Être, consciemment

Swaraj Tiwari

Vous rappelez-vous comment on vivait il y a 20 ans? Avant l’Internet au bout des doigts, avant les réseaux sociaux, le cellulaire constamment allumé, la télévision sur demande, les pertes de temps sur Youtube et Facebook… Parfois, on dirait que c’est impossible à imaginer, que ça a toujours existé, depuis le début de l’humanité. Et pourtant…

Pourtant, l’humanité a déjà beaucoup plus communiqué, beaucoup plus échangé en vrai, concrètement. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne se parle que via un écran, que ce soit par SMS, Messenger, Facetime quand ils ne sont pas trop timides et assez techno. On ne compte plus le nombre d’accidents causés par l’utilisation du cellulaire au volant, le nombre de distractions sur les trottoirs et dans des lieux publics. Vous regardez la foule dans le métro et tout le monde a le cou penché et le visage éclairé d’une teinte bleutée.

C’est triste mais en même temps, ça fait partie de l’époque. On peut pester et être en colère mais on peut aussi y réfléchir et se discipliner, être un peu à contre-courant. Lire un vrai livre au papier usé, admirer les paysages au volant, regarder les édifices quand on marche sur la rue. Et surtout, écouter, pleinement et consciemment, notre interlocuteur au lieu de se laisser distraire par les alertes sur notre téléphone. Je crois que c’est le volet qui m’agace le plus. Parler à quelqu’un qui se laisse interrompre dans sa concentration par ce foutu appareil. Et dire qu’il ne se considère pas comme esclave mais c’est que ce message est vraiment important…

Vraiment?

Qu’aurait fait cette personne il y a 20 ans? Rien. Elle n’aurait rien fait d’autre que d’écouter en savourant son café n’étant absolument pas au courant que quelque chose se déroulait pendant qu’elle était là, dans le moment présent. Ce fameux moment présent dont on vante les mérites comme s’il s’agissait d’un ultime but à atteindre alors qu’on ne fait que s’en éloigner avec tous nos gadgets perturbateurs.

Le moment présent, c’est non seulement être ici et maintenant mais c’est le vouloir. C’est être désireux de quitter ce monde virtuel, de ne pas se préoccuper de ce qui se déroule dans la blogosphère, dans ce monde imperceptible mais si imprégné dans nos vies. C’est être là, avec le vent, le bruit, la vie qui se déroule autour de nous. C’est sentir l’air entrer dans ses poumons quand on inspire et sortir, chaud, de nos narines, quand on expire.

C’est quand la dernière fois où vous avez porté attention à votre respiration? À votre corps, à ses tensions, à votre posture, à votre peau, vos cheveux, vos orteils… À votre corps tout entier dans ce monde, sur cette terre, à votre esprit que vous libéré de toute pensée…

Et si, au lieu de lire un énième post Facebook ce soir, vous preniez quelques minutes pour vous sentir dans ce monde, pour prendre conscience de votre corps, de votre souffle, de votre être… Mon petit doigt me dit que vous passerez une meilleure nuit. Je dis ça comme ça…

 

Photo : Unsplash | Swaraj Tiwari

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