Maîtriser l’art des mots

Brigitte Tohm

Est-ce que vous écrivez? Je veux dire, prenez-vous encore le temps d’écrire à la main, sur du papier ou si vous êtes passez au 100% numérique? Je ne sais pas pourquoi mais j’y pense souvent… Grosse question existentielle me direz-vous. Je sais, j’ai le sens des priorités côté enjeux nationaux 😉

Mais la question vaut la peine d’être posée. Comme je suis des cours universitaires de perfectionnement de la langue française actuellement, je dois écrire beaucoup plus qu’avant. J’ai même des dictées! Et quand je regarde ma calligraphie, je réalise qu’avec l’ordinateur comme outil au quotidien, on perd la faculté de bien écrire. Et j’ai tendance à penser que l’acte de tracer des lettres avec sa main, ça fait un effet différent sur le cerveau que de taper sur un clavier. Je suis peut-être complètement dans les patates mais, personnellement, quand je rédige manuellement, je retiens mieux l’information.

Je fais encore mes listes d’épicerie sur du papier, en 2018. J’ai beau travailler dans le Web, je ne me résous pas à devoir sortir mon iPhone à l’épicerie pour parcourir les rangées et me procurer les aliments dont j’ai besoin. Ce n’est peut-être pas totalement écologique, quoique je me fais un devoir d’utiliser au maximum toute feuille de papier et de la recycler une fois saturée, mais c’est plutôt sain à 9et pour) mes yeux. Avoir toujours recours à un écran, ça me dérange.

Aussi, quand quelque chose me tracasse, quand j’ai besoin de peser le pour et le contre, quand je ressens la nécessité de me défouler par les mots, le papier n’a pas son égal. Je dois avoir environ vingt cahiers de notes répartis dans les pièces de ma maison pour les pensées soudaines, les listes, les réflexions et les projets. Et j’aime cet éparpillement de mots dispersés dans plusieurs carnets, comme si je semais et que je ne prenais pas le contrôle. Une forme de lâcher-prise ou plutôt d’abandon total.

Écrire procure un soulagement, un bien-être même, et représente bien souvent un exutoire très libérateur. Coucher sur papier ses plus profondes angoisses les rend un peu moins étouffantes, permet un certain recul et entraîne une réflexion plus flegmatique. Se relire plus tard peut aussi être assez distrayant, surtout quand on retombe sur de vieux cahiers d’adolescence, époque où les tourments étaient beaucoup plus futiles.

Je crois que je ne pourrai jamais me résoudre à laisser tomber l’écriture manuelle, l’achat de beaux cahiers et l’expulsion de mes pensées par cette méthode. Tout comme j’ai de la difficulté à m’habituer au livre numérique, autrement que pour le voyage. J’aime le contact avec le papier, avec la matière et la richesse des écrits me parait être mise plus en lumière, en valeur, avec ce médium.

On me considérera peut-être comme un dinosaure, déjà, même si je n’ai pas encore quarante ans. Mais je m’assume et j’accepte d’être de cette époque presque révolue où le papier occupait une grande place dans nos vies. La Presse n’est peut-être plus imprimée et je me suis convertie au numérique dans ce cas avec grand plaisir, mais pour le reste, je m’accroche.

Je nous souhaite de belles réflexions, des moments de bonheur et du calme mental pour cette année car avec tout ce qui se brasse dans le monde, la paix est vivement souhaitée. Et de se sortir de la tête ce qui nous tourmente aide à prendre le pouls et à voir plus clair. Et si ça ne suffit pas, je vous conseille de sortir prendre l’air. Deux solutions assez efficaces et faciles d’accès. On aime ça de même, non?

 

Photo : Unsplash |  Brigitte Tohm

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