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Culpabilité, quand tu nous tiens

Brigitte Tohm

Vous sentez-vous coupable? Coupable de ne pas être assez présents pour les gens que vous aimez, coupable de ne pas faire assez de sport, de ne pas assez cuisiner « maison », coupable de ne pas aimer votre belle-mère, coupable de ne pas répondre par la positive à toutes les invitations de fêtes, lunchs et autres rencontres, coupable de pas répondre assez vite aux courriels, messages Facebook, messages textes et appels? Vous demandez-vous souvent ça fait combien de fois que vous n’avez pas fait quelque chose pour vous?

Je ne sais pas pour vous mais moi j’en ai assez de me sentir mal d’exister et de survivre dans ce monde surchargé de stimulations et de sollicitations. Tout nous appelle tout le temps, on devrait être disponible en tout temps, avoir toujours le sourire et ne jamais mal aller. Avec les réseaux sociaux qui ne diffusent souvent que la part de beau, on a l’impression que la vie est un magazine ou un fil Instagram en tout temps. L’effet pervers de ça, comme plusieurs commencent à le démontrer, c’est que personne n’a une cuisine parfaite comme on le voit sur Pinterest! Vous savez pourquoi? Parce que ce qu’on nous montre dans ça a bien souvent pris 3 heures à « placer » et toute une équipe!

Hier, je vous ai passé en douce un lien d’une capsule de la petite série chouchou de Tou.TV : La vie n’est pas un magazine. Je suis tombée follement amoureuse de ces petites chroniques du quotidien qui nous montre qu’au fond, on est tous pareils, on rêve de mieux, on voudrait être bon dans tout mais que finalement on reste souvent en mou dans notre salon… Tout cela nous est présenté sur un beau fond d’autodérision et avec, en prime, plusieurs jeunes et moins jeunes invités qui viennent nous raconter une tranche de vie pour qu’on se déculpabilise une fois pour toute. Rafraîchissant, bénéfique et divertissant, voilà comment je qualifierais ce nouveau petit bijou accessible et ludique.

Et ça m’a amené à me dire que j’en avais assez de tenter de rentrer dans le moule parfait que la société tente de nous infliger. Au diable la mise en plis, la maison « Spin n’ Span », l’attitude A1 en tout temps… Parce qu’avec tout ça, au bout du compte, c’est nous dans notre for intérieur qui paie le prix de cette pression. On a notre petite boule de stress qui nous suit au quotidien et que personne ne soupçonne parce que tout le monde pense que l’autre est parfait et respecte les standards. On a tellement la vie de tout le monde étalée dans notre fil d’actualités qu’on en vient à se convaincre que c’est la nôtre qui cloche.

Mais vous savez quoi? La vraie vie, celle qui est toute croche et remplie de petites erreurs, c’est elle qui nous fait grandir et qui nous nourrit. Elle nous représente, elle est à notre image, elle nous apprend plein de choses, nous montre des leçons, glisse sur notre chemins des perles d’amitié, nous fait évoluer, pleurer et rire. Avec ses défauts et ses travers, notre vie réelle nous fait apprécier les bons moments et dans ceux plus difficiles, elle nous révèle qui sont nos vrais amis. Elle est parfois un peu chiante et bouscule notre routine mais bien souvent, après une tempête, on découvre pourquoi tout cela nous est arrivé. Et nous aurons encore plein de surprises, de déceptions et d’épreuves mais notre vie, elle est parfaite comme ça!

 

Photo : Unsplash | Brigitte Tohm

Soyons solidaires, fraternels et inclusifs

Patrick Hendry

Hier, j’ai pris le temps de lire, d’observer et d’analyser rapidement ce qui se disait ou se pensait au sujet de la Journée internationale des femmes. Et je suis tombée des nues quand j’ai lu un article (que volontairement je ne mettrai pas en référence ici pour ne pas lui donner de la visibilité) qui se questionnait sur la pertinence de cette journée, sur le fait qu’on met beaucoup trop d’emphase sur la condition féminine…

Je l’ai relu une seconde fois pour m’assurer que mon cerveau n’avait pas eu une légère attaque faisant de mes yeux de mauvais lecteurs. Malheureusement non… c’était bien écrit noir sur blanc… Et la première question qui m’est venue en tête c’est : veux-tu bien me dire comment quelqu’un peut écrire pareilles sottises?

Parce que, excusez-moi pour la montée de lait matinale, mais il faut quand même avoir du culot pour écrire ce type d’article provocateur et sans fondement le 8 mars… Il y en a qui aime avoir de l’attention et qui irait jusqu’à vendre leur mère pour qu’on parle d’eux… D’où la raison que je ne mets pas de référence, chose que je fais religieusement en temps normal. Sauf qu’ici, ça serait d’entrer dans son jeu et c’est la dernière chose que je désire faire.

Je ne peux toutefois pas demeurer silencieuse face à un tel affront car à tous les jours je vois des situations d’injustice face aux femmes et ça me répugne. Alors oui cette journée est importante pour rappeler le chemin qu’il reste à parcourir, oui les femmes subissent encore de l’intimidation, des inégalités et de la violence juste parce qu’elles sont des femmes. Encore ce matin j’entendais à la radio que des femmes se sont fait sortir d’un chantier uniquement parce ce sont des femmes. Bravo au contremaître, en passant, qui a pris cette décision. Vous prouvez sans aucun doute qu’il faut encore aujourd’hui faire valoir les droits des femmes.

Et non il ne s’agit pas d’un combat, d’une lutte pour le plus fort. Ce n’est pas une question de déterminer lequel entre l’homme et la femme est le plus fort. C’est une question de comprendre, intégrer et incarner le fait que les humains sont tous égaux, peu importe leur sexe, leur statut ou leur nationalité. Une femme a le droit de faire tous les métiers du monde, d’étudier et de travailler dans ce qu’elle juge être sa sphère, même si c’est moins commun, même si cela exige une grande force physique, une endurance hors du commun et un courage légendaire.

Le mot féministe fait peur aujourd’hui et je suis outrée qu’on s’attarde sur un débat sémantique plutôt que sur des conditions de vie. Soyez féministe, égalitaire, humaniste ou ce que vous voudrez. Mais réagissez quand vous faite face à une inégalité, à un manque de respect, à de la misogynie ou un quelconque comportement injuste. Que ce soit face à une femme, une personne âgée, un homme, un enfant, un immigrant ou un « pure laine »… Je l’ai écrit hier et je le réitère : un humain c’est un humain.

Soyons solidaires, fraternels et inclusifs. Soutenons-nous, qui que nous soyons. Ça reste à mes yeux la plus belle façon de combattre le mal sans violence ni haut cri. Ça reste de l’humanité…

 

Photo : Unsplash | Patrick Hendry

Une journée pas comme les autres…

Morgan Sessions

Sujet évident ce matin… Mais ô combien vaste, délicat et perpétuel. En lisant les journaux ce matin, j’étais un peu triste de lire toutes ces statistiques épouvantables : le nombre de femmes si minime sur les conseils d’administration, le manque d’égalité au niveau des salaires, la place des femmes très mince dans les sports de compétition… Et surtout, les agressions, majoritairement faites aux femmes, encore en nombre faramineux… À toutes les 90 minutes, une agression a lieu, ici près de nous…

Comme dirait l’autre : on est en 2016. Et je dirais même : On est en 2016, calvaire! Comment se fait-il que les femmes doivent encore se battre pour faire leur place dans des milieux d’hommes? Comment se fait-il qu’il y ait encore des Marcel Aubut qui sévissent sans que personne ne réagisse et que ça prenne souvent des scandales avant que les choses bougent et soient dites publiquement? Comment se fait-il qu’encore aujourd’hui, des femmes de partout dans le monde n’aient pas le droit de sortir de la maison, de vivre leur vie, de conduire, d’aller à l’école, de travailler? Comment se fait-il qu’en tant que pays on n’agisse pas plus, qu’en tant que société on ne mette pas un frein à toutes ces inégalités?

Certains diront que c’est impossible de faire bouger toute une société, que c’est trop lourd, trop gros, trop profondément ancré… Mais à ces gens, je rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, les noirs ne pouvaient pas prendre l’autobus, qu’il n’y a pas tant d’années, les femmes n’avaient pas le droit de vote et devaient rester à la maison pour élever les enfants…

Je suis une ardente croyante de la possibilité de faire bouger les choses. Pour moi, l’évolution est un droit et rien ni personne ne me convaincra qu’une femme n’est pas égale à l’homme. J’en ai marre des « oui mais » et je ne veux pas en entendre un ou une aujourd’hui me dire que c’est peine perdue. Parce que oui ça m’arrive d’entendre cela, autant par des hommes que par des femmes et ça me fait dresser le poil des bras. Un humain, c’est un humain, point à la ligne! Que ce soit un homme, une femme, un corps d’homme avec un esprit féminin ou l’inverse, un transgenre, une tom-boy ou whatever comment on décrit la personne. C’est un humain, that’s it! Cette personne a des droits et jamais on ne devrait la définir par son sexe.

J’appuie la campagne #mettezdurouge et j’en ai rien à foutre des gens qui disent que c’est cliché et réducteur. L’important c’est d’en parler et je suis tout à fait d’accord avec l’instigatrice de ce mouvement qui prône le fait que ça allège un peu le sujet et ça permet d’ouvrir une porte à la discussion. Pourquoi devrait-on toujours rester sérieux dans tout? Moi j’aime l’idée et je félicite ces hommes qui osent et publient leur photo avec du rouge à lèvres.

Je suis tannée qu’à chaque initiative, il y ait des rabat-joie pour casser l’ambiance. Depuis mon enfance on me répète une phrase que je vous partage aujourd’hui : qui n’essaie rien n’a rien. Pour moi, c’est clairement applicable. Si on ne tente pas de faire parler du sujet, de faire bouger les choses, on ne peut pas se plaindre que rien ne change.

Merci de votre support, chers hommes audacieux.

Bonne journée internationale des femmes à toutes!

 

Photo : Unsplash | Morgan Sessions

Au revoir M. Lacroix…

FRERE BENOIT LACROIX

Hier, en apprenant la nouvelle du décès du Père Lacroix, je me suis sentie ignorante. Cette personne représentait une source d’inspiration, de grâce, une figure intellectuelle et un grand humaniste et je le connaissais si peu. J’ai entendu quelques-unes de ses interventions mais je n’ai jamais pris le temps de m’attarder à la personne, à son vécu, à son savoir… Et aujourd’hui, malgré les écrits qui restent, il est un peu trop tard pour m’y intéresser. Bien sûr, je pourrai parcourir le web à la recherche d’entrevue et d’articles mais je n’aurai jamais l’occasion de sentir l’énergie positive et saine qu’y émanait de cette grande personne inspirante.

Josée Blanchette a souvent parlé de lui comme son guide spirituel, un mentor, un ami, une figure importante dans sa vie et il semble que ça n’a pas été suffisant pour me convaincre. Pourtant, je suis cette femme de près car je la trouve brillante, juste et éclairante. La vie avance vite, on court, on fait ce qu’on peut… Et parfois on passe à côté de quelque chose de grand. Comme c’est le cas avec une rencontre qui n’arrivera jamais avec un homme qui aurait pu m’apporter beaucoup.

Et ça m’a surtout fait constater à quel point il y a peu de gens de cette trempe, des intemporels, des philosophes, sociologues, sans jugement, qui porte sur le monde un regard riche d’espoir et empreint d’une humanité déconcertante. En dehors de la politique, des intérêts financiers, des avancées technologiques et des poussées scientifiques, il y a l’humain, le vrai, avec ses valeurs, son âme et son cœur. Et cet homme l’analysait sous un angle différent, celui du plus grand que soi.

Il va nous manquer mais il laisse derrière lui un enseignement légendaire. Ceux qui ont eu la chance d’apprendre de lui portent en eux une partie de sa lumière et de sa grandeur d’âme. J’ose espérer que certains perpétueront son œuvre et sa connaissance au-delà des mots. Il s’est intéressé à l’art, à la littérature, à l’histoire, à l’homme… Il a lié des amitiés véritables et pures avec des intellectuels, des artistes, des politiciens… Reconnu plusieurs fois dans sa vie pour ses travaux et son influence, il restera à jamais une figure importante du paysage québécois.

Reposez en paix, cher Père Lacroix. L’empreinte de votre passage demeurera et pendant longtemps les échos de votre parcours parmi nous retentiront. Ce que vous avez semé a une valeur considérable et je vous salue bien bas, dans toute mon ignorance. Je me fais un devoir d’en apprendre plus sur vous et de profiter de votre héritage pour m’instruire et approfondir mes réflexions. Je vous remercie pour tout et vous souhaite un repos éternel à la hauteur de votre passage parmi nous : généreux, apaisant et enrichissant.

 

Photo : Le Devoir

Les bonnes personnes aux bonnes places…

Joey Sforza

Ces jours-ci, j’ai beaucoup moins d’énergie qu’à l’habitude. Une vilaine sinusite me la gruge, comme si elle s’en nourrissait. Ça me demande plus de repos, plus de temps pour moi, et ça m’exige surtout à ralentir, à aller à l’essentiel et à me prioriser. Comme si la vie m’envoyer un message clair de me mettre au centre de mes préoccupations.

Avec ce recul, je regarde aller mon entourage, je vois les gens tenter de faire de leur mieux, de construire quelque chose, de remplir leur mission. Et je ne peux que constater que je suis loin d’être la seule à s’épuiser sur les mauvaises priorités. En effet, beaucoup de gens de mon entourage, le nez collé sur la routine, ne voit plus du tout l’ensemble de la tâche et s’acharne sur la mauvaise partie.

D’autres, carrément assis sur la mauvaise chaise, prennent des décisions émotives ou se mettent la tête dans le sable, croyant, à tort, que la vie se chargera de remettre à leur place les mauvais joueurs. Et d’autres encore, sans s’en rendre compte, laisse le navire couler comme si aucune solution n’était possible.

Ça m’attriste de voir autant de mauvaise gestion autour de moi, comme si on était condamné à endurer tout cela… Autant personnellement que professionnellement, mon entourage semble parfois découragé et même avoir abandonné tout espoir. Pourtant, le passé nous rappelle qu’après toute phase sombre, une période plus claire survient et qu’il faut bouger les choses si on veut du changement autour de soi.

Des fois, c’est à la tête même d’une organisation que le problème est installé et à d’autres moments, les gens ne savent tout simplement pas pourquoi ils sont là où ils sont. Faire véhiculer les valeurs, les incarner, agir en conséquence, c’est valable autant dans une entreprise que dans une famille. Quand le message est clair, il y a plus de chance pour que les gens y adhèrent et s’y collent.

Savez-vous pourquoi vous êtes là? Savez-vous pourquoi vous occupez ce poste, pourquoi on vous confie ces responsabilités? Savez-vous ce que l’on attend de vous, concrètement? Si vous répondez non à ces questions, il y a de fortes chances pour que vos efforts ne soient jamais récompensés et que votre travail passe inaperçu. Malheureusement, c’est le cas de tellement de gens dans notre société que c’est devenu un mal généralisé et banal. On ne s’y attarde plus, comme si c’était normal.

Mais si vous ne comprenez pas le pourquoi, comment pouvez-vous espérer avancer et grandir? Comment peut-on considérer que l’on participe au bien commun si celui-ci n’est pas clairement défini?

Je ne suis ni découragée ni défaitiste mais disons que ces jours-ci, quand je regarde autour de moi, les sources d’inspiration ne font pas légion. Et si, pour changer, on s’arrêtait pour comprendre pourquoi on fait tout cela?

 

Photo : Unsplash | Joey Sforza