présente de façon réaliste le portrait des migrants, forcés de quitter leur terre et parfois se promenant de camps en camps, n’ayant plus d’attache ni de citoyenneté dans certains cas.

Bien que la critique révèle un manque de ligne directrice claire dans le récit, les images sont troublantes et déchirantes. C’est venu me chercher directement au cœur et ça m’a viré à l’envers. Dans notre petit confort nord-américain, on ne soupçonne pas toujours ce qui se déroule à l’autre bout du monde, cette souffrance silencieuse qui gâche des vies, qui tuent des gens. Des témoignages criants de vérité nous exposent à la détresse de millions de gens délaissés, abandonnés à leur sort et dont on ne parle que trop peu.

Filmé dans 23 pays, ce documentaire choc nous conscientise sur ce phénomène mais nous fait sentir aussi extrêmement impuissants, assis dans nos belles maisons confortables (et chauffées). Que faire dans un tel contexte? N’est-ce pas un droit humain de base que de se sentir chez-soi quelque part, de pouvoir se déposer et construire sa vie? Voir tous ces enfants qui grandissent sans espoir et sans racines, ça m’a vraiment bouleversée.

Les paroles d’une jeune femme résonnent encore dans mon esprit :

Nobody has shown us the way.
Where am I supposed to start my new life?

Que répondre à cela? Peut-on seulement lui promettre, collectivement, qu’elle pourra refaire sa vie? Sans papier, sans refuge, sans plan, sans même l’ombre d’une résolution de conflit, que peut-elle espérer?

Vous me trouverez peut-être déprimante ce matin mais parfois, il faut faire face à l’horreur du monde qui se déroule et cesser de se défiler. C’est facile de fuir cette évidence et de continuer notre vie sans y penser. Après tout, c’est si loin de nous. Mais la réalité, c’est que tout le monde peut un jour se retrouver dans une telle situation, même si ça peut sembler inimaginable. Et surtout, on est tous responsables du sort de l’humanité, ce n’est pas que l’affaire des dirigeants de ces quelques pays, ce n’est pas uniquement parce qu’ils ont fait des erreurs dans leur gestion, ce n’est pas détaché de nous.

C’est par nos choix, nos achats, nos décisions qu’on influence le sort de plusieurs sociétés et on doit, au minimum reconnaître ce qui se cache derrière les facettes moins luxuriantes du monde. Une prise de conscience collective aura déjà pour effet qu’on se questionnera un peu plus, qu’on s’informera davantage. Comme on dit souvent, chaque petit pas compte et je demeure une éternelle optimiste quant aux possibilités et à la force que nous pouvons avoir, tous ensemble.

Le film est présenté dans plusieurs salles à travers la province et, malgré que je ne sois pas une grande adepte des cinémas, je compte bien faire exception pour aller m’exposer à cette réalité sur grand écran. Comme si l’ampleur de la souffrance méritait que j’en aie plein la vue, comme si chacun des malheureux déplacés me conviaient à un rendez-vous intime pour me montrer ce que je ne vois pas dans ma réalité de privilégiée.

Si cela vous intéresse, vous trouverez l’horaire ici :
http://mediafilm.ca/fr/horaire_film/index.sn?code=44879413052972771

 

Photo : Unsplash | chuttersnap

Éloge de la lenteur

Luca Ambrosi

Hier, j’ai fait la course qui m’a semblé la plus difficile depuis plusieurs mois, c’est-à-dire la plus lente. En effet, ma coach m’a expliqué que je suis dans un cycle de récupération et que mes courses seront très différentes pour les prochaines semaines. Comme n’importe quelle machine, le corps ne peut pas rouler à une cadence intense constamment, il a besoin de période de ralentissement. Avec l’automne qui s’installe, j’avoue ne pas être triste de ce programme.

Mais en partant faire la tortue hier, j’ai réalisé à quel point c’est plus demandant de se ralentir que de se pousser à accélérer. Je suis si habituée à devoir augmenter la cadence que de la diminuer me demande une concentration continue. Et, tout en contrôlant mon rythme, je pensais au parallèle évident que je pouvais faire avec ma vie en général.

Je suis une personne énergique, qui a de la drive comme on dit. Alors, pour moi, d’être à fond dans quelque chose, ça n’a rien d’épuisant, au contraire ça me stimule. Par contre, il y a un certain temps, j’ai dû apprendre à trouver des équivalents pour relaxer, me détendre, pour balancer le tout, trouver un juste milieu. Avoir des exutoires pour évacuer mon stress et ne pas être absorbée totalement pas les mêmes choses tout le temps.

Ça m’a pris un certain temps à comprendre cela et à trouver un équilibre qui me convenait, à moi. Pas ce qui est écrit dans les livres, pas un modèle tout fait, une recette en dix étapes faciles, non. Une routine, un éventail d’activités qui correspondaient à mon style personnel. Et maintenant que je l’ai trouvé, j’ai encore plein de choses à apprendre au sein de chaque élément de cette routine de vie.

Comme avec cet exercice tout en lenteur qui me force à me concentrer sur mon rythme cardiaque, qui m’amène à comprendre ma vitesse et sa cohérence avec les battements de mon cœur, habitué de battre à la chamade lorsque les foulées s’enchaînent. Ce fût exigeant de devoir me forcer à garder cette vitesse qui n’est pas naturelle mais réellement formateur. Et comme me l’expliquait celle qui produit mon programme, j’en bénéficierai dans ma progression.

Je suis maintenant capable de m’abandonner complètement aux plans de mon entraîneure, sans excès ni contrôle absolu. Une sorte de mélange entre la rigueur et l’écoute de soi. La fatigue, souvent plus mentale que physique, ne m’empêche plus de sortir mais je sais aussi quand mon corps ne suivra pas le tempo. Comprendre la différence entre une paresse de l’égo et un réel malaise physique…

Je n’aurais jamais cru en apprendre autant en me remettant à la course, ce sport qui peut paraître si simple pour plusieurs. Après tout, on ne fait que mettre un pied devant l’autre, ai-je déjà entendu! Mais à l’intérieur, un monde de connaissances se nourrit et grandit pour apporter une tonne de bénéfices à plusieurs niveaux.

C’est surement pour cette raison que, quand vous croisez un coureur, il a un sourire radieux au visage et dégage une énergie contagieuse. Il est empreint de passion, de fierté, d’estime et de reconnaissance envers la merveilleuse machine qu’est son corps et qui lui permet ce dépassement de soi purificateur. Faire un avec son corps, le chérir, l’écouter et le respecter, ça peut nous mener très loin!

 

Photo : Unsplash | Luca Ambrosi