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Se libérer ou s’affranchir?

Andrew Collins

Je lisais ce matin un texte de Diane Gagnon sur le processus de libération, qui consiste à faire un certain ménage dans notre vie de tout ce qui ne nous rend pas heureux. Et je pensais à certaines personnes que j’ai croisées dans ma vie que je qualifie d’éternels insatisfaits. Vous savez, ces gens pour qui tout est noir, chez qui tout semble pénible et lourd, qui ne semble jamais heureux et plutôt victime de la vie?

Et soudainement, je me suis sentie choyée et particulièrement reconnaissante de la vie. J’ai eu mes moments de petit nuage noir, des moments où j’avais l’impression que rien n’allait et que je marchais en parallèle de ma vie. Je ne trouvais pas l’équilibre, je n’arrivais pas à me satisfaire de ma vie, comme si je vivais celle de quelqu’un d’autre. Mais heureusement, il y a dix ans, j’ai pris la décision de consulter et je sais aujourd’hui que c’est le plus bel investissement de ma vie. Investir sur soi, faire le choix d’être accompagnée est une chose très difficile à faire mais Ô combien libératrice.

Il n’est sans doute pas toujours nécessaire d’y consacrer autant d’années que je l’ai fait, et chaque histoire est unique, mais se choisir et décider d’y investir temps, énergie et argent, pour aller mieux. Il y a eu plusieurs creux, plusieurs moments de doute, plusieurs fois où je me suis demandée pourquoi je faisais tout cela, pourquoi je creusais autant et réveillais des démons bien enfoui… Mais tête de cochon comme je suis, j’ai poursuivi cette route sinueuse à l’intérieur de moi. Et aujourd’hui, après toutes ces années, j’ai l’impression d’avoir terminé mon marathon, ou du moins d’approcher du fil d’arrivée.

J’ai grandi, j’ai évolué, j’ai appris à me connaître, à comprendre mes émotions, à accepter ce que je suis et ce que je ne peux contrôler, à voir chez les autres le bon comme le mauvais, à me protéger quand il le fallait et surtout à faire confiance à ceux qui le mérite. Je trébucherai encore, j’aurai encore des moments d’ambigüité et de crainte mais aujourd’hui je sais comment les gérer.

Avec tout ce que j’ai investi sur moi, j’aurais sans doute une plus grande maison, j’aurais fait plusieurs voyages de plus, je vivrais peut-être même dans un autre pays, qui sait… Mais je suis convaincue que je ne serais pas aussi sereine qu’aujourd’hui et ça… c’est mon Everest à moi! Avoir la fierté d’avoir parcouru tout ce chemin intérieur est encore mieux que d’avoir relevé n’importe quel défi sportif ou professionnel.

Dans 10 ou 15 ans, je relirai peut-être ce texte en me disant que finalement j’avais fait si peu de chemin mais en ce petit matin frisquet de la fin de l’été 2015, je me sens bien, à ma place et fidèle à ce que je suis. Il est probable que dans quelques jours, des doutes surgissent dans mon esprit et c’est tant mieux. Car j’ai aussi appris que les doutes nous forcent à réfléchir et à remettre en question des certitudes pas toujours pertinentes. Quand on accepte de brasser nos idées et nos choix, on se donne le droit de recommencer, de reculer et de changer de chemin. Et ça, ça nous permet de croître.

 

Photo : Unsplash | Andrew Collins

Le désir, un puissant moteur

Josh Felise

Oh non, vilains esprits, je ne vous parlerai pas du désir entre humains, charnels et sensuels. J’ai plutôt envie de réfléchir au désir comme moteur de nos vies. Le désir de se dépasser, d’être une meilleure personne, le désir de relever les défis, d’être de bons parents. Cet aspect de nos vies nous permet d’évoluer et de vouloir faire mieux. Il est parfois intense mais aussi parfois complètement éteint. Et quand cette panne sèche survient, on se sent moche, notre estime de soi est au plus bas et on a l’impression qu’on ne vaut pas un clou. C’est comme si on avait un petit nuage gris au-dessus de la tête, comme dans les dessins animés de notre enfance.

Ça nous est tous arrivé un jour et malheureusement, je ne veux pas vous décevoir, mais ça risque fort bien d’arriver encore. C’est comme un cycle, une pause, un mal nécessaire… Car j’ai tendance à croire qu’il est parfois nécessaire d’être au fond du puit pour remonter, rejaillir avec plus de force et de vigueur. Sinon, notre égo prendrait trop de place et se lasserait croire que nous sommes au-dessus de tout.

Vouloir se dépasser, c’est sentir qu’on peut aller au bout de soi, plus loin encore. Que la limite actuelle peut être repoussée et que d’y aller nous permettra de voir plus grand, de respirer plus d’air, de se sentir plus léger. À l’intérieur de nous, dans le fin fond de nos trippes, il y a cette petite flamme qui brûle d’envie de vivre des expériences nouvelles pour qu’on se sente vivant et animé. On ne parle pas nécessairement d’exploit grandiose mais chacun, à sa juste mesure, à sa dose, peut se surpasser. Pour une personne très timide, ça peut être aussi banal que de sourire aux gens qu’elle croise. En période de grande angoisse, il m’est arrivé de devoir me forcer pour le faire alors je comprends très bien que ça peut exiger tout un effort.

Pour d’autres, ça peut être un marathon, un discours devant plusieurs personnes, un voyage en solo… Peu importe l’ampleur, l’important est d’aller un peu plus loin, de sortir de notre fameuse zone de confort.

Mais parfois aussi, on se rend compte que notre désir nous dirige à la mauvaise place, nous fait miroiter du bonheur éphémère. Le mirage dans le désert… Et avec un peu de recul, on se rend compte que c’est de la frime, qu’on n’aurait pas nécessairement trouvé une source d’énergie et que finalement c’est notre égo qui désirait être valorisé. Ça m’a pris des années à comprendre cela… Je crois que ça prend quelques trébuchages pour réaliser qu’il existe plusieurs sphères en nous et que chacune doit demeurer humble. Quand on est jeune, notre égo se nourrit de la moindre petite reconnaissance ou valorisation. Et plus on vieillit, plus on comprend que ce n’est pas ce qui nous définit.

Ce n’est pas dans le regard des autres que l’on vit, c’est dans sa propre estime de soi. Se coucher le soir et penser à ce que les autres voient en nous, ce n’est pas être heureux. Se coucher le soir, être satisfait de notre journée, de nos gestes et paroles, de l’amour partagé, des petits moments de bonheur… ça se rapproche de ma définition d’être heureux. Et avoir le désir que chaque lendemain soit aussi merveilleux, nous fasse grandir et découvrir de nouvelles facettes de la vie. Pour moi, c’est plus important que le regard de quiconque sur ma vie.

 

Photo : Unsplash | Josh Felise

Des fondations solides

Mathieu Turle

Ces derniers temps, j’ai l’impression d’avoir coulé mes fondations, d’avoir délaissé ma maison mobile et d’avoir enraciné ma structure, solidement et patiemment. D’avoir travaillé suffisamment fort sur moi pour que ma base soit en place pour un bout de temps, qu’elle résiste mieux aux tempêtes et me permette de construire ma vie, pièce après pièce, un étage à la fois.

J’ai longtemps sentie ma base « chambranlante », toujours à l’affût de la moindre tempête qui allait arracher des morceaux, laisser des traces de son passage sur mon être fragile, disloquer mon équilibre.

Mais heureusement, quand on travaille sur soi et qu’on avance, contre vents et marées, qu’on s’acharne à se comprendre et se connaître, qu’on donne le temps au temps… On finit par récolter le fruit de notre labeur et s’enraciner.

Connaître nos défauts, nos limites, nos qualités et nos atouts… Ces éléments essentiels à toute fondation durable. C’est comme le mortier, ça soude les éléments ensemble. Et ça sert de repère quand on se sent partir à la dérive, d’ancre pour nous garder attachée au port.

Pendant des années, l’anxiété m’a empêchée de me sentir moi-même, m’enfermait sous une carapace dure et inébranlable alors qu’à l’intérieur le séisme rugissait. Et quand je croyais avoir trouvé une bouée, elle me glissait des mains et je replongeais. Un perpétuel tourbillon que je ne comprenais pas et qui me remuais les « trippes », à m’en rendre malade parfois.

Et je ne comprenais pas que le réel sauvetage viendrait de l’intérieur. Je ne voyais pas qu’à force de semer petit à petit les graines de mon estime, un jour je me sentirais épanouie.

J’ai lu beaucoup, consulté une psy et même vu un voyant. Chaque rencontre, chaque lecture a laissé inconsciemment des traces, a ajouté sa part à ma fondation. Au fur et à mesure les morceaux ont fini par se souder ensemble et sans que je m’en aperçoive, la base était bien là, solide, définie et ancrée. C’est en levant la tête qu’on constate le chemin parcouru, en regardant derrière, devant et dedans…

Être capable d’écrire tout cela aujourd’hui est une étape, un accomplissement, un carrefour. La route continue et je sais pertinemment que certains bouts seront comme un chemin de terre mais j’ai appris que ces épisodes sont nécessaires et surviennent pour nous apprendre quelque chose. Si la route était tjrs belle, comment grandirions-nous? Je dis souvent que ça prend des moments plus durs pour apprécier les tendres. Si la route était toujours lisse et sans encombre, comment pourrais-je continuer d’évoluer, de me solidifier? C’est en se confrontant à des moments plus durs qu’on peut constater la beauté de notre force. Quand tout va bien, on a tendance à prendre pour acquis ce que l’on a, on a l’impression que rien ne peut nous atteindre. Puis un matin, une petite épreuve se met sur notre route pour nous rappeler que ce n’est jamais fini et qu’on doit perpétuellement tenter de s’améliorer.

Avant, quand ça n’allait pas, je bougeais, je déménageais littéralement… Comme si changer l’environnement extérieur allait balayer les soucis, comme si j’allais jouer un tour à la vie. Mais j’ai compris que c’est elle qui mène le bal et que de m’épuiser à tenter de lui jeter de la poudre aux yeux ne faisait que me drainer moi-même, m’anesthésier en quelque sorte au lieu de ressentir.

Alors aujourd’hui, je commence ma journée en écrivant sur ce blogue pour toujours ressentir, le bon comme le mauvais. Et ça me rappelle que j’ai parcouru un bon bout de chemin. Et que même quand ça va mal, quand je me sens dans le brouillard… Je sens. Et c’est beaucoup mieux que de fuir.

 

Photo : Unsplash | Mathieu Turle

Accepter ses petits défauts

Être heureux

Quand on parle d’imperfections, on pense à prime abord à nos défauts physiques, à ces parties de nous que l’on préfère cacher. Ou encore à ces traits de notre caractère qui nous font parfois réagir plus qu’on ne le voudrait. Et on a parfois l’impression que nous sommes pires que les autres, qu’on a plus de petits travers, qu’on devrait tellement travailler sur nous pour s’améliorer… Mais ce qu’on ne réalise souvent pas c’est qu’on est tous ainsi, on croit tous être pire que les autres, que le jardin du voisin est tellement mieux. À force de se comparer on finit par ne plus être en mesure d’apprécier et de voir nos qualités. On n’est même plus au stade de voir le verre à moitié vide ou plein, on ne voit que les petits défauts du foutu verre!

À force de discuter avec les gens, je réalise à quel point on est exigeant avec soi-même. Oui, on se fait bombarder d’images de corps parfait, de famille parfaite, de maison parfaite… Mais on se laisse imprégner de tout cela, on se laisse influencer sans réfléchir. Et au fond de nous, on sait pertinemment que ce n’est pas tout cela qui nous rendra plus heureux. Il y aura toujours quelque chose qui viendra ternir le portrait parfait à nos yeux car on porte notre attention sur ce qui détonne de notre modèle. Mais c’est justement ce modèle qu’on nous à forcer d’adhérer qui fait défaut, qui jure avec la vie!

Il y a bien quelques exemples inspirants de gens qui ont pris la décision de sortir du modèle rigide pour s’accepter tel quel, pour vivre en marge de la société de consommation surfaite qui remplit nos marges de crédit. Mais ceux que je connais ont souvent l’impression d’avoir à se justifier constamment et je présume que cela peut devenir un peu pénible. Et encore là… A-t-on besoin d’aller dans les extrêmes? N’y aurait-il pas un juste milieu où des moments de folie viennent teinter une vie plus assumée?

Personnellement, je sais pertinemment que je ne serais pas plus heureuse après un lifting ou de faux seins… Mais je réalise que je suis entourée et bombardée d’image de corps parfait qui constamment me rappelle que Photoshop fait des miracles et que même si je travaillais dans un gym et faisais un bac en nutrition, je n’y arriverais probablement jamais. Car j’aime manger, boire et profiter de la vie. Et que vivre dans la privation extrême me donnerait peut-être un corps à rendre jalouse bien des femmes mais ma tête elle souffrirait d’un ennui mortel. Savourer un bon bordeaux, déguster une tarte à la lime et me prélasser au soleil font partie de mon équilibre. Je suis pleinement consciente que je devrai vivre avec les « conséquences » de ces écarts mais justement… on considère le tout comme des écarts car le « modèle » nous dicte de se nourrir de salade (bio) et de faire du sport dès que l’occasion se présente.

Si je devais arriver à 70 ans avec un corps impeccable en m’étant privée toute ma vie, je suis persuadée que je regretterais de ne pas avoir profité au maximum de ces belles années. Regarder au-delà des imperfections… Dans mon esprit, ça sonne comme un lâcher-prise, sain et senti. Et dans cette réflexion se greffe la connaissance de soi. Car quand on se connaît, on comprend mieux ce qui nous rend réellement heureux, ce qui résonne en soi et qui nous donne ce sourire contagieux. 🙂

Être intègre

Jessica Polar

Il m’arrive souvent de penser que les autres sont meilleurs que moi, que j’ai de la difficulté à communiquer, que je ne suis pas en phase avec moi-même… Être complètement cohérent avec soi-même demande un certain effort et surtout de l’humilité. Dans la vie de tous les jours, de multiples occasions se présentent pour nous amener à réagir, de façon authentique ou non. Parfois, pour éviter un conflit ou une situation de désaccord, on se tait, on ravale nos pensées, on prend le camp de l’autre pour passer à autre chose. Certains appellent cela : choisir ses batailles. Et c’est tout à fait compréhensible car à force de défendre nos idées, on en perd parfois le nord. Mais choisir ses batailles comme on dit, c’est aussi parfois aller à l’encontre de nos valeurs et subir des conséquences que nous n’avions pas toujours envisagées.

Parfois on tient aussi notre bout au point d’oublier de prendre du recul, d’écouter l’angle de l’autre et d’accueillir le fait qu’il peut y avoir autant de bonnes façons de voir ou faire les choisies que d’êtres humains dans le monde. C’est tout un défi d’être intègre et cohérent avec soi, tout en étant accueillant, à l’écoute et réceptif. Mais je crois que plus on avance dans la vie, plus on comprend qui on est réellement et plus on ressent à l’intérieur lorsque l’on n’est pas sur la bonne voie. Pour cela, on doit être à l’écoute de cette petite voix, de notre instinct et accepter de se remettre en question. D’où le besoin d’une certaine humilité…  Avouez que nous avons réagi trop vite, sur le coup de l’émotion, que nous n’avions pas le recul nécessaire pour prendre la bonne décision demande une certaine dose de cette modestie de l’égo. Ce cher égo qui prend souvent une place prédominante et qui nous envahit au point de nous faire perdre nos repères au profit de notre petit nombril.

Trop souvent, on réalise après un certain temps, que nous avons pris une position qui ne nous convient pas. Que ce soit un emploi, une relation, une décision de tout ordre… On s’emporte sur le coup, notre égo nous mène par le bout du nez et on est convaincu de faire la bonne affaire… Puis, on se rend compte qu’au fond de nous, ça ne vibre pas comme ça devrait, ça ne résonne pas avec notre essence, il y a un déséquilibre. Je crois beaucoup à la notion d’équilibre, à l’homéostasie. J’ai appris ce concept lors de ma formation en massothérapie et depuis j’ai découvert qu’il s’applique à beaucoup plus que les fonctions vitales du corps humain. Selon Wikipédia :

L’homéostasie est la capacité que peut avoir un système quelconque à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des contraintes qui lui sont extérieures.

Et pour moi, notre petite voix intérieure remplit cette fonction. Au-delà des battements du cœur, du transit intestinal et de l’air qui entre dans nos poumons, il y a notre feeling qui nous signale une dérive possible. Pourquoi? Pour conserver notre équilibre, rester en phase avec soi et être capable de se regarder dans le miroir et être fier de soi. Pouvoir s’aimer tel que l’on est et s’assumer.

Si on passe notre temps à aller à l’encontre de notre de tout cela, comment peut-on espérer être zen? Veut-on passer notre temps à jouer à l’autruche, à se mettre la tête dans le sable, à fuir? Je ne crois pas que ce soit très sain…

En ce long week-end de la fête du travail, je me suis dit que je devrai méditer sur cela : y a-t-il des choses dans ma vie en ce moment qui ne sont pas alignées avec ce que je suis?

 

Photo : Unsplash | Jessica Polar