Entretenir son karma?

Jon Tyson

Dernièrement, en flânant sur le web (lire en perdant du temps parce qu’il mouillait des cordes dehors), mon regard a été attiré par un article pour le moins étrange et au titre surprenant : Nous vivons en ce moment une épuration karmique. Je ne mettrai pas le lien ici, volontairement, parce que cette source peu crédible et complètement farfelue ne me semble pas mériter de visibilité mais si vous êtes curieux, une petite recherche dans notre ami Google vous permettra assurément de trouver la source…

Le sujet, donc, se veut fortement ésotérique et grandement orienté à la déculpabilisation ce qui en soi n’est pas mauvais. Mais l’intensité concernant la part de l’univers dans ce qui se passe dans nos vies m’a semblé un brin exagérée. Je peux concevoir que des « phases » se succèdent et se chevauchent dans le grand mouvement de la vie et que oui, je suis la première à le dire, on a une route, on a une destinée. Je crois fermement qu’on a une certaine mission, on rôle à jouer et que, quand on trouve cela, on se sent réellement sur son X.

Mais cela étant dit, quand je lis ce type de déclaration du genre « libérer le cheminement de votre âme », j’ai toujours un petit doute. Jojo Savard m’a peut-être traumatisé mais je pense que foncièrement, au-delà des influences qui nous entourent, il y a nous, notre pouvoir sur notre vie et notre capacité à changer le cours des choses.

J’ai un peu de difficulté avec cette tendance à vouloir prôner la responsabilité de l’univers sur notre vie, comme si on était victime d’un bourreau cosmique. Oui, par moment, on dirait que la vie s’acharne sur nous et que toutes les mauvaises nouvelles nous parviennent dans la même période. Je suis d’accord qu’à ce stade, on se sent un peu pris dans une spirale négative, sentiment tout à fait compréhensible. Mais si on reste assis là et qu’on se dit que c’est notre karma, il y a fort à parier que les choses ne s’amélioreront pas.

J’ai toujours eu pour principe qu’on doit tenter quelque chose, peu importe quoi, quand on sent qu’on n’est pas bien. C’est dans les tentatives et l’expérimentation qu’on peut trouver une piste de solution ou du moins la raison de cette phase moins réjouissante. Des fois, c’est aussi banale que de changer sa routine de vie ne serait-ce que pour brasser les cartes un peu. Dans d’autres cas, ça prend un choc plus drastique pour se remettre en selle. Que ce soit changer de ville ou d’emploi, seule la personne elle-même sait au fond ce qui déclenchera la spirale positive.

Mais rester la tête dans le sable, se voiler la face devant l’évidence, c’est en quelque sorte dire à ce fameux univers qu’on ne mérite même pas que les choses changent. Je sais, ça peut avoir l’air radical mais, pensez-y. Si vous-mêmes vous ne faites rien pour améliorer votre sort, comment la vie, l’univers ou une quelconque force intersidérale pourrait bien vous sortir de ce merdier…

Je me souviens de mon année 2012 comme si c’était hier : prise dans une relation amoureuse inconfortable, habitant loin de mon monde et voyageant beaucoup pour me rendre au travail, un emploi qui ne me comblait pas… Et tout à coup, mon père tombe malade et décède au bout de quelques semaines… En à peine quelques mois, je me suis séparée, j’ai vendu ma maison, quitté mon emploi, perdu mon père et acheté une nouvelle maison.

J’ai eu besoin de quelques temps pour me retrouver, m’enraciner à nouveau, soigner ma peine et me remettre sur pied. Mais malgré la fatalité, j’ai continué d’avancer car je savais que de m’enfermer dans mon malheur n’aurait en rien arrangé ma cause.

Ce n’est pas toujours facile de bouger, de mettre un pied devant l’autre quand on a un vent de face qui pince, quand tout nous semble noir autour. Mais justement, si on reste dans le noir, on ne risque pas de trouver la lumière…

C’est mon humble avis, mon grain de sel dans cet univers parfois farfelu concernant notre destin et cet article ésotérique m’a fait réfléchir sur ma propre vision de tout cela. Je crois qu’on a tous et toutes notre regard personnel sur tout cela et l’important c’est de se respecter et surtout de s’écouter. Car je crois qu’on a tous la capacité de savoir ce qui est bon pour nous. Au bout du compte, que vous croyiez aux grigris, aux écrits sacrés ou à une force supérieure, l’important, c’est que vous croyez aussi en vous.

 

Photo : Unsplash | Jon Tyson

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