La route de la vie

André Branco

La cloche de l’école primaire s’est fait entendre il y a quelques minutes. J’entendais les enfants s’amuser, l’animation joyeuse et pétillante de la cour d’école qui diminuait tranquillement au fur et à mesure que les élèves entraient dans l’établissement. Vous l’aurez deviné, je travaille de la maison… Et comme l’école est à quelques pas de chez-moi, j’ai le bonheur d’entendre cette ambiance sonore colorée, accompagnée du chant des oiseaux et du bruit du vent dans les feuilles des arbres du parc.

Il y a quatre ans, je vendais ma maison à Sainte-Sophie pour me rapprocher de mon travail et de mon monde. Quelques années passées loin du brouhaha de la ville m’ont fait le plus grand bien mais je ressentais le besoin d’être dans un lieu qui me ressemblait, qui mariait accessibilité et tranquillité. Cette année-là fut l’une des plus éprouvante et mouvementée de ma vie. Je me suis séparée, j’ai vendu ma maison alors que mon père rendait son dernier souffle, j’ai quitté mon emploi et emménagé dans cette nouvelle ville pour finalement décider de rénover complètement cette demeure pour la mettre à mon image.

J’ai une certaine tendance à aller dans les extrêmes, ou devrais-je dire, j’avais cette tendance car avec les années, thérapie aidant, je me suis assagie et j’ai appris à reconnaître les signes du mal-être qui me faisait agir si intensément. Je sais, par contre, que je ne deviendrai jamais une personne neutre et calme en toute circonstance puisque ce n’est pas ma couleur. Je demeurerai toujours assez active et allumée et aurai toujours cette possibilité de changer de cap, de rebondir et de sauter à pieds joints dans une nouvelle aventure, sans m’attarder à la peur qui pourrait me paralyser.

Mais ce matin, la nostalgie des années d’études m’a ramené des années en arrière. Je me souviens de l’insouciance de cette belle époque quand, armée d’un sac à dos et des fournitures scolaires de mises, je me rendais à l’école en marchant, sans réfléchir aux risques et préoccupations de la vie. J’étais cette jeune fille angoissée, dans un élément commun et rassurant, dans cette petite ville des Laurentides qui me servait de cocon. Je n’avais aucune idée de ce que la vie me réservait, et je n’arrivais pas à me projeter dans un métier, dans un lieu ou dans un clan quelconque.

J’ai plongé dans la vie d’adulte très vite, désirant découvrir le monde et sortir de ma zone de confort, me confronter à la réalité. Je suis venue à Montréal, j’ai pris un appartement avant même que ma colocataire de l’époque ne reçoive sa réponse d’université, j’avais confiance en la vie sans m’en rendre compte et j’avais cette soif de vivre et d’apprendre qui me tenaillait. J’ai suivi mon instinct et choisi une route peu fréquentée qui, à l’époque, a dû faire faire des cauchemars à mon paternel qui se réjouissait que je suive ses traces sur le chemin de l’enseignement. Mais l’appel de la nouveauté a gagné et c’est en multimédia que j’ai atterri, ayant cette facilité avec les ordinateurs.

Aujourd’hui, 17 ans plus tard, je me demande encore comment j’ai fait pour prendre ce cette tangente si facilement et je sais que j’avais envie d’autre chose que la facilité et le chemin tracé pour moi. Que voulez-vous, je ne me suis jamais sentie à l’aise dans un moule…

En entendant ces enfants rigoler dans la cour d’école, je me demande ce que l’avenir leur réserve, où la vie les mènera. Je leur souhaite de trouver leur voie mais surtout de s’écouter et d’être capable de sentir dans leur ventre ce qui les allume et ce qui les angoisse. Peu importe nos choix dans la vie, le plus important, c’est de les faire pour nous, en fonction de nos valeurs et nos envies. C’est un des plus beaux apprentissages qu’on peut transmettre à la jeune génération. Et ce n’est pas obligatoire de prendre le chemin facile et asphalté. Parfois, les petits sentiers sont les plus propices aux découvertes enrichissantes!

 

Photo : Unsplash | André Branco

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