Bien vivre avec la solitude

Clem Onojeghuo

J’ai eu récemment des discussions très intéressantes sur la solitude. Pour certaines personnes, il n’y a rien de positif dans le fait d’être seul et que la solitude soit imposée plutôt que choisie génère des réactions totalement distinctes. Apprivoiser la solitude peut représenter un défi dans certains contextes et je conçois tout à fait qu’il peut être effrayant voir déprimant pour certains d’accepter cet état. Mais, par expérience, après avoir passé le stade de la peur, on peut apprendre aisément à s’en réjouir pour peu qu’on soit en mesure de briser l’isolement.

Il y a une grosse différence entre les deux : la solitude n’est que l’état de quelqu’un qui est seul alors que l’isolement relève plutôt d’une certaine forme de séparation, d’un manque de contact avec l’extérieur. Pendant longtemps, je vivais de l’isolement que m’imposait mon anxiété et je cohabitais donc mal avec la solitude. Toutefois, en apprenant à avoir confiance en moi, en m’ouvrant aux autres, à la vie et aux opportunités, j’ai brisé cet isolement pour ainsi choisir les moments où j’étais accompagnée versus ceux où j’étais seule. Et grâce à cela, j’ai pu apprécier ces instants de calme et de réflexion qui me permettaient de m’enraciner et de me déposer.

Quand on a été habitué pendant des années à vivre avec quelqu’un et que, du jour au lendemain, sans que ce soit notre choix, on se retrouve seul, le vide ressenti doit être très troublant et déstabilisant. J’avoue que je n’ai jamais vécu ce genre de situation puisqu’en général, j’ai quitté au lieu d’être quittée. Mais je peux très bien comprendre la difficulté à accepter et à intégrer cette nouvelle situation.

Je crois par contre que tout le monde peut apprendre à bien vivre dans la solitude en autant que cette personne ait un réseau, un entourage, de la famille et des amis qui viennent sporadiquement occuper des moments. Partager ses joies et ses peines est primordial pour un bon équilibre de vie et c’est ce que j’ai appris avec les années. Les moments où je me retrouve seule chez-moi, où j’écoute de la musique, je cuisine, je lis, je flâne, ces moments me permettent de mieux me connaître et apprivoiser mes craintes, sans être stimulée ou divertie.

Quand je ressens le besoin d’échanger avec les autres, je m’ouvre, je demande. Ça m’a pris du temps avant de comprendre ce principe mais aujourd’hui, je sais que ce n’est pas un signe de faiblesse que de demander d’avoir de la compagnie. C’est plutôt, selon moi, un signe d’intelligence. L’être humain est un être de relation et a besoin de partager pour être bien. Trop s’isoler, c’est aussi éviter d’être confronté alors je ne crois pas qu’on évolue bien dans un milieu trop cloisonné.

Bref, je crois qu’on a tous avantage à apprendre à bien vivre la solitude et qu’il faut, par moment, se l’imposer. C’est souvent dans ces périodes que l’on approfondit ses réflexions, qu’on intègre et qu’on ressent, sans jugement. Si on passe son temps à être étourdi par tout et n’importe quoi, on peut vite finir par se perdre. Et la solitude peut nous paraître comme une zone sombre tant elle est inconnue et loin de notre réalité.

En terminant, je dirais que la solitude doit être assumée et que si vous ressentez qu’elle prend trop de place, c’est là qu’il faut agir et se questionner. Tout est une question d’équilibre et il n’y a rien de mal à sortir seul pour s’ouvrir aux autres. C’est souvent quand on sort en solo que les autres viennent plus vers nous car ils ne brisent pas la bulle d’un groupe d’amis ou d’un couple. Je peux vous garantir qu’à chaque fois que je décide de sortir dans un restaurant pour manger seule, il se trouve toujours quelqu’un qui vient me parler et qui, souvent, est dans la même situation que moi. Il faut simplement oser aller au-delà de nos préjugés et sortir de sa zone de confort, encore une fois…

 

Photo : Unsplash | Clem Onojeghuo

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