Un ballon ou un marathon?

Vlad K.

Dans la vie, on fait face à toute sorte de défis… Que ce soit d’arriver à concilier travail et famille, de garder sa motivation pour s’entraîner, d’apprendre une nouvelle langue ou simplement de demeurer soi-même malgré les diversions de la vie… Nombreux sont les obstacles pour nous faire dériver du chemin prévu.

La société d’aujourd’hui en est une de performance, de recherche de l’étincelant, de dépassement de soi. Cela a pour effet que de simplement exister semble si banal et commun qu’on ne s’y attarde plus. Mais si on prenait un peu de recul et que l’on revenait à la source, sans quête absolue ni formule clé pour atteindre le nirvana?

Être, tout simplement, vous vous en souvenez? J’ai parfois l’impression qu’on se met collectivement la barre haute, comme si de vivre notre vie n’était pas suffisant et qu’il fallait à tout prix s’ajouter un marathon, une retraite de yoga et une cure de jus pour être acceptable aux yeux de nos concitoyens.

Les réseaux sociaux ont intégré dans nos vies la notion de partage mais aussi l’effet pervers qui vient avec… L’exploit à partager pour récolter le plus de like ou de partages. Est-ce vraiment à cela qu’on peut mesurer notre niveau de bonheur? Je ne crois pas…

J’ai vraiment l’impression qu’on passe à côté de quelque chose de vrai à trop vouloir mettre en scène nos vies pour épater la galerie. Et cela ne se passe pas uniquement sur Facebook… On tend à exiger des employés qu’ils soient joignables le soir et les week-ends, qu’ils répondent à leurs courriels même en vacances ou durant leur congé parental… L’accès si facile à tous ces moyens de communication rend le lien entre le travail et la vie privée quasi permanent.

Mais il y a aussi les messages à peine subtiles véhiculés dans les médias et sur les blogues : les 10 meilleurs trucs pour être mieux, adoptez cette technique et vous deviendrez riches, les pires erreurs à ne jamais commettre, qu’on en commun les gens qui réussissent… La surenchère de l’excellence met une pression énorme sur le commun des mortels qui au fond de lui désire simplement être heureux tel qu’il est. On lui martèle qu’en réalité son bonheur est directement lié à sa propension à adopter les bons comportements.

Mais ces fameux comportements, qui les déterminent exactement? Et, entre vous et moi, nous sommes tous différents alors comment peut-on envisager que la formule convient à tous? Quand je lis ce type de billet ou d’article, je me questionne systématiquement sur la source et sur la cible. Qui a décidé que je devrais agir ainsi pour atteindre tel but. Et ce but, est-il réellement le mieux ou plutôt celui que la société tente de m’imposer?

De Gwyneth à Jacinthe, en passant par tous ces gourous des conseils financiers, moraux, alimentaires et autres… Tous ces prêcheurs de belles paroles qui derrière eux ont souvent une armée de gens en marketing et en communication… j’ai tendance à dire : laissez-moi donc déterminer ce qui est bien pour moi. Et en cas de doute… j’ai quand même le droit de me tromper, car c’est souvent dans l’erreur qu’on apprend.

Et, ces jours-ci, je me rappelle surtout ce qui me rendait heureuse quand j’étais petite : jouer dehors. M’amuser dans l’eau au chalet, faire des châteaux de « bouette » (et les goûter!), courir dans les champs, me promener en montagne, faire du ski de fond avec mon père… Parfois un simple ballon peut suffir à faire sourire. Sans artifice ni exploit à la clé…

 

Photo : Unsplash | Vlad K.